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du 12 au 15 novembre 2006 (semaine 46)
 

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2006-11-15 -
LE PAPE RECOIT UN INTELLECTUEL MUSULMAN

En rencontrant Benoît XVI le 11 novembre pendant trente minutes, l’universitaire musulman Mustapha Chérif, philosophe algérien a pu aborder avec lui les trois points soulevés par le discours bavarois : la liberté religieuse, la violence, et la raison.

Ce militant militant du dialogue islamo-chrétienavait écrit à Benoît XVI lorsque celui-ci avait pris la décision, début 2006, de regrouper sous la même présidence du cardinal français Paul Poupard le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et celui de la culture. Il s’était alors inquiété de ce que l’islam soit relégué au rang de culture, alors qu’il s’agit d’une «religion révélée et universelle, proche du christianisme et du judaïsme, troisième rameau monothéiste» et, pour lui, «ultime étape de l’histoire du salut».

Il souhaitait donner le maximum de visibilité à cette rencontre, une visite privée comme le pape en reçoit parfois, et non signalée par la Salle de presse du Saint-Siège. Mustapha Chérif avait bien en tête cette «bataille mondiale» des images : «Il faut que le déclic médiatique se fasse, que l’on voie dans le monde entier qu’un intellectuel musulman peut discuter avec le pape», dit-il à la presse qui lui demandait le pourquoi d'une telle rencontre.

«Je lui ai dit que la vitalité de l’islam se fondait sur la base du témoignage libre, que l’islam rappelait que les êtres humains étaient libres et égaux, et que seul le degré de piété les différenciait», déclara-t-il à La Croix.

Sur la violence, Mustapha Chérif a expliqué au pape que l’islam codifiait de manière stricte la «guerre juste», ce qu’on appelle le «petit djihad», qui n’est donc pas la «guerre sainte». Il a ajouté que la majorité des musulmans désapprouvait «l’archaïsme religieux, l’intolérance, l’instrumentalisation de la religion par une minorité».

La raison n’est pas absente de l’islam, au contraire, a plaidé l’Algérien : «La révélation s’adresse à la raison pour l’éclairer, explique-t-il. S’interroger sur Dieu au moyen de la raison est un acte naturel en islam, lié à la prime nature de l’humain, la fitra

«Nous, musulmans, dit-il encore, nous voulons conserver ce lien entre le spirituel et le temporel à travers le politique, contrairement aux sociétés occidentales». C’est même, selon l’intellectuel algérien, une des différences entre catholiques et musulmans, qui fait «des musulmans les principaux résistants de la sortie de la religion du monde actuel».

L’incapacité actuelle de l’islam à s’autoréguler, l’archaïsme, voire l’inexistence, des instances internes de contrôle ou de représentativité ont également été mis en avant comme obstacles à ce dialogue.

C’est sans doute la limite de la démarche d’un honnête homme comme Mustapha Chérif : l’islam actuel ne semble plus accorder une reconnaissance, voire une légitimité aux intellectuels musulmans. Et la parole de ceux qui, comme le visiteur de Benoît XVI, veulent faire parler la raison, paraît bien peu entendue, y compris par les musulmans eux-mêmes.

En acceptant de recevoir Mustapha Chérif, Benoît XVI montre qu’il reste ouvert et disponible au dialogue avec les musulmans. L’islam est un sujet qui l’intéresse et dont il avait fait le thème de son premier séminaire estival de travail comme pape, en septembre 2005.

Mustapha Chérif a également rencontré lors d’une soirée-débat des intellectuels et des membres du corps diplomatique. (information : La Croix)

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