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du 29 novembre au 1 décembre 2006 (semaine 48)
 

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2006-12-01 - Turquie - 30 novembre
LA MÉDITATION VERS LA MECQUE A LA MOSQUÉE BLEUE

Le g
este exceptionnel de recueillement de Benoît XVI à la Mosquée Bleue a suscité de nombreux commentaires, n'a-t-il fait que méditer ? Pour le porte-parole du Vatican, "le pape s'est livré à une méditation, et certainement a adressé à Dieu sa pensée".

Benoît XVI s'est en effet recueilli en direction de La Mecque lors de sa visite de la Mosquée Bleue à Istanbul, un geste exceptionnel, d'autant que cette visite a fait de Benoît XVI le deuxième pape de l'Histoire à entrer dans un lieu de culte musulman, après Jean Paul II qui s'était rendu dans la mosquée des Omeyyades à Damas lors de sa visite en Syrie. en 2001.

Avant d'entrer dans l'édifice, accompagné du grand mufti d'Istanbul Mustafa Cagrici et de l'imam de la mosquée Emanullah Hatiboglu, qui l'ont fait visiter, le pape avait chaussé des babouches blanches. Après lui avoir expliqué comment les musulmans se recueillent devant le mihrab (niche de prière), le grand mufti a commencé à prier.

Les mains croisées, le chef de l'Eglise catholique s'est alors recueilli pendant quelques minutes en silence, tourné vers La Mecque, plus longuement d'ailleurs que le religieux musulman qui était à ses côtés, les yeux mi-clos, les lèvres en mouvement. Il s'est finalement légèrement incliné vers le kiblah. La prière du mufti avait duré quelques secondes et s'est achevée par le geste caractéristique de se passer les mains sur le visage qui conclut la prière musulmane.
Le pape a poursuivi encore de longues secondes sa méditation.

En revanche il ne s'est pas agenouillé, comme l'avait fait le pape Paul VI lors de sa visite controversée de l'ancienne basilique-mosquée Sainte-Sophie d'Istanbul en 1967, il n'a pas joint les mains et n'a fait ni signe de croix, ni signe de bénédiction comme l'avait fait Jean Paul II devant le mur des Lamentations de Jérusalem.

Les analyses des journalistes ont porté sur le fait de savoir s'il s'agissait ou non d'une prière, alors que Benoît XVI s'était auparavant toujours opposé à la prière en commun de croyants de religions différentes. Alors qu'il était encore le cardinal Joseph Ratzinger, il avait précisé: "C'est une chose de prier ensemble, c'en est une autre d'être ensemble pour prier".

Pour le P. Federico Lombardi, "le pape s'est livré à une méditation, et certainement a adressé à Dieu sa pensée.
On peut sans doute appeler cela une prière intime, personnelle, mais sans aucune expression caractéristique de la prière chrétienne", a-t-il ajouté un peu plus tard en réponse aux questions insistantes des journalistes.

Pour toutes les télévisions turques, le doute n'est pas permis: Benoît XVI a "prié", car "il a observé la posture de la tranquillité (une des attitudes de la prière musulmane) avec le mufti d'Istanbul", selon l'agence officielle Anatolie.

La visite d'une trentaine de minutes s'est terminée par un échange de cadeaux. Le mufti a offert au pape un verset calligraphié représentant une colombe, symbole de paix: "Au nom de Dieu le miséricordieux". En échange, le souverain pontife lui a remis une reproduction d'une mosaïque représentant des colombes. "Un heureux signe du destin", a commenté le mufti.

"Ce cadre veut être un message de fraternité, en souvenir de cette visite que je n'oublierai certainement pas", a souligné le pape. "Cette visite nous aidera à trouver ensemble les moyens et les chemins de la paix pour le bien de l'humanité", a-t-il ajouté.

Quelques minutes après que le pape eut quitté la mosquée, l'appel à la prière du soir a été chanté par le muezzin."La prière" de Benoît XVI jeudi dans la Mosquée Bleue à Istanbul, "est encore plus significative qu'une excuse" pour ses propos associant l'islam et violence, a affirmé le mufti d'Istanbul Mustafa Cagrici, qui était à ses côtés au moment de ce geste exceptionnel.

"C'était quelque chose de très beau, un geste de sa part. Avec sa posture (mains croisées sur le ventre comme le font les musulmans), il a donné un message aux musulmans", a déclaré le mufti, cité vendredi par le journal Sabah. "C'était une attitude encore plus significative qu'une excuse" moins de trois mois après la violente polémique déclenchée par ses propos sur l'islam, a-t-il déclaré.

"Le fait qu'il ait prié, même si ce n'est pas une excuse, montre qu'il a des regrets", a estimé le professeur Beyza Bilgin de la faculté de théologie d'Ankara.

"Il savait ce qu'il faisait. Le pape est avant tout un intellectuel et il sonnait le rituel des musulmans", a souligné le professeur Saim Yeprem de la faculté de théologie de l'Université de Marmara (Istanbul). (information : RFI et Service de presse du Vatican)

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