Méditations dominicales


En proposant diverses lignes de réflexion,
ces textes veulent être une réserve de "matériaux" pour permettre, selon le "charisme" de chacun,
une ou plusieurs méditations .
Leur auteur a sa vie spirituelle. Chacune et chacun des lecteurs a la sienne selon la grâce de Dieu.



Dimanche 18 août : Vingtième dimanche du temps ordinaire.
Dimanche 25 août : Vingt-et-unième dimanche du temps ordinaire .



 
DIMANCHE 18 AOUT 2013
VINGTIEME DIMANCHE DANS L’ANNEE

 

Références bibliques :

Lecture du livre du prophète Jérémie. 38. 4 à 10 : “Que cet hommes soit mis à mort.”
Psaume 39 :”Il m’a tiré de l’horreur du gouffre, de la vase et de la boue.”"
Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux. 12. 1 à 4 :”Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi."
Evangile selon saint Luc : 12. 49 à 53 :” Comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !"

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“Par cette eucharistie, Seigneur, tu nous as unis davantage au Christ. Et nous te supplions encore. Accorde-nous de lui ressembler sur la terre et de partager sa gloire dans le ciel.”

Cette prière, qui conclut la communion de la messe de ce jour, est lourde de conséquence si Dieu nous prend au mot de notre demande, car elle rejoint ce que le Christ disait à ses disciples et que la liturgie nous rappelle aujourd’hui : “Je suis venu apporter un feu sur la terre. Comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême. Comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli !”

LE BAPTEME DU CHRIST

C’est durant sa dernière montée à Jérusalem que Jésus livre cette confidence à ses apôtres. Si la Passion est toute proche, la Résurrection l’est aussi. Il utilise le même mot lors de l’annonce de la Passion et de sa mort à Jacques et à Jean en réponse à la demande de leur mère d’être aux premières places du Royaume. “Pouvez-vous être baptisés du baptême dont je vais être baptisé?” (Marc 10. 38)

Dans la tradition biblique, cette traversée de l’eau évoque le passage de la Mer Rouge qui anticipe la Pâque du Seigneur. Saint Paul développera cela dans sa lettre aux Romains.

En célébrant leur baptême d’eau, les chrétiens s’associent à cette mort et à cette résurrection :”Ignorez-vous que nous qui avons été baptisés, nous l’avons été dans sa mort. Nous avons été ensevelis avec lui. (Romains 6. 3) Mais, en même temps que s’accomplit le passage à cette vie, nous devons nous mettre à l’unisson de celle du Christ et vivre sous la loi de la grâce, quoi qu’il nous en coûtera. (Romains 6. 6)

Pour que se réalise l’homme nouveau, cette mort au péché doit être quotidienne en même temps que totale. (Colossiens. ch. 2 et 3)

QUELLE PAIX ?

Les disciples sont prévenus avec clarté et précision. L’Evangile ne s’épanouit pas dans un climat douceâtre et lénifiant, où tous les conflits sont évacués, tous les angles arrondis. La charité elle-même est un combat contre toutes les formes de ténèbres qui subsistent au cœur de l’homme et dans la société.

L’Evangile ne permet pas de compromis. Il nous faut alors savoir trancher et retrancher. La paix du Christ n’est pas ce sourire sentimental, si chaleureux soit-il, qu’on échange au seuil de la communion en chaque messe.

Elle est le fruit de l’union de tous dans le Corps du Christ (Colossiens 3. 15). Elle jaillit quand on se préoccupe des désirs de l’Esprit-Saint qui nous mène ainsi à la vie et à la paix (Romains 8. 6), au prix de la mort, comme ce fut pour le Christ.

Lorsque saint Luc transmet ces paroles qui exprimaient, devant les apôtres, l’intensité de la vie intérieure du Christ durant sa “montée” à Jérusalem :”Il m’en coûte d’attendre”, l’évangéliste les transmet dans le contexte de l’Eglise de son temps.

Les premiers chrétiens vivaient des heures difficiles. Les familles se déchiraient s’opposant au converti, livrant le nouveau chrétien aux tribunaux. Le message évangélique se faisait entendre dans un monde qui en était bien éloigné.

Incompréhension, conflits, persécution, tout cela à cause de Celui dont on disait qu’il allait fonder la grande fraternité de l’amour. Luc est le disciple de saint Paul qu’il a entendu traduire ainsi les paroles du Seigneur aux chrétiens de Colosses pour leur comportement vis-à-vis de ceux qui, dans leurs familles elles-mêmes, ne comprennent pas ce feu nouveau qui brûle et dresse “le père contre son fils et le fils contre son père, la mère contre la fille et la fille contre la mère.”

