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du 14 au 16 décembre 2006 (semaine 50)
 

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2006-12-16 -
L'ARCHEVÊQUE ET LE PAPE, UNE RENCONTRE FRATERNELLE

Mgr Christodoulos évoque : "La vive espérance de transcender les obstacles dogmatiques qui entravent le chemin de l’unité dans la foi." Benoît XVI lui répond : "Nos relations reprennent lentement mais en profondeur et avec un souci d’authenticité."

Dans leurs adresses réciproques, le 14 décembre, le Pape et l'Archevêque ne se sont pas contentés de phrases. Tous deux ont été "directs".

Ayant évoqué les saints des deux Églises, Mgr Christodoulos déclare : « Le souvenir de tout ceci, ainsi que la vive espérance de transcender les obstacles dogmatiques qui entravent le chemin de l’unité dans la foi, enrichissent notre prière et renforcent notre volonté de vivre par le consensus la pleine unité, et de communier au Corps et au Sang précieux du Seigneur dans la même Coupe de Vie. À cet effet, nous souhaitons à la Commission mixte internationale, chargée du dialogue entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine, de réussir dans ses travaux ».

Il a énuméré avec précision tous les points qui devraient engager les deux Églises dans leur mission européenne. dans le contexte européen, "en notre qualité de pères spirituels des membres pieux de nos Églises :la vigilance pour signaler à temps tout ce qui menace les valeurs et les structures de la civilisation européenne profondément imprégnées de la foi chrétienne : le courant prônant la déchristianisation progressive de l’Europe, visant l’exclusion de l’Église de la vie publique et sa marginalisation sociale ; les problèmes créés par le déplacement de milliers de réfugiés et de migrants de toute origine ; les dangers issus du fanatisme religieux ; les développements présomptueux, touchant les limites de l’offense au sens grec ancien du terme, de la biotechnologie en matière de génétique." ;

Et de poursuivre ce qui doit être un souci pour les Églises : "le fossé qui se creuse davantage entre riches et pauvres ; les risques auxquels la jeunesse est exposée ; l’éventualité d’un conflit de civilisations et de religions ; le besoin de préserver l’identité spirituelle et culturelle des citoyens européens et de la famille, cellule de la société ; l’avilissement et la dévalorisation de l’être humain, de surcroît souvent sous le couvert des droits de l’homme ; la frénésie de consommation cultivée par tous les moyens et, son corollaire, la production d’un mode de vie conditionné dont le plaisir est l’unique valeur quel qu’en soit le prix psychique ".

"L’Église, sent que, dans le monde contemporain extrêmement médiatisé, elle doit adopter les moyens de communication modernes et parler le langage actuel à l’homme de notre temps. Cela, sans que ces moyens techniques n’altèrent Son discours ni que Son message ne se plie à la technique communicationnelle."

"Elle se sent obligée de s’opposer à l’État et aux superpuissances de ce monde, lorsqu’elle considère que leurs décisions entament l’image vivante de Dieu sur terre. Cela, sans céder à la tentation de se sentir elle-même une puissance de ce monde".

De son côté, Benoît XVI a rappelé les premiers temps de l'Église.

" Dans la première épître aux chrétiens de Corinthe qui ont été les premiers à connaître des difficultés et de graves tentations de division, nous pouvons voir un message actuel pour tous les chrétiens. En effet, un danger réel apparaît lorsque des personnes ont la volonté de s’identifier à tel ou tel groupe en disant: Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Céphas. C’est alors que Paul pose la redoutable question : «Le Christ est-il divisé ?» (1 Co 1,13).

" La Grèce et Rome intensifièrent leurs relations dès l’aube du christianisme et poursuivirent leurs rapports, qui ont donné vie aux différentes formes de communautés et de traditions chrétiennes dans les régions du monde qui aujourd’hui correspondent à l’Europe de l’Est et à l’Europe de l’Ouest. Ces intenses relations ont également contribué à créer une sorte d’osmose dans la formation des institutions ecclésiales. Cette osmose – dans la sauvegarde des particularités disciplinaires, liturgiques, théologiques et spirituelles des deux traditions romaine et grecque – a rendu fructueuse l’action évangélisatrice de l’Église et l’inculturation de la foi chrétienne.

" Aujourd’hui, nos relations reprennent lentement mais en profondeur et avec un souci d’authenticité. Elles sont pour nous l’occasion de découvrir toute une gamme nouvelle d’expressions spirituelles riches en signification et en engagement mutuel. Nous en rendons grâce à Dieu.

..." Si nous tournons notre regard vers l’avenir, Béatitude, nous avons devant les yeux un vaste champ où pourra grandir notre collaboration culturelle et pastorale.

" Les différents pays d’Europe travaillent à la création d’une nouvelle Europe, qui ne peut pas être une réalité exclusivement économique. Catholiques et orthodoxes sont appelés à offrir leur contribution culturelle et surtout spirituelle. Ils ont en effet le devoir de défendre les racines chrétiennes du Continent, qui l’ont façonné au cours des siècles, et de permettre ainsi à la tradition chrétienne de continuer à se manifester et d’œuvrer de toutes ses forces."

..." Il est urgent d’entreprendre des actions pastorales communes, qui constitueront pour nos contemporains un témoignage commun et nous disposeront à rendre compte de l’espérance qui est en nous.

" Votre présence ici, à Rome, Béatitude, est le signe de cet engagement commun. Pour sa part, l’Église catholique a une volonté profonde d’entreprendre tout ce qui sera possible pour notre rapprochement, en vue de parvenir à la pleine communion entre catholiques et orthodoxes, et, pour l’heure, en faveur d’une collaboration pastorale à tous les niveaux possibles, afin que l’Évangile soit annoncé et que le nom de Dieu soit béni."

Lors de sa visite à la basilique Saint Paul-hors-les-Murs, Mgr Christodoulos a reçu deux maillons des chaînes de celui qui "fut le fondateur de l'Église de Grèce".

A la fin de sa rencontre avec Benoît XVI il aurait demansé la restitution d'un petit fragment du Parthénon détenu par les musées du Vatican, selon Viki Markaki, porte-parole de la délégation grecque.
Benoît XVI a réservé sa réponse. (source : VIS)

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