LE CARÊME - TEMPS DE GRACE
Rejoindre le Christ et recevoir la grâce de Dieu

 





Vivre aujourd'hui notre baptême
Nous sommes nés de l'eau et de l'Esprit. (Jean 3. 5)

REDECOUVRIR LE DON DE DIEU.


Afin de mieux vivre à l'unisson de nos frères qui se préparent à recevoir la grâce baptismale durant la nuit pascale, il nous faut raviver en nous notre foi en ce baptême que nous avons reçu, nous aussi, même s'il y a longtemps.

Baptisés dans l'eau et dans l'Esprit, nous pouvons le reléguer dans l'oubli, et pourtant, la grâce de Dieu, qui a jailli ce jour-là, est devenue pour toujours désormais "une source jaillissante" en vie éternelle selon la parole du Christ à la Samaritaine.

"En vie éternelle ..." car c'est de ce jour qu'elle date jusqu' au jour où elle s'épanouira en la rencontre définitive avec Dieu, dans le face à face que nous vivrons au sein même de la Trinité. D'une certaine manière le Christ nous répète ce qu'il a dit à la Samaritaine :" Si tu savais le don de Dieu ..." (Jean 4. 10) Ce temps de Carême doit être ce temps de mieux "savoir le don de Dieu."

AVEC EUX, PARTICIPER A LA RESURRECTION DU CHRIST

"Etre baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager en Dieu avec une conscience droite et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ qui est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite du Père." (1ère lettre de saint Pierre. 3. 21 et 22)

Le baptême n'est pas un simple geste d'adhésion à une association, un rite social, même si chacun peut y pressentir la nécessité d'en tirer des conclusions pour une autre conception de la vie. Point n'est besoin d'attendre l'âge adulte pour la grâce de Dieu soit efficace en nous.

Penser ainsi l'action de la liberté divine en ne lui donnant accès par notre vie baptismale qu'à "l'âge de raison" ou à la suite seulement d'une véritable et complète catéchèse, c'est conditionner cette grâce efficace selon des normes humaines.

Le mystère de Dieu n'est jamais complètement perçu, même par le meilleur théologien, même par le fidèle le mieux catéchisé. "La vie éternelle, c'est qu'il te connaisse et celui que tu as envoyé", disait Jésus à son Père, à la veille de vivre le mystère rédempteur. Il ne parlait pas de connaissances livresques, mais de la connaissance que seul l'amour peut donner.

Toutes les merveilles que nous trouvons dans le monde, même ce qu'il y a de plus grand et de plus élevé dans l'homme, même dans tout élan de jeunesse et de renouveau, ce n'est encore que du créé. Ces merveilles sont des reflets de la réalité profonde qu'est la Vie de Dieu. (Jean 1. 3 à 5), mais elles ne sont que des reflets.

A PARTIR D'UNE CONTEMPLATION

"Telle est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour." (Jean 6. 40)

Tout dépend alors du comment nous voyons le Christ. Car il y a deux façons de le voir et c'est selon que nous le voyons d'une façon ou d'une autre que nous recevons ou ne recevons pas sa Vie. Dans ce passage de Jean. 6. 40, l'évangéliste n'utilise pas le terme "voir" au sens de "constater", "remarquer", mais un terme grec au sens de "contempler". La foi s'épanouit à partir d'une contemplation. "Celui qui croit a la vie éternelle."

Le baptême nous introduit par delà toute la grandeur, toute la beauté créées qu'il peut y avoir dans le monde et dans l'homme. Il nous introduit dans cette "vie incréée" dans la vie même de Dieu, associés que nous sommes à la vie même du Christ.

Dans les nouveaux baptisés, les catéchumènes d'aujourd'hui, Dieu va vivre en eux, l'Esprit-Saint va faire sa demeure au plus profond de leur être. Il ne s'agit pas alors de ne se réjouir que d'une augmentation statistique : "Il y a eu cette année plusieurs milliers d'adultes baptisés !" Il s'agit de se réjouir de cette plus grande insertion de la vie divine dans la vie des hommes.

AVEC EUX, PARTICIPER A LA VIE DE L'EGLISE

Il faut nous ressourcer, nous aussi, dans cette vie divine que saint Paul exprime ainsi :"Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi." Cette vie n'est pas seulement un partage, pas même une vie "en commun" avec Lui, c'est une véritable communion. L'oeuvre commune à Dieu et à l'homme, une synergie, est le signe majeur de l'activité qui est la nôtre : l'homme oeuvre avec Dieu et Dieu avec l'homme ( 1 Corinthiens 3. 9)


"Baptisés dans l'eau et dans l'Esprit", nous n'avons pas à nous replier sur nous-mêmes, ni même sur un petit "cénacle", chaleureux sans doute, porteur de joie et soutien dans nos difficultés. Au baptême, la vie du Christ et en Christ nous a mis en relation, en communion, avec tous ceux qui ont été, eux aussi, baptisés dans l'eau et dans l'Esprit.

Par elle, nous sommes en communion avec tous ceux qui croient. Par elle nous avons la responsabilité devant Dieu du salut de nos frères. Cette communion ne devrait jamais s'émietter en groupes restreints, même organisés autour d'individualités prestigieuses. C'est l'Esprit qui nous rassemble dans le Christ.


Par ce "rejaillissement" de notre baptême, puissions-nous vivre ce carême, et revivre en ce carême, la vie du Christ en son Eglise, avec tous nos frères, proches et lointains.

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