Cette traduction des paroles du Seigneur est détaillée par saint Paul : ”Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience.

Supportez-vous les uns les autres. Et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement. Comme le Seigneur vous a pardonné, faîtes de même vous aussi. Et par-dessus tout, revêtez l’amour. C’est le lien parfait.” (Colossiens 3. 12 et 13)

VIVRE DANS LA FOI

Dimanche dernier, la lettre aux Hébreux nous donnait de regarder la foi d’Abraham et d’en déduire quelle devait être notre attitude quand Dieu nous appelle à nous expatrier de nos habitudes pour rejoindre la Terre Promise du Royaume.

Aujourd’hui, la même lettre aux Hébreux nous entraîne vers Celui qui est à l’origine et au terme de la foi. “Courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi.” (Hébreux 12. 2) Renoncement, humiliation, hostilité, jusqu’au sang.... (Hébreux 12. 4)

C’est ainsi qu’il a vécu son baptême. C’est ainsi qu’il nous demande de le suivre. “Là où je suis, là aussi sera mon serviteur.” (Luc 12. 26) C’est une option décisive qui nous est demandée, « les yeux fixés sur Jésus. ».

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Aujourd’hui nous connaissons aussi des situations de rupture, même au sein de nos propres familles. La vie chrétienne est un choix personnel qui se vit au coeur d’une société qui ne la comprend pas. Il interfère avec tant d’habitudes qu’il contredit, il intervient au coeur de tant de relations qu’il modifie jusqu’à les rompre. Se convertir ... adhérer au Christ.

La foi ne se transmet pas de manière presque automatique.“ C’est toute une partie de mon existence déjà vécue que je dois abandonner, c’est vivre avec ma femme une union de longue date dans laquelle s’introduit un élément qu’elle ne comprend pas et ne partage pas, c’est éveiller mes enfants à cette dualité et les laisser choisir à leur tour sans renier ni leur père ni leur mère.” Il s’était écoulé bien des années avant que la décision soit prise et que la paix du Christ envahisse le coeur de ce converti.

“Pour ceux qui t’aiment, Seigneur, tu as préparé des biens que l’oeil ne peut voir. Répands en nos coeurs la ferveur de ta charité, afin qu’en t’aimant en toute chose et par-dessus tout, nous obtenions l’héritage promis qui surpasse tout désir.” ... “En toute chose et par-dessus tout."
 
DIMANCHE 25 AOUT 2013
VINGT-ET-UNIEME DIMANCHE DANS L’ANNEE

 


Références bibliques :

Lecture du livre du prophète Isaïe : 66.18 à 21 : Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue.”
Psaume 116 : “ Fêtez-le tous les pays."
Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux. 12. 5 à 13 : “Quel est le fils auquel le père ne donne pas de leçons ?”
Evangile selon saint Luc : 13. 22 à 30 : “On viendra de l’orient et de l’occident."

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Les lectures que l’Eglise nous propose ce dimanche, suivent celles des dimanches précédents. Leur juxtaposition aujourd’hui semble créer une apparente contradiction. “Je viens rassembler” nous dit Isaïe (Is. 66. 18) et le Seigneur ne dit rien d’autre :”On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi.”

Dans le même temps, il prévient ses disciples : “Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.” (Luc 13. 24) La traduction devrait être, si nous serrons de près le texte grec : “Beaucoup chercheront à entrer, mais n’en seront pas capables.”

Ce n’est pas un refus ni une sélection. C’est l’attitude même de chacun qui va déterminer ou non l’entrée dans le Royaume. “Luttez pour entrer par la porte étroite !” (Luc 13. 24)

COMBIEN ?

La question du salut préoccupe les disciples du Christ. Cette question du nombre des sauvés revient à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. Après une parole sur l’obstacle de la richesse, “les disciples étaient très impressionnés et disaient - qui donc peut être sauvés ?” Jésus leur répond :”Aux hommes, c’est impossible. Mais à Dieu, tout est possible.” (Matthieu 19. 25 et 26)

Chaque fois qu’on le questionne sur le salut, Jésus refuse de répondre en termes statistiques, ce qui supposerait déjà achevée l’histoire de chacun.

