Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 14 au 17 septembre 2006 (semaine 37)
 

-
2006-09-17 -
DES PROPOS QUI NE DOIVENT PAS INTERROMPRE LE DIALOGUE.

L'Iran souhaite que les rapports entre religions ne soient pas détériorés, le recteur de la mosquée de Paris souhaite que soit renoué le dialogue et le président du Conseil européen de la Fatwa regretterait qu'il puisse être interrompu.

Les propos du pape sur l'islam et la guerre sainte sont "des interprétations politiques de la religion divine et nous les condamnons", a dit le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Mohammad Ali Hosseini, cité par l'agence officielle IRNA.

"Ses commentaires contredisent sa position de leader religieux d'une des religions divines et nous estimons qu'il s'agit d'une grande erreur", a ajouté ce porte-parole, appelant le pape à "reconsidérer rapidement ses propos et à les corriger pour pouvoir consolider les rapports entre les religions".

Le président démissionnaire du Conseil français du culte musulman (CFCM) Dalil Boubakeur a salué le samedi 16 la mise au point du Vatican sur les propos du pape Benoît XVI, estimant qu'elle répondait à sa demande d'une "clarification".

"Je salue cette déclaration avec optimisme pour la levée des malentendus", a déclaré à l'AFP M. Boubakeur, également recteur de la Mosquée de Paris.

"L'esprit de Vatican II semble maintenant être apparu dans la communication du Vatican concernant les musulmans. Un désir sincère de renouer le dialogue et le chemin fait ensemble depuis Jean Paul II semble à l'ordre du jour", a-t-il ajouté, soulignant que le Vatican l'avait contacté pour lui assurer "que le dialogue interreligieux serait maintenu".

Le Conseil pour les relations américano-musulmanes (CAIR) , l'un des deux conseils musulmans aux États-Unis, appelle dans un communiqué le vendredi15 au dialogue entre catholiques et musulmans après les propos "polémiques" du Pape.

"La réponse appropriée aux propos inexacts et polémiques du Pape est, pour les musulmans et les catholiques, de nouer un plus grand dialogue afin de construire de meilleures relations entre la chrétienté et l'islam", écrit l'organisation de défense des droits des musulmans.

"Cet épisode malheureux offre aux Chrétiens l'occasion d'en apprendre plus sur l'islam, le prophète Mahomet et le concept du jihad", estime encore l'organisation qui cite longuement le Coran pour contrecarrer les propos du pape qui ont provoqué une vague d'indignation dans le monde musulman.

Le CAIR a demandé à rencontrer le représentant du Vatican à Washington pour évoquer la controverse. "Continuons à mener les efforts interconfessionnels promus par le pape Jean-Paul II qui a fait de grands pas pour rapprocher musulmans et catholiques".

Tout en appelant au dialogue, le cheikh Al-Qaradawi demande au pape, ans un communiqué, de "présenter à la nation de l'islam des excuses après le préjudice causé". Il est à noter que Yûsuf Al-Qaradâwî est le président du Conseil Européen de la Fatwâ et de la Recherche ,Directeur du Centre de Recherches sur la Sunnah et la Sîrah à l’Université du Qatar et membre de la puissante confrérie des Frères musulmans.

"Le pape veut-il qu'on ferme les portes du dialogue et qu'on se prépare à de nouvelles croisades?", s'interroge-t-il. "Ce n'est pas la première fois que le pape actuel adopte une attitude négative à l'égard de l'islam et des musulmans. Nous appelons à la paix parce que notre religion nous y ordonne, mais si la guerre nous est imposée, nous la livrerons à contrecoeur",

Jean-Dominique Durand, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Lyon III et proche de la communauté Sant'Egidio, pense qu'"il ne s'agit absolument pas d'un texte politique mais d'un véritable cours sur le thème foi et raison, cher à Benoît XVI".

"En bon professeur, il donne des arguments, des exemples, pour nourrir la réflexion : il n'a absolument pas voulu attaquer l'islam", insiste M. Durand, dénonçant "un détournement politique d'un discours qui est une réflexion scientifique"."On ne peut absolument pas dire que le pape entende alimenter le conflit entre civilisations", poursuit-il, "au contraire, il a marqué une évolution certaine d'ouverture au dialogue interreligieux" dans son message le 4 septembre à une rencontre organisée par Sant'Egidio pour les vingt ans du sommet interreligieux d'Assise.

L'historien des religions, Odon Vallet, voudrait rapprocher le pape des courants politiques. "Il est incontestable qu'il y a une dimension politique dans la déclaration du pape même si elle est plus ou moins déguisée par un raisonnement théologique fort bien mené".

"Je pense que c'est fait exprès : c'est quelqu'un qui a toujours affirmé sa pensée, parfois brutalement, ce n'est pas un diplomate", poursuit-il. "Il prend une position nette et pas surprenante".(source : presse)

Retour aux dépêches