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- A chaque pays, sa fête. Le carnaval de Rio - Aux Antilles - A Venise et en Europe - En Amérique francophone LE CARNAVAL DE RIO C'est de par le monde le plus grand, le plus long, le plus renommé. Ses origines remontent du temps des portugais qui l'ont introduit dans leur colonie. Même les esclaves noirs s'y mettaient, tout le monde se déguisait et se maquillait, esclaves et maîtres faisaient la fête dans les rues pendant trois jours… et cela dégénérait en bagarre générale avant (et après) la dispersion. Il fallut attendre l'abolition de l'esclavage en 1888 et surtout les années 1930 pour qu'il devienne un véritable divertissement populaire. En 1940 que le carnaval de Rio prît un autre visage, celui de grand bal masqué, à l'instigation d'une femme, propriétaire d'un grand hôtel qui fit du carnaval une parade. Le costume folklorique, qui reprend les tenues traditionnelles brésiliennes, est de plus formidablement mis en valeur par les danses de rue. Le carnaval au sens strict dure quatre jours et quatre nuits, et se termine le Mardi Gras. La plupart des bureaux et administrations sont fermés durant cette petite semaine. Plusieurs dizaines de milliers de danseurs de samba, de mambo et de bloco enflamment les rues, supportés par des tambours nommés congas. Les "écoles" de samba qui paradent sont en fait des groupes organisés de semi-professionnels, en tout cas de vrais "pros" de cette danse originaire d'Afrique noire. C'est aussi une véritable compétition et une occasion pour les milliers de participants venues des favelas perchées sur les collines alentour de se valoriser. Les pauvres gens des bidonvilles s'habillent de somptueux costumes multicolore. C'est un peu la revanche des pauvres, car ce jour-là tout le monde peut être le roi de la fête. ET PUIS CE FUT LA CONTAGION. Dans toute l'Amérique Latine et dans les Antilles, la fête envahit les rues. Mais c'est surtout la mer des Caraïbes qui regorge de carnavals, et pas seulement avant le carême ! A Antigua et Barbuda, au nord de la Guadeloupe, on célèbre justement l'abolition de l'esclavage le 1er août, à la fin du carnaval. Même date déconnectée du carême, sur l'île de Grenade, toujours dans l'archipel des Caraïbes. A Porto Rico, les maîtres du Carnaval sont des masques géants en papier mâché. En Bolivie, on consomme des "confites", sucreries à base de pâtes de fruits et de noix qui donnent de l'énergie durant tout le Carnaval et "la diablade" en est une danse typique qui se moquent tout autant des officiers "les caporales" que du diable au début du cortège d'Oruro aux couleurs vives et aux musiques envoûtantes. En Guadeloupe, le carnaval commence à l'Epiphanie et se termine, particularité guadeloupéenne, le soir du Mercredi des Cendres. Tous les préparatifs culmineront dans les derniers jours "gras" précédant le carême, où, du Dimanche au Mercredi, tout travail fait place à la frénésie et la joie populaire. Des groupes carnavalesques défileront en costumes multicolores, inspirés par un thème différent chaque année, à pied ou avec des chars. Le Mercredi des Cendres est le dernier jour de folie qui voit des diables et des diablesses vêtus de noir et blanc envahir les rues. Le soir, c'est la fin du carnaval par "Grand brilé Vaval", l'incinération du roi Carnaval, "Vaval", sous les cris et lamentations de la foule. La journée s'achève dans des bals populaires, le Ti-Punch coule une dernière fois à flots. En Europe VENISE : C'est avec l'accord du pape, au 15ème siècle que le carnaval s'installe à Venise. La fête doit durer 10 jours pendant lesquels sont organisés des jeux, des courses et des "mascarades", masques d'oiseaux, costumes resplendissants, bal masque, car si le masque est originaire de Bali, le masque a été réinventé ici et rien à faire, dans un cadre pareil, le romantique revient au galop. Moyen de cacher son identité et de revêtir une expression, il permettait aux différentes classes sociales de se mêler, et accessoirement aux nobles de faire la manche au coin des canaux. Un carnaval de riches où les pauvres n'avaient que peu de place dans l'opulente cité des doges. AILLEURS EN EUROPE. A Binche, dans le Hainaut francophone belge, ce sont des personnages sobrement masqués et joliment vêtus qui fêtent l'arrivée du printemps, et ce depuis le Moyen âge. Ce Carnaval dure trois jours et se traduit par un défilé de personnages appelés les Gilles, qui distribuent en cette fin d'hiver des oranges aux spectateurs. Ici aussi, on retrouve dans cette tradition populaire le soulagement de la fin de l'hiver plus que l'ouverture de la période pascale, par le temps du carême. EN AMERIQUE FRANCOPHONE EN LOUISIANE A La Nouvelle Orléans, le tout premier Mardi