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du 14 au 17 septembre 2006 (semaine 37)
 

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2006-09-17 -
DES PROPOS QU'IL FAUT COMPRENDRE.

La chancelière allemande Angela Merkel a pris vendredi la défense de son compatriote, Benoît XVI, "Celui qui critique le pape méconnaît l'intention de son discours qui était d'inviter au dialogue entre les religions", a-t-elle affirmé au quotidien Bild.

"Le pape s'est clairement engagé en faveur de ce dialogue, que je soutiens également pour ma part, et que je considère comme nécessaire et urgent. Ce que Benoît XVI exprime nettement, c'est son refus résolu et sans compromission de tout emploi de la violence au nom de la religion".

Dans le Corriere della Sera de vendredi, le cardinal Paul Poupard, en charge du dialogue interreligieux au Vatican, a appelé "les amis musulmans de bonne volonté" à lire le discours du pape "en entier" avant de se prononcer. "Le grand professeur Joseph Ratzinger s'est livré à une leçon doctorale sur les rapport entre raison et foi", avait rappelé jeudi à l'AFP le cardinal Poupard.

Samedi sur RTL, il a répondu à la question :"Le pape doit-il s'excuser ?" " Il n'y a pas à s'excuser sur des propos erronés qui ne sont pas exactement les siens et qu'on lui prête sans qu'il les ait prononcés."

Vendredi, l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a ramené les paroles de Benoît XVI au contexte qui les explique faisant remarquer que les propos sur l'islam du pape s'inscrivaient dans un débat universitaire sur la foi et la raison et servaient simplement à l'illustrer.

"Déduire de là que le propos du pape était de porter un jugement sur l'islam, c'est réduire l'intérêt des débats universitaires et la liberté d'expression caractéristique de l'université en quelque chose qui ne va pas très loin", a déclaré Mgr Vingt-Trois sur Radio Notre-Dame. "Il s'agissait d'une séance académique d'université à Ratisbonne et d'une réflexion assez méthodique sur un point qui marque évidemment très profondément l'évolution de la situation de la foi chrétienne dans le monde d'aujourd'hui, qui est le rapport entre la foi et la raison", a-t-il expliqué.

Vendredi également, l'évêque d'Evry, Mgr Michel Dubost, afait remarquer qu'"il y a eu un problème de communication" qui explique que les musulmans soient choqués.

"Je crois pouvoir dire que le pape est blessé d'avoir blessé des musulmans", a déclaré Mgr Dubost sur RTL. "Je pense que quand on a blessé quelqu'un, il faut toujours arriver à le dire, mais je pense que, sur le fond, la plupart des musulmans seront complètement d'accord avec lui : la foi ne s'impose ni par la force ni par la violence ".

"Je comprends qu'ils soient d'une extrême sensibilité parce qu'il est clair qu'aujourd'hui beaucoup de gens considèrent que les musulmans sont dangereux, ce qui n'est pas le cas pour l'immense majorité d'entre eux qui ne sont pas islamistes", a-t-il ajouté.

"Il y a eu un problème de communication car ce qu'il a dit n'est pas ce qu'on lui a fait dire", a-t-il estimé. "Il a fait une réflexion adressée à des scientifiques (...) et son propos était de dire que la foi ne s'impose pas et qu'elle doit toujours passer par le truchement de la raison".

Le Père Justo Balda Lacunza, recteur de l'Institut pontifical d'études arabes et islamiques, à Rome, a également souligné que la question de l'islam "n'était pas au centre" du discours prononcé par le pape à l'université de Ratisbonne mardi."Le pape a dit que la violence ne vient pas de Dieu, et qu'il n'y a pas de violence possible quand raison et foi sont en harmonie", a expliqué le religieux.

"Il a exprimé la vision catholique de la foi et a posé des questions à l'islam", a-t-il ajouté. "Ce n'était pas de la méfiance, mais une interrogation sur la violence et les rapports entre foi et raison".

"Le problème, c'est que la foi musulmane est aujourd'hui kidnappée par les politiques et que l'homme moderne musulman, face au Coran, s'empêche de poser des questions...Il faut avoir le courage d'affronter la réalité. Il y a actuellement dans le monde musulman un problème de la violence au nom de la religion", a relevé le religieux, soulignant que "ce sont des musulmans eux-mêmes qui le disent".

Le théologien contestataire catholique suisse Hans Küng a affirmé vendredi avoir une "compréhension certaine" pour les musulmans qui se sont estimés offensés par les déclarations du pape Benoît XVI sur l'islam et la violence. "Le pape n'a sûrement pas voulu provoquer les musulmans et "il n'y a pas du tout intérêt", a-t-il affirmé à l'agence catholique de presse KNA.

M. Küng a cependant critiqué le pape qui a associé dans son discours, en évoquant le Jihad, la violence à l'islam, en regrettant que Benoît XVI n'ait pas fait mention de l'histoire violente du christianisme depuis le conversion de l'empereur Constantin.

Pour Hans Küng, ce discours "a plus nui qu'il n'a servi". Pour lui, le pape a certes eu raison de dire que la question de la nature de Dieu doit être au centre du dialogue entre les religions, et que la religion ne doit pas conduire à la violence. Mais son discours a manqué de sensibilité en étant "partial, et donc il ne sert pas". Il a toutefois salué la demande de Benoît XVI au président allemand de mieux intégrer les musulmans au sein de la société. (source : presse)

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