Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 7 au 9 décembre 2006 (semaine 49)
 

-
2006-12-09 - France
L'ÉGLISE ET LE "BOYCOTT" DU TÉLÉTHON

Un appel à boycotter le Téléthon a été lancé il y a un mois par la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, sans toutefois recevoir le soutien d'aucun évêque, y compris celui du diocèse concerné, et depuis, c'est la polémique.

L'archevêque de Paris demande plus "de transparence" dans l'utilisation des dons ainsi recueillis et refuse tout boycott. Mgr Dubost, évêque d'Évry en banlieue parisienne, nuance ce que veut dire cette transparence et pense de même. L'évêque d'Annecy trouve absurde cet appel au boycott. L'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, a déclaré mardi 5 décembre qu'"il faut continuer à dire aux gamins de casser leur tirelire pour les handicapés", mais que les catholiques ont le droit d'objecter à la recherche sur les embryons.

"L'élan de solidarité nationale est un vécu social considérable qu'il ne faut pas perdre", a-t-il déclaré devant l'Association des journalistes d'information religieuse (Ajir). "Il y a énormément de catholiques engagés là-dedans", a-t-il souligné.

Jean-Christophe Parisot, un diacre d'Amiens atteint de myopathie et candidat à la présidentielle, a annoncé mercredi la création sur internet d'un "Comité des Catholiques" pour le Téléthon, après les critiques lancées contre cette manifestation par des responsables de l'Eglise.

Le président Jacques Chirac a apporté lundi son soutien à l'action de l'Association française contre les myopathies (AFM), organisatrice du Téléthon, qui finance des recherches sur les cellules embryonnaires dans le cadre de la loi de 2004 à hauteur d'environ 1,4% de son budget.

En fait, d'une manière ou d'une autre,
les évêques sont tous montés au créneau pour questionner le Téléthon sur l'utilisation des dons, dont une partie (environ 1,4% du budget pour le moment) finance des recherches utilisant l'embryon. Les responsables catholiques soulignent que leur discours est inchangé depuis des années, même s'ils n'ont pas été écoutés et n'ont pu empêcher le vote en 2004 d'une loi autorisant durant cinq ans l'utilisation pour la recherche d'embryons surnuméraires, c'est-à-dire pour lesquels les parents renonceraient à tout projet parental.

Nuancée, l'Association française contre les myopathies a estimé vendredi qu'une partie de l'Eglise avait manqué de correction en lançant une polémique sur le Téléthon qu'elle organise, juste avant le lancement de la 20ème édition de ce grand appel à la solidarité nationale.

"Avoir attendu la veille du Téléthon pour rouvrir ce débat éthique sur lequel le législateur a tranché n'est pas correct", a affirmé la présidente de l'AFM Laurence Tiennot-Herment.

Dans tout ce tintamarre, le président de la Conférence des évêques de France, rentrant du Vietnam, a fait cette déclaration au nom de tout l'épiscopat.

"Je tiens tout d’abord à dire que l’Église catholique n’appelle pas au boycott du Téléthon. Il faut reconnaître à cette initiative et à l’association qui la porte le mérite d’avoir fait connaître à l’opinion publique le drame de la myopathie et d’avoir mobilisé la solidarité de tous.

"Dans la lutte contre cette maladie, je pense d’abord aux malades, à leurs familles, aux médecins et aux chercheurs.

"Plusieurs évêques ont attiré l’attention, à juste titre, sur un point qui nous fait problème : l’utilisation de cellules embryonnaires pour la recherche. C’est une question grave sur laquelle je me suis déjà plusieurs fois prononcé, en particulier au moment du vote des lois sur la bioéthique en 2004, et encore récemment en juin dernier.

"Mais je crois que ce serait un mauvais procès de faire porter tout le poids de cette interrogation au Téléthon qui ne consacre, malgré tout, que moins de 2 % des dons reçus à cette recherche. Il serait bon que le débat sur ces questions soit repris plus largement, au moment de la révision des lois sur la bioéthique. Ceci dit, il est légitime qu’à l’occasion du Téléthon, beaucoup de catholiques s’interrogent sur l’affectation de leurs dons. Je suis moi- même prêt à rencontrer les responsables de l’Association du Téléthon dans les semaines qui viennent, s’ils le désirent. » (information : CEF)

Retour aux dépêches