Gras fut une simple cérémonie quand l’explorateur René Robert Cavelier, Sieur de la Salle a nommé "Point de Mardi-Gras" une bande de terre dans le delta du Mississippi. C’était le mardi 3 mars 1699 jour où était célébré Mardi Gras en France. Dès les premières années, des bals et des fêtes étaient organisés à l’occasion de cet anniversaire. Les gouverneurs ne voient pas d’un bon oeil les fêtes du Mardi Gras et les supprimèrent. Ce n’est qu’en 1823, sous la pression de la population créole, beaucoup plus nombreuse que la population de langue anglaise, que les célébrations de Mardi Gras furent réintroduites et quatre ans plus tard elles étaient légalisées. Dans la première moitié du 19e siècle les célébrations du Mardi Gras n’étaient ni calmes ni tranquilles. Les gens buvaient beaucoup et semaient tant de désordre que les autorités pensaient à l’interdire. Ce sont six jeunes de Mobile, en Alabama, qui ont sauvé le Mardi Gras. Ils ont formé un club: "Mystick Krewe of Comus" qui a organisé une parade la nuit du Mardi Gras 1857. Ils ont nommés un de leur membre roi de la parade et ont défilé à travers les rues du "Vieux Carré", le quartier français et espagnol historique de la ville. De ce jour la tradition des parades a continué. Depuis 1870, les "krewes" sont composées de groupes de personnes qui se connaissent, d’amis, de voisins, de gens travaillant ensemble, qui s’organisent en associations, créent leurs chars et financent eux mêmes tout ce dont ils ont besoin. Pendant les parades, des millions de spectateurs vont attraper les colliers, tasses, doubloons et autres divers objets que les membres présents dans les chars leurs jettent. Les parades sont composées d'une vingtaine de chars, et d'une dizaine de fanfares. Source : http://www.momes.net EN ACADIE ET AU QUEBEC Dans plusieurs régions acadiennes de l'Île-du-Prince-Édouard, on commençait à fêter quelques jours, voire même une semaine avant le mercredi des cendres, journée qui marquait le début du carême. Dans le village de Saint-Édouard, il arrive même parfois que les résidents faisaient des "soirées dansantes des jours gras" jusqu'à trois semaines avant le carême. Toutes les raisons étaient bonnes pour faire la fête. Tout le monde dans le village se connaissait, et les soirées étaient annoncées soit à l'église, soit de bouche-à-oreille. On n'avait pas à attendre la tombée de la nuit pour fêter. Les jeux de cartes et les visites le matin ou l'après-midi faisaient autant partie des festivités que la danse et la nourriture. On en profitait pour préparer et manger des mets acadiens typiques comme la râpure, le pâté, le blé d'Inde lessivé, le fricot au poulet, les galettes à la mélasse et, à certains endroits, des poutines râpées et des crêpes. À l'école, les enfants apportaient du sucre pour faire de la tire, du "fudge" ou du sucre à la crème. Aux jours gras, personne ne travaillait. Les maîtres et maîtresses d'école prenaient le temps de fêter avec les autres membres du village, et les enfants célébraient avec le reste de la famille. Puisque c'était un temps de l'année où l'on ne pouvait pas travailler dans le jardin, ni faire la pêche, tout le monde pouvait participer sans se sentir coupable d'avoir laissé de côté son ouvrage. Pour les plus âgés et les plus timides qui ne voulaient pas danser, il y avait les jeux de cartes. Ça commençait tôt le matin, se terminait tard le soir, et recommençait le lendemain matin. Ceux qui le désiraient jouaient pour de l'argent, "une cenne la game". Pour s'assurer de ne plus jouer pendant le carême, dans certaines maisons, au lieu de les cacher, on brûlait les cartes dans le poêle dès que minuit sonnait le mardi soir. Parfois, pour tricher un peu, on reculait l'horloge pour avoir une heure de danse en surplus. Au Québec, en Louisiane et dans d'autres parties de l'Acadie, le Mardi gras pouvait durer plusieurs jours. On y ajoutait une activité: les tournées. Des gens se déguisaient et "passaient les maisons". Encore aujourd'hui, en Louisiane, les Cadiens font une quête lors du Mardi gras. Les participants se costument en espérant que personne ne les reconnaîtra et vont de maison en maison, chanter, jouer des tours et quémander une poule, du riz ou autre nourriture pour faire un gumbo. Les jours gras, y inclus le Mardi gras, ne sont presque plus fêtés aujourd'hui. Les quelques célébrations sont faites en famille, et dans certaines paroisses, on organise encore un souper ou une soirée de spectacles. Lorsque on fête le Mardi gras aujourd'hui, c'est plutôt un geste symbolique, pour commémorer une tradition de nos ancêtres acadiens. Sources : Carmella Arsenault - " Acadian celebration of Mardi Gras ". The Island Magazine, Spring-Summer 1978. Retour au "portail" du carême |