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du 4 au 6 décembre 2006 (semaine 49)
 

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2006-12-06 - Pakistan
L'ON CRAINT UNE "POLICE RELIGIEUSE"

A Peshavar, chef-lieu de la p
rovince de la Frontière du Nord-Ouest, la NWFP, la minorité chrétienne s'inquiète du vote de la « Loi Hasba » qui ouvre la voie à l'islamisation de la société et à la création d'une police religieuse inspirée des talibans.

Le 19 novembre dernier, environ trois cents chrétiens, dont une quarantaine de pasteurs protestants issus de diverses dénominations, se sont réunis pour protester contre le vote par l'Assemblée provinciale d'une nouvelle version de la « Loi Hasba ». Selon l'organisation chrétienne de défense des droits de l'homme, The All Pakistan Minority Alliance (APMA), qui a organisé la manifestation, cette loi « signifie la 'talibanisation' de la NWFP et ouvre la voie à la création d'une 'police de la pensée', semblable à celle qui avait cours dans l'Afghanistan des talibans et dont les femmes et les minorités auront tout à craindre ».

Cette province est dirigée depuis octobre 2002 par une coalition de partis musulmans fondamentalistes, la Muttahida Majilis-e-Amal Pakistan (MMA), et, dès 2003, un premier texte de loi avait été débattu. Puis, en juillet 2005, la MMA avait fait voter une loi appelée Hasba ('responsabilité'), qui prévoyait notamment la création de médiateurs locaux appelés mohtasib . Ils devaient être chargés de faire respecter la charia en conseillant l'administration locale et les médias et en protégeant les valeurs islamiques (fermeture des magasins le vendredi, jour de la grande prière). Mais, le gouverneur de la province avait refusé de la signer.

Le 13 novembre, la MMA a proposé au vote une nouvelle version de la Loi Hasba , qui prend en compte les recommandations de la Cour suprême. La loi a été préparée en accord avec les dispositions de la Constitution et les directives de la Cour suprême, a déclaré le ministre de la Justice de la NWFP.

Officiellement, la loi vise à éradiquer les pratiques contraires à l'islam par la persuasion douce et la prédication. Néanmoins, les opposants à la MMA accusent le gouvernement de vouloir créer un département de la promotion de la vertu et de la répression du vice sur le modèle coercitif mis en ouvre par les talibans lorsqu'ils étaient au pouvoir en Afghanistan. « La dictature des religieux n'est pas acceptable  a déclaré Begum Nighat Yasmin Aurakzaij, députée de l'opposition.

En fait cette province du Pakistan subit très directement les conséquences de la présence sur son sol d'une importante population afghane réfugiée. Un recensement de 2005 indiquait que 3,04 millions d'Afghans vivaient dans la province. Depuis, si 580 000 d'entre eux sont retournés dans leur pays, il reste encore une population de réfugiés estimée à 2,4 millions.

Depuis son arrivée au pouvoir, en octobre 2002 la MMA a pris de nombreuses mesures allant dans le sens d'une islamisation de la société. La musique a été interdite dans les transports publics. Les docteurs n'ont pas le droit de soigner des patientes et les femmes n'ont pas droit de quitter leur foyer sans être accompagnée d'un homme de leur maisonnée. Regarder la télévision, écouter de la musique sont des actes désormais répréhensibles.

Pour Shahbaz Bhatti, président de l'APMA, la Commission des droits de l'homme du Pakistan, la loi peut être utilisée pour contraindre les non-musulmans à adopter un mode de vie islamique. « La loi tourne autour de ce qu'il ne convient pas de faire et ce qu'il convient de faire au nom de la religion de la majorité, a-t-il observé, ajoutant que le seul espoir des non-musulmans de la NWFP résidait désormais dans une éventuelle non-promulgation de la loi. (information : Eglises d'Asie-EDA)

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