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FlashPress - Infocatho
du 1 au 3 septembre 2006 (semaine 35)
 

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2006-09-03 - Roumanie
DIEU SEUL PEUT ET DOIT JUGER L'ÉGLISE .

L'ouverture des archives de la Securitate, qui révéle la collaboration avec les services secrets communistes de plusieurs hommes politiques , inquiète aussi le clergé, certains prêtres étant soupçonnés d'avoir "signé un pacte avec le diable".

Lancée la semaine dernière par le ministre de la Culture Adrian Iorgulescu, l'idée de démasquer les prêtres informateurs de l'ancienne police politique a aussitôt suscité un tollé, des religieux comme des laïcs estimant qu'il s'agissait d'un "blasphème" contre l'Eglise orthodoxe, majoritaire en Roumanie. Mais les avis sont partagés.

Pour Cazimir Ionescu, membre du Conseil d'étude des archives de la Securitate (CNSAS), dévoiler les noms des prêtres collaborateurs aboutirait à décrédibiliser la "dernière institution à laquelle font encore confiance les Roumains". "Dieu seul peut et doit juger l'Eglise", a-t-il déclaré.

Même son de cloche chez le patriarche Teoctist, selon lequel "il appartient à l'Eglise, et non pas au monde politique, de porter jugement sur les actions des prêtres". Le synode orthodoxe, dit-il, "s'est déclaré dès 2001 en faveur de l'ouverture des archives de la Securitate". Par contre, Le métropolite du Banat à Timisoara, Nicolae Corneanu, une figure très respectée de l'Eglise orthodoxe qui a eu le courage d'avouer aussitôt après la révolution de 1989 avoir collaboré avec la Securitate, s'est quant à lui félicité de la décision de rendre publics les dossiers des prêtres.

Nombre d'analystes et d'historiens rappellent toutefois que l'Eglise orthodoxe a tout fait pour mettre les religieux à l'abri de toute révélation embarrassante issue de ces dossiers.

Le patriarche a lui-même été accusé ces derniers temps d'avoir été un collaborateur de la Securitate, ce qu'il a toujours nié. On lui reproche également son mutisme devant les destructions d'églises ordonnées dans les années 1980 par Nicolae Ceausescu ainsi que la "lettre de soutien" qu'il avait envoyée à l'ancien dictateur au moment de la répression du soulèvement anti-communiste de Timisoara, en décembre 1989.

Les catholiques se sont pour leur part déclarés "d'accord" avec l'idée de rendre publics les liens entre le clergé et la police politique, une démarche qui "fera également la lumière sur les souffrances" dont ont été victimes nombre de croyants et de prêtres catholiques sous le régime communiste. Mais, s'est insurgé un porte-parole de l'Eglise catholique, "dire que les prêtres ont trahi le saint secret de la confession, cela est hallucinant et jette une ombre inacceptable sur notre foi".

Le ministre de la Culture, M. Iorgulescu, estime quant à lui : "mon initative vise à renforcer le prestige de l'Eglise, une institution qui jouit de la confiance d'une grande majorité de la société roumaine, mais qui doit passer elle aussi par ce purgatoire"..."Ces gens ont transigé avec leur propre conscience et avec leur mission spirituelle", a martelé le ministre.

Le président Traian Basescu, qui a fait pression depuis le début de son mandat en faveur de l'ouverture des archives, a toutefois appelé à la "modération" lorsqu'on évoque la collaboration des prêtres avec la Securitate.

Tout en nuançant les responsabilités :
"Sous le régime communiste, lorsque l'athéisme était devenu politique d'Etat, les cultes ont dû survivre", a-t-il déclaré, laissant entendre que le clergé avait été contraint à des compromissions afin de pouvoir poursuivre sa mission." (information : Orthodoxie)


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