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du 27 septembre au 1 octobre 2006 (semaine 39)
 

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2006-10-01 -
LE DIALOGUE CATHOLIQUE ORTHODOXE PROGRESSE.

Pour la première fois depuis six ans, un sommet théologique s’est tenu entre l’Église  catholique et l’ensemble des Églises orthodoxes, dans un climat nouveau, un premier résultat qui est implicite, mais loin d’être négligeable. 

Que la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique catholique-orthodoxe se soit réunie à Belgrade du 18 au  24 septembre, qu’elle ait pu donner lieu à des discussions « courtoises et en même temps profondes », selon  les termes de l’un des participants, Mgr Roland Minnerath, est déjà en soi un « grand progrès », Ce qu'ont souligné le cardinal Walter Kasper,  coprésident de la commission et le métropolite Jean (Zizioulas) de Pergame.

Le  patriarche  œcuménique  Bartholomée Ier de Constantinople s’est réjoui,  que  les  discussions  théologiques  entre  catholiques et orthodoxes se placent sur le terrain de l’ecclésiologie, de la définition même de l’Église.

"L’essence même  de l’existence de l’Église sur la terre, sa  raison d’être comme son but : tout est  là, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse à une délégation de  l’Association des journalistes d’information religieuse (Ajir) en visite sur  place. Tout le reste est secondaire."

Le patriarche, qui bénéficie d’une  primauté d’honneur dans l’orthodoxie mondiale, espère que ce thème  central permettra un jour d’aborder  les questions épineuses entre catholiques et orthodoxes, dont la  primauté du pape de Rome :  « Nous sommes tout  à fait prêts à reconnaître à l’évêque de Rome la primauté qu’il avait avant la séparation".

Il s'est déclaré « surpris »  que  Benoît XVI ait renoncé au titre de patriarche  d’Occident : "Cela  nous donne l’impression que l’évêque de Rome veut accentuer son rôle de pontife universel avec une juridiction sur toute l’Église, et plus seulement sur le territoire canonique du patriarcat d’Occident", ce qu'il regretterait si c'est l'intention du pape.

Aux yeux du patriarche de Constantinople, le retour à la communion entre catholiques et orthodoxes passe par un retour au  "terrain commun de l’Église indivise du premier millénaire" : "Tout ce qui a été ajouté après la séparation des Églises peut et doit être reconsidéré», affirme ainsi Bartholomée Ier. Il ainsi en ligne de mire, les dogmes ajoutés par Rome aux XIXe et XXe siècles,  comme  l’Immaculée  Conception,  l’infaillibilité  pontificale  ou  l’Assomption.

"Si l’Église d’Occident peut convaincre des orthodoxes de la justification de ce qui a été ajouté,  tant mieux, explique-t-il. Sinon, tant pis : il faudra l’effacer." Ou, à tout le moins, le conserver pour la seule Église d’Occident.

Pour le patriarche de Constantinople, évoquer les sujets ecclésiologiques ne signifie pas renoncer aux questions qui fâchent.  Y  compris  l’uniatisme – ces Églises orientales,  notamment  en  Europe  centrale  (particulièrement en Ukraine), unies à Rome à partir du XVIe siècle et qui demeurent une blessure  pour l’orthodoxie. "Les catholiques  ont reconnu que l’uniatisme n’était  pas  une méthode pour  l’unité, se  réjouit  Bartholomée Ier.  Nous  insistons maintenant pour que Rome apporte une solution qui satisfasse les orthodoxes." Et de mettre en garde, avec des mots durs – plus  habituels de la part de Moscou que de  Constantinople  –,  contre « le  prosélytisme uniate à l’encontre des  orthodoxes ».

"Cette fois, le dialogue a pu retourner à son agenda théologique", se réjouit Mgr Johan Bonny, du Conseil pontifical pour l’unité. C’est ainsi que les participants ont repris un document, préparé en 1990, sur "les conséquences ecclésiologiques  et canoniques de la nature sacramentelle de l’Église". Il s’agit en fait de  la  question  de  l’équilibre  entre  les  deux  principes qui gouvernent l’Église : celui de l’autorité et  celui de la conciliarité. 

" Depuis  Vatican II,  l’Église catholique accepte en théorie cette notion  de conciliarité,  affirme  Mgr Minnerath. Mais nous avons  beaucoup à apprendre de l’Orient sur ce sujet." En réalité, constate  encore  l’archevêque de Dijon, "ce qui nous distingue, catholiques et  orthodoxes, c’est surtout l’application concrète de ce principe". Justement, l’intérêt du document de 1990,  fait observer Mgr Bonny, c’est qu’il se  place concrètement à trois niveaux :  local,  régional  et  universel :  « Au  plan régional, l’Église catholique n’a pasl’équivalent des synodes orthodoxes, mais dispose des conférences  épiscopales. Et au plan universel, il  n’existe pas de synode pour l’ensemble des Églises orthodoxes, alors que  nous avons une structure synodale  qui, même imparfaite, a le mérite d’exister."

S'il y eût affrontement lors de la discussion de cette question, l’affrontement n’est pas venu de discussions entre catholiques et orthodoxes, mais entre les orthodoxes eux-mêmes. Les  intervenants confient même avoir été surpris de la brutalité du différend  entre le patriarcat de Moscou et celui  de Constantinople.

Le problème ? Le  rôle du siège de Constantinople dans le fonctionnement de l’ensemble des  Églises orthodoxes, au sein desquelles lui est reconnue une primauté  d’honneur : pour Moscou, la communion avec le Patriarcat œcuménique ne saurait être une condition  indispensable à la « catholicité » de  l’Église orthodoxe, contrairement à ce qui se passe avec le siège de  Rome pour l’Église latine.

"L’évêque de Constantinople n’a jamais eu de rôle comparable à celui du pape, et le critère de catholicité dans l’Église orthodoxe est la communion eucharistique et canonique des Églises locales entre elles, et non pas exclusivement  avec la chaire de Constantinople," rappelle l’évêque Hilarion de Vienne, représentant de Moscou. Question controversée, mais stratégique pour  l’orthodoxie, que le cardinal Kasper  a promis de réexaminer à la réunion suivante en octobre 2007. (information : VIS- Orthodoxie)

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