LE TEMPS DE DIEU

Dans les liturgies orientales




Le carême dans les liturgies orientales et byzantines

Dans la liturgie, on sent battre le c?ur de l'Eglise. Cet ?change de pri?res et d'action de gr?ces ne peut modifier substance m?me de la vie liturgique, substance qui doit rester invariable au travers tous les si?cles et identique dans tous les rites. Car, " sous le tissu vivant de cette ?volution, les gr?ces m?rit?es par la mort r?demptrice de l'Homme Dieu s'appliquent aux individus de toutes les races et de tous les temps. " (Dom Bernard Botte. OSB - 1953)

A l'heure de la mondialisation qui met en contact, en ?change et en symbiose les diverses cultures, nous voyons comment, au travers des si?cles et des cultures, l'Eglise a toujours su exprimer son unit? et fait vivre la foi de ses membres. L'uniformit? au travers des temps et de l'espace serait un appauvrissement, car cette foi jaillissait et jaillit encore des grandes m?tropoles eccl?siales et des patriarcats.

C'est ainsi que l'Eglise, ? c?t? du rite romain, a connu au cours des si?cles et aujourd'hui encore les rites mozarabe et ambrosien, les rites monastiques et ceux des Fr?res pr?cheurs et des Carmes, ainsi que les particularit? propres ? l'Eglise de Lyon ou de Braga. Mais aussi elle n'est pas que latine ou occidentale, elle est aussi syrienne, copte, maronite, etc ? Le rite syrien oriental est celui des Chald?ens unis ? Rome. Le rite syrien occidental est celui des Maronites. Dans cette Eglise, se rencontre la tradition liturgique des Arm?niens et celle des Coptes. Elle reconna?t avec joie la tradition du rite grec orthodoxe et celle de la G?orgie dans le Caucase.

Cette diversit? est une grande richesse, parce que les diff?rences et les convergences nous apportent l'inculturation eccl?siale dans le caract?re ethnique, culturel et linguistique des r?gions o? l'Eglise s'est d?velopp?e. La convergence de la foi en est d'autant plus significative de la communion. Il ne peut ?tre question ici ni d'en d?velopper une histoire compar?e, ni de r?sumer les ?tudes savantes et approfondies qui existent en ce domaine.

Nous ne voudrions que donner quelques exemples ? propos de ce temps de Car?me et de ce temps pascal afin de vous inviter ? " p?leriner " dans les Eglises orientales.

Les anciens "antiphonaires " recueils des antiennes et des chants liturgiques, exprimaient parfois la liturgie en formes po?tiques, en une sorte de jubilation solennelle qui r?unit l'Assembl?e. En Occident, il nous en reste quelques ?l?ments comme le " Victimae paschali laudes ", la s?quence de la messe de P?ques, o? l'on entend un merveilleux dialogue entre l'assembl?e et Marie Madeleine : "Dis-nous, Marie, qu'as-tu vu en chemin ? j'ai vu le s?pulcre?, la gloire du ressuscit? ?., les anges ?, le suaire ?, les v?tement? " Ce texte et sa m?lodie gr?gorienne se trouve sur " Vivre la foi. "

Cette po?sie et ce dialogue, nous en avons une expression tout aussi dramatique dans la liturgie chald?enne de la Passion, lorsqu'elle met en sc?ne l'ange qui garde la grande porte du paradis. Il voit arriver le larron qui veut y entrer. " Tu es un larron. Mon territoire ne sera point envahi, pill?, vol?. Homme retourne sur tes pas, car tu fais fausse route. " Apr?s de longs ?changes, le larron sort la croix cach?e sous sa tunique et la montre. L'ange abaisse sa lance : "N'est-il pas redoutable le signe que tu apportes ! Entre donc, ? h?ritier ! " Cette lumineuse " antienne " de la crucifixion se trouve sur " Vivre la foi. "

Dans une ancienne liturgie copte, on trouve l'?cho d'une fa?on bien particuli?re de c?l?brer la f?te de P?ques. On la faisait le m?me jour que les juifs, mais en deux temps. Le 15 nisan, jour de la crucifixion, on je?nait rigoureusement toute la journ?e, en opposition avec les rites de la f?te juive et on ne rompait ce je?ne que le soir par la c?l?bration de l'Eucharistie.

Le contraste est aussi saisissant entre la richesse ?clatante de la liturgie byzantine du Vendredi-Saint et l'extr?me simplicit? du rite romain. Il faut dire que pendant longtemps le Vendredi-Saint n'?tait ? Rome qu'une " f?rie " modeste. Le pape saint L?on le Grand ne songe nullement ? en faire un jour autre que ceux de la semaine. Le dimanche qui deviendra celui des rameaux il commen?ait ? pr?cher sur la Passion pour poursuivre ce sujet le mercredi et le vendredi qui, pour lui, sont de m?me valeur. La " solennit? exultante " des souffrances du Sauveur, selon son expression, arrive ? son apog?e le dimanche de P?ques.

Nous ne pouvons que vous inviter ? d?couvrir les merveilles qu'expriment les Eglises orientales et que nous avons trop souvent n?glig? de conna?tre. Selon la parole m?me de Jean Paul II, le Corps Mystique du Christ doit respirer avec ses deux poumons.