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du 28 au 30 mai 2006 (semaine 21)
 

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2006-05-30 -
L'ÉVANGILE DE JUDAS.

L'Evangile de Judas, dont le récent décryptage a fait grand bruit, n'est pas une nouveauté puisqu'il était déjà connu à Lyon à la fin du 2ème siècle. Mais qui connaît l'histoire de l'Église et des premières difficultés qu'elle connût avec la "gnose" ?

Révélé par le National Geographic en avril dernier, ce texte, qualifié d'hérétique par saint Irénée, premier évêque de Lyon à la fin du 2ème siècle, n'apporte pas de nouveaux éclaircissements sur l'énigme de Judas.
Découvert à la fin des années 1970 en Egypte, ce codex, longtemps objet de négociations financières inabouties, est demeuré inaccessible pendant plusieurs décennies, séjournant notamment plus de seize ans dans le coffre d'une banque.

Il fut finalement acquis par la Fondation Maecenas, qui en a confié la traduction au professeur retraité et coptologue suisse Rodolphe Kasser. Directeur de l'Institut romand des sciences bibliques à l'Université de Lausanne, Jean-Daniel Kaestli explique ce que l'on peut réellement attendre de ce texte apocryphe.

Ce manuscrit copte provient d'Egypte et contient également trois autres textes. Il date de la fin du IIIe siècle ou du début du 4ème siècle. Il n'y a évidemment pas d'auteur précis identifié, ce qui n'a rien d'exceptionnel pour un texte apocryphe. Mais sa parenté avec d'autres textes déjà connus permet de dire qu'il a été rédigé dans un milieu gnostique.

Sous ce terme de gnose l'on
regroupe un ensemble de doctrines, parfois assez diverses. Il existe à la fois un gnosticisme préchrétien dont on a retrouvé des textes à Nag Hammadi en Egypte et un gnosticisme qui est entré en combinaison avec le christianisme.

Il s'agit d'une conception de l'homme et du monde qui oppose de manière radicale le monde d'en Haut, celui du Dieu véritable, révélé par la venue du Christ, et le monde d'en Bas, matériel, qui tire son origine d'un Dieu inférieur, le démiurge, aveugle et ignorant, qui ne peut créer que des créatures imparfaites. Cette conception se retrouve d'ailleurs très clairement exposée dans les 25 pages de l'Evangile de Judas.

S'il n'avait pas porté ce titre, il serait probablement passé relativement inaperçu. Il y a de plus eu une orchestration médiatique qui a contribué à créer l'événement autour de la publication de ce texte. Néanmoins, il est intéressant pour la connaissance des doctrines gnostiques du 2ème siècle.

En fait
ce texte ne fournit aucune donnée historique permettant de connaître mieux les derniers jours de Jésus et le rôle de Judas. Dans les Evangiles canoniques, certains éléments historiques avérés résistent à la critique historique. Ce n'est pas le cas ici. Nous sommes en présence d'un discours de révélation, d'un développement purement «légendaire», qui propose une interprétation complètement différente de l'acte de Judas, seul apte - dans la perspective gnostique - à comprendre l'enseignement du Christ. Cela dit, certains récits canoniques présentent, à mon sens, cette même caractéristique «légendaire», comme le récit de la mort de Judas dans l'Evangile de Matthieu.

Alors que faire de cet Evangile de Judas? Quelle signification peut-il avoir pour le «simple chrétien», non historien? Il nous ramène à l'énigme «Judas», à s'interroger sur les raisons qui ont poussé Judas à participer à l'arrestation de Jésus. C'est l'intérêt de l'interprétation gnostique de l'acte de Judas : elle fait de lui un instrument de la volonté divine et prolonge ainsi, d'une certaine manière, l'interprétation déjà proposée par l'Evangile de Marc, mais non pas selon les conclusions de cet évangile gnostique. (source : Protestinfo)

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