Or elle ne l’est qu’au jour de notre rencontre définitive avec Dieu. En attendant cette heure, la dernière de la vie terrestre, il répond par les conditions du salut auquel il appelle à entrer, dès maintenant. C’est possible, même si, à vues humaines, la porte est étroite.

La parabole de la porte fermée et du maître de maison évoque aussi une autre parabole, celle concernant la prière de demande qui suit l’enseignement du “Notre Père”: “A qui frappe, on ouvrira.” “On”, pudiquement, cela veut dire Dieu. Il y a donc un temps favorable, qui nous est accordé, celui de la conversion, et un temps au-delà, quand nous serons fixés dans notre détermination.

Alors pourquoi faire des statistiques quand la liberté de chacun est encore en jeu.

TOUS INVITES

Jean le Baptiste, sur cette même question, apportait une réponse claire :”N’allez pas dire en vous-mêmes : nous avons pour père Abraham...Des pierres que voici Dieu peut susciter des enfants à Abraham.” (Luc 3. 8)

L’assurance du Royaume ne découle pas de l’appartenance au Peuple choisi, au Peuple élu. Le Royaume est ouvert à tous, à condition que chacun réponde, par sa vie, à la gloire à laquelle il est appelé. Pour Isaïe, les messagers sont les rescapés de l’exil et leur mission ne s’arrête pas au seul peuple d’Israël. Ils annoncent la gloire de Dieu parmi toutes les nations.

C’est le thème des ouvriers envoyés à la vigne (Matthieu 20. 16) Et les derniers appelés, les païens, peuvent devenir les premiers dans le Royaume. Le festin était préparé pour le peuple d’Israël. Certains ont refusé. (Matthieu 22) D’autres convives viendront.

Saint Matthieu note cette même parole de Jésus sur l’universalité du salut quand il montre son admiration devant la foi du centurion :”Beaucoup viendront du Levant et du Couchant prendre la place avec Abraham, Isaac et Jacob.” (Matthieu 8. 11) Jésus veut sauver tous les hommes en “versant son sang pour la multitude”.

Dans son immense amour il essaie de réveiller ceux qui s’endorment dans l’insouciance. Il faut “se battre pour entrer au Royaume.” Et là les mots choisis par Luc, en grec, ont une force qu’aucune de nos traductions ne peut rendre :”Se battre, lutter pour entrer par la porte qui est étroite (en grec : agonitesté).” C’est le verbe de l’entrée en agonie, le combat final de la vie dans le langage français.

LIBRES ET RESPONSABLES.

La vérité que Jésus développe serait écrasante si elle ne situait pas dans une révélation de l’Amour. Du côté de Dieu, la proposition du salut est universelle. Mais l’amour ne serait plus de l’amour si nous n’étions devant lui que des marionnettes ou des robots manipulés de l’extérieur. Rien n’est plus déshonorant que d’être déclaré “irresponsable”.

Dieu a pris le risque de nous donner la liberté de la responsabilité : un amour sans limite de sa part mais livré à une réponse d’amour ou à un refus d’amour. On ne force pas quelqu’un à aimer. Ce n’est jamais Dieu qui ferme la porte de sa Maison.

Bien au contraire. L’Evangile nous crie la tendresse de Dieu pour tous. Il court chercher la brebis égarée, il attend l’enfant prodigue, il réhabilite la femme adultère, il répond à l’attente de Zachée en venant chez lui, il accueille la conversion de Marie-Madeleine, il pardonne le reniement de Pierre et accueille, le premier accueilli au paradis, un larron.

Il nous appelle et ne fait pas nulle distinction entre les hommes. Si la porte est étroite par ses exigences, elle reste ouverte à tous :”Il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers.” (Luc 13. 20)

La porte reste ouverte jusqu’au moment où l’absence est caractérisée. Les “vierges folles” de la parabole le savent. Par insouciance, elles n’avaient pas su prévoir le temps de l’attente.

Il nous faut vivre positivement ce temps, dans la foi même difficile, imprévu dans ce qu'il nous impose, jusqu'au jour où "le Seigneur viendra pour les noces éternelles".

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“Dieu qui peux mettre au coeur de tes fidèles un unique désir, donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et d’attendre ce que tu promets, pour qu’au milieu des changements de ce monde, nos coeurs s’établissent là où se trouvent les vraies joies.” L’oraison d’ouverture de la liturgie de ce 21ème dimanche traduit ce que doit être notre attitude spirituelle.

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