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du 14 au 16 décembre 2006 (semaine 50)
 

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2006-12-16 - Roumanie
VIF DÉBAT SUR LA LAÏCITÉ

Une plainte déposée par un enseignant appelant les autorités à retirer les icônes des écoles suscite un débat sans précédent sur la laïcité en Roumanie, un pays où les plaies infligées par 45 ans d'athéisme communiste ne se sont pas encore cicatrisées.

Cet enseignant, professeur de philosophie dans un lycée dénonce la présence des symboles religieux --orthodoxes, en l'occurrence-- dans l'école fréquentée par sa fille, ce qui équivaudrait à une "forme de discrimination envers les élèves agnostiques ou appartenant à une autre confession".

La plainte de M. Moise a été reçue avec hostilité, seule une poignée d'organisations non gouvernementales saluant sa démarche. A l'issue de débats animés, le Conseil roumain anti-discrimination (CNCD), organisme non-gouvernemental, a pour sa part demandé au ministère de l'Enseignement de "respecter le caractère laïque de l'Etat", en accrochant les icônes aux murs "uniquement pendant les cours de religion ou dans les espaces spécialement destinés à l'instruction religieuse".

Le patriarcat réplique : "Dire que la présence des icônes et les services religieux dans les écoles représentent un abus est absurde, car s'il y a abus il y a aussi des victimes. Or, à ma connaissance, aucun élève ne s'en est plaint jusqu'ici", a affirmé l'archevêque de Cluj, Mgr Bartolomeu Anania.

A l'appel de l'association Civic Media, plusieurs centaines d'intellectuels ont de leur côté signé une lettre demandant au CNCD de revenir sur sa recommandation, "fruit des pressions d'une minorité extrémiste" et un "blasphème à l'adresse des jeunes qui sont morts en décembre 1989 en luttant contre l'athéisme communiste".

Pour l'écrivain Horia Roman Patapievici, la plainte de l'enseignant porte un seul nom: "fanatisme", c'est à dire "la tentative acharnée de dissoudre par des mesures coercitives imposées par l'Etat le consensus social autour d'une pratique entérinée par la société civile".

Le débat sur la place de l'Eglise dans la société roumaine est toutefois loin de s'arrêter là. Un projet de loi sur "la liberté religieuse et le régime de cultes", qui vient d'être adopté par la Chambre des députés, a suscité de nouvelles critiques de la part d'ONG, qui dénoncent des articles "discriminatoires", favorisant l'Eglise orthodoxe, ou qui "enfreignent la liberté d'expression, en punissant les offenses aux symboles religieux".

L'Eglise orthodoxe roumaine compte près de 90% de fidèles sur une population de 21 millions d'habitants et jouit d'une très haute cote de confiance au sein des Roumains. (information : Orthodoxie)

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