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du 20 au 27 août 2006 (semaine 34)
 

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2006-08-27 -
ENTRE L'ÉVANGILE ET LA DIPLOMATIE.

"C'est aux politiques de trouver les chemins menant le plus rapidement possible, et surtout durablement" à la paix" a déclaré le pape le 13 août. "Le vrai chemin de la paix est spirituel plus que politique", déclare le cardinal Etchegaray au retour du Liban.

Le cardinal Etchegaray avait été envoyé par le pape au Proche-Orient pour analyser en son nom la situation. A son retour, ils s'en étaient tous deux longuement entretenus au cours d'un déjeuner que l'on peut appeler "un déjeuner d'affaire". La déclaration du cardinal prend donc un sens tout particulier.

Pour de nombreux vaticanistes Benoît XVI privilégie en effet la spiritualité sur la diplomatie... un autre style. "Plus d'Evangile, moins de diplomatie, c'est la nouvelle ligne de Benoît XVI", analyse Sandro Magister dans l'hebdomadaire italien L'Espresso. Sandro Magister est tout particulièrement connu pas ses prises de position sur son site : www.chiesa.it, qui fait autorité dans les milieux bien informés.

Mais Sandro Magister n'y voit pas un signe de faiblesse, mais une "remise en ordre" de ce qu'est le rôle fondamental de l'Église. "Ce qui apparaît aux yeux de nombreux observateurs comme un signe de faiblesse, Benoît XVI le renverse en une affirmation de la vocation particulière de l'Eglise".

L'
expérience du cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI, sa personnalité tout autant que ses convictions ne le poussent à descendre dans l'arène politique.

Le 20 août, alors que la future force de l'ONU au Liban prévue par la résolution 1701 du conseil de sécurité ne parvenait toujours pas à être mise sur pied, Benoît XVI a surpris en consacrant son message dominical à une mise en garde contre les dangers d'une activité excessive. L'activisme "conduit souvent à la dureté de coeur", a-t-il averti, et la mise en garde vaut aussi "pour les papes" et "ceux qui dirigent l'Eglise".

"Cette attitude tranche avec l'activisme de son prédécesseur Jean Paul II", n'hésite pas à dire Sandro Magister, qui la commente d'ailleurs sur son site internet. Benoît XVI veut ainsi avoir une audience plus conforme à ce qu'est la mission de l'Église auprès de l'ensemble des acteurs de la géo-politique.

Avant le déclenchement de la guerre en Irak en 2003, Jean Paul II avait multiplié consultations et rencontres, transformant le Vatican en antichambre de la diplomatie mondiale. Il avait dépêché à Bagdad le cardinal français Roger Etchegaray pour tenter de convaincre Saddam Hussein de se plier aux exigences internationales.

Or t
rois ans plus tard, c'est le même cardinal Etchegaray qui a été envoyé du 14 au 16 août en mission au Liban par Benoît XVI. "Le vrai chemin de la paix est spirituel plus que politique", a publiquement déclaré le cardinal à son retour au nom du pape, à l'issue de ses rencontres avec les principaux acteurs politiques de la scène libanaise et les dirigeants religieux.

Ce retrait d'un certain "activisme", le pape le met en pratique dans d'autres domaines.
Il a réduit le rythme des audiences privées instauré par son prédécesseur, décidant notamment de ne recevoir que les chefs d'Etat et de gouvernement, et non plus tous les ministres qui demandent à être reçus. Il a même limité ses rencontres avec les nonces apostoliques, les ambassadeurs du Saint-Siège lors de leur passage au Vatican.

Pour Sandro Magister, ce n'est pas un recul, c'est une vision plus réaliste de l'échelle des valeurs. (source : www.chiesa)

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