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du 4 au 6 décembre 2006 (semaine 49)
 

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2006-12-06 - Madagascar
ELLES SONT RESTÉES NEUTRES PENDANT LES ÉLECTIONS

Les Eglises qui avaient apporté un soutien décisif à Marc Ravalomanana en 2001, ont pris quelque distance envers le président sortant et ont affiché leur "neutralité" dans le scrutin de dimanche, malgré l'imbrication malgache entre religion et politique.

Dans une société chrétienne à 70%, où la pratique religieuse est très assidue, l'influence des courants protestants et catholique est loin d'être négligeable, même si le religieux ne semble pas avoir autant dominé qu'en 2001. Cette année, aucune des quatre Eglises du Conseil des Églises chrétiennes n'a donné de consigne de vote, se voulant "neutres".

Il n'empêche que le président Ravalomanana, candidat à sa réélection, est, depuis 2000, vice-président laïc de l'Eglise de Jésus-Christ, la FJKM. Cette Église réformée est l'un des quatre piliers du très influent Conseil des Eglises chrétiennes de Madagascar, la FFKM, qui regroupe 4 Églises, catholique et protestantes. "La majorité des chrétiens du FJKM votent pour M. Ravalomanana", reconnaît le Rév. Lala Rasendrahasina, président du FJKM.

En fait presque tous les candidats ont mis leur foi en avant lors de cette campagne, tel Norbert Ratsirahonana qui a terminé vendredi sa campagne par un culte oecuménique. Un autre candidat à la présidentielle, Jean Lahiniriko, est depuis 2004 trésorier de l'Eglise luthérienne.

Mgr Rémy Joseph Rabenirina, président de l'Eglise anglicane et du FFKM, rappelle qu'en 2001 : "On a lutté pour la voix du peuple et il (Ravalomanana) était l'incarnation de cette voix".

Pour l'Eglise catholique, qui est celle qui a pris le plus nettement ses distances avec M. Ravalomanana, les situations de 2001, où "les Eglises avaient été emportées par une vague", et 2006, sont "incomparables".

En 2001, le pays traversait une crise politique majeure qui a eu des effets désastreux sur l'économie de la Grande Ile, et les Eglises avaient pesé de tout leur poids pour un changement de pouvoir. "Aujourd'hui, elles restent des partenaires stratégiques du gouvernement mais elles doivent garder leur neutralité", déclare Mgr Odon Razanakolona, archevêque d'Antananarivo.

De son côté, le chef de l'Eglise luthérienne de Madagascar, le pasteur Endor Modeste Rakoto, analyse cette prise de distance comme "un retour à nos positions traditionnelles". "La situation est plus saine".

Depuis 2002, M. Ravalomanana a largement utilisé les réseaux des Eglises, présentes dans tout le pays, pour asseoir son pouvoir.

Pour le Rév. Rasendrahasina. "La relation entre Eglises et Etat fait partie de l'histoire et de la culture malgache, et jusqu'à aujourd'hui, c'est positif". Mais l'évêque anglican, Mgr Rabenirina nuance : "Peut-être que le fait d'avoir un chef de l'Etat comme vice-président d'Eglise est trop flagrant et que cela peut gêner les autres Eglises."

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our le P. Sylvain Urfer, membre de l'Observatoire malgache de la vie publique , il y a encore "confusion complète entre Eglises et Etat". "Quant l'inféodation devient si évidente, des gens préfèrent partir dans les sectes", s'inquiète-t-il. (source et information : Allafrica)

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