Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 14 au 17 septembre 2006 (semaine 37)
 

-
2006-09-17 -
LE VATICAN PRÉCISE L'INTERVENTION DU PAPE.

Devant les conséquences de la déclaration de Benoît XVI sur l'Islam à l'Université de Ratisbonne, la Salle de presse a fait une première mise au point, complétée par les précisions apportées par le cardinal Bertone, Secrétaire d'État du Saint Siège.

Le jeudi 14 septembre, le P. Federico Lombardi, Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, a fait la déclaration suivante :

"En référence aux réactions de divers responsables musulmans quant à certains passages du discours prononcé par le Saint-Père le 12 septembre à l'Université de Ratisbonne, et comme cela ressort d'une lecture attentive du texte, il convient de préciser que son soucis consiste en un refus clair et radical de toute motivation religieuse de la violence".
 
  "Il n'était donc pas dans les intentions du Pape de développer une étude approfondie sur le Jihad et la pensée musulmane s'y rapportant, et encore moins de porter offense à la sensibilité des musulmans".
 
  "Tout au contraire, on note dans les discours du Saint-Père une mise en garde faite à la culture occidentale d'éviter 'le mépris de Dieu et le cynisme, qui considère le rejet du sacré comme un droit délibéré' (discours du 10 septembre). Il indique également la juste dimension du religieux, qui est la condition à tout dialogue constructif entre les cultures et les religions. Dans la conclusion de son discours de Ratisbonne, Benoît XVI a déclaré: 'Les cultures profondément religieuses voient dans cette exclusion du divin de l'universalité de la raison une attaque à ses plus profondes convictions. Toute raison qui reste sourde au divin et relègue la religion dans la sphère strictement privée, est incapable de participer au dialogue inter-culturel'".
 
  "Il est donc clair que le Saint-Père a la volonté de respecter et de dialoguer avec les autres religions et toutes les cultures, avec l'Islam tout particulièrement".

Samedi après-midi, 16 septembre, le Secrétaire d'Etat du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone a donné les éclaircissements demandés par de nombreux responsables musulmans.

"Face aux réactions de la part des musulmans concernant certains passages du discours du Saint-Père Benoît XVI à l’Université de Ratisbonne, aux éclaircissements et précisions déjà apportés par le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège je désire ajouter ce qui suit :

"- La position du pape sur l’islam est sans équivoque exprimée dans le document conciliaire Nostra Aetate : « L'Eglise regarde avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, créateur du ciel et de ta terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent aussi  à se soumettre de tout leur coeur aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'y est soumis Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers.

Bien qu'ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent pour autant comme prophète; ils honorent sa mère la Vierge Marie, et même l'invoquent avec piété. En outre, ils attendent le jour du jugement quand  Dieu récompensera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l'aumône et le jeûne (n. 3)

"- L’option du pape en faveur du dialogue interreligieux et interculturel est tout aussi claire. Au cours de sa rencontre avec les représentants de plusieurs communautés musulmanes à Cologne, le 20 août 2005, il a déclaré que ce dialogue entre chrétiens et musulmans « ne peut pas se réduire à un choix passager », ajoutant : « Les leçons du passé doivent nous servir à éviter de répéter les mêmes erreurs. Nous voulons rechercher les voies de la réconciliation et apprendre à vivre en respectant chacun l'identité de l'autre ».

"- Quant au jugement de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue, qu’il cite dans le discours de Ratisbonne, le Saint-Père n’avait et n’a absolument pas l’intention de le faire sien. Il l’a simplement utilisé comme occasion pour développer, dans un contexte universitaire et selon le résultat d’une lecture complète et attentive du texte, quelques réflexions sur le thème du rapport entre religion et violence en général, et pour conclure par un refus clair et radical de la motivation religieuse de la violence, d’où qu’elle vienne.

"Il est opportun de rappeler à cet égard comme Benoît XVI lui-même l’a récemment affirmé dans le Message commémoratif du XXe anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix voulue par son bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II à Assise en octobre 1986 : Les « manifestations de violence ne peuvent pas être attribuées à la religion en tant que telle, mais aux limites culturelles dans lesquelles elle est vécue et se développe dans le temps. … De fait, des témoignages du lien intime qui existe entre le rapport avec Dieu et l'éthique de l'amour existent dans toutes les grandes traditions religieuses ».

"Le Saint-Père regrette par conséquent vivement que certains passages de son discours aient pu paraître offensants pour la sensibilité des croyants musulmans et qu’ils aient été interprétés d’une manière qui ne correspondait absolument pas à ses intentions. D’autre part, face à la fervente religiosité des croyants musulmans, il a mis en garde la culture occidentale sécularisée, afin qu’elle évite « le mépris de Dieu et le cynisme qui considère la dérision du sacré comme un droit de la liberté ».

En réaffirmant son respect et son estime pour ceux qui professent l’Islam, il forme le vœu qu’on les aide à comprendre dans leur juste sens ses paroles, afin que, ce moment difficile rapidement surmonté, se renforce le témoignage au « Dieu Un, vivant et subsistant, créateur du ciel et de ta terre, qui a parlé aux hommes » et la collaboration pour « défendre et promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Nostra Aetate, n. 3). (source : VIS)

Retour aux dépêches