LE TEMPS DE LA PRIERE



PRIER AVEC LES PÈRES DE L'ÉGLISE

L'Entrée à Jérusalem
Allons à la rencontre du Christ

Venez, entrons dans Jérusalem ; gravissons ensemble le mont des Oliviers; allons à la rencontre du Christ. Il s'avance de son plein gré vers sa sainte et bienheureuse passion, afin de mener à son terme le mystère de notre salut.

Mais il vient sans ostentation et sans faste. Alors, courons avec lui qui se hâte vers sa passion ; imitons ceux qui allèrent au-devant de lui. Non pas pour étendre sur son chemin, comme ils l'ont fait, des rameaux d'olivier, des vêtements ou des palmes. C'est nous-mêmes qu'il faut abaisser devant lui, autant que nous le pouvons, par l'humilité du coeur et la droiture de l'esprit, afin d'accueillir le Verbe qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, lui que rien ne peut contenir.

C'est ainsi que nous préparerons le chemin au Christ. Nous n'étendrons pas des vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d'arbres qui vont bientôt se faner, et qui ne réjouissent le regard que peu de temps. Notre vêtement, c'est sa grâce, ou plutôt c'est lui tout entier que nous avons revêtu : Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ.

A la place des vêtements, c'est nous-mêmes que nous devons déployer sous ses pas. Nous aussi, en ce jour, disons avec les enfants, en agitant les rameaux qui symbolisent notre vie: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël.


Saint André de Crète (+ 740)


Le Jeudi-Saint
Celui qui est le Pain de la Vie


Pour les malheureux que nous sommes, quelle miséricorde peut être plus grande que celle qui a fait descendre du ciel le créateur du ciel, Lui qui a revêtu un corps terrestre, Lui qui est le fondateur de la Terre. Quelle miséricorde a poussé celui qui, dans l'éternité, demeure égal au Père, à se faire notre égal par la mortalité, qui a imposé l'allure d'un esclave au maître du monde, de sorte que celui qui est le pain de vie, a eu faim. Lui, la satiété, a eu soif; Lui, la force, s'est rendu faible ; Lui, la santé, fut blessé ; lui, la vie, est mort.

Tout cela, pour que notre faim soit apaisée, notre sécheresse arrosée, notre faiblesse fortifiée, éteinte notre faute, enflammé notre amour. Pour le Créateur, quelle plus grande miséricorde que celle d'être créé ; pour le Rédempteur d'être vendu ; pour le Très-Haut d'être humilié ; pour lui qui ressuscite d'être tué?

Il s'est livré d'abord, pour nous qui l'accablaient. Il nous est prescrit de recevoir étranger, Lui est venu chez les siens, et que les siens n'ont pas reçu. Qu'il bénisse nos âmes, Lui qui manifeste sa miséricorde sur tous nos péchés. (Sermon 207, 1 .)

Saint Augustin (+ 430)

Le Vendredi Saint
L'arbre ne porte que les fruits de l'amour

Si toutes tes vertus demeurent et ne produisent aucun fruit sur le figuier, c'est qu'il te manque la charité, on ne peut pas dire qu'une conduite excellente soit féconde si elle n'est pas engendrée par l'amour.

Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d'esprit et qu'ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur coeur. S'ils trouvent au fond de leur conscience quelque fruit de la charité, qu'ils ne doutent pas que Dieu est en eux.

Et pour devenir de plus en plus capables d'accueillir un hâte si grand, qu'ils persévèrent et grandissent dans la miséricorde par des actes. Si en effet l'amour est Dieu, la charité ne doit connaître nulle borne, car aucune limite ne peut enfermer la divinité.

Mes frères, pour traduire en actes ce bien, la charité, il est vrai que tous les temps sont bons; et les jours que nous vivons nous y exhortent plus particulièrement. Ceux qui désirent accueillir la Pâque du Seigneur avec la sainteté de l'esprit et du corps doivent s'efforcer avant tout d'acquérir cette grâce qui contient la somme des vertus et couvre une multitude de péchés.

Ce que la bonté de Dieu nous a donné, nous le rendrons ainsi à ceux qui nous ont offensés. Que les injures soient jetées dans l'oubli et que toutes les offenses soient libérées de la vengeance! Que chacun sache bien que lui-même est pécheur et, pour recevoir le pardon, qu'il se réjouisse d'avoir trouvé à qui pardonner. Ainsi nous porterons du fruit.

(Saint Léon le Grand (+ 461)

Au matin de Pâques
Voici que règne la Vie

Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau.

Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous a libérés.
Il a détruit la mort, Celui qu'elle avait étreint ;
Il a dépouillé l'enfer, Celui qui est descendu aux enfers ;
Il l'a rempli d'amertume pour avoir goûté de Sa chair.
Isaïe l'avait prédit en disant : " l'enfer fut rempli d'amertume ", lorsqu 'il T'a rencontré ;
rempli d'amertume, car il a été joué ;
bouleversé, car il fut mis à mort ;
bouleversé, car il fut anéanti ;
consterné, car il saisit un corps et trouva un Dieu.
Il prit de la terre et rencontra le ciel ;
il saisit ce qu'il voyait et tomba sur Celui qu'il ne voyait pas.

Ô mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ?
Le Christ est ressuscité, et tu as été terrassé ;
Le Christ est ressuscité, et les anges sont dans la joie ;
Le Christ est ressuscité, et voici que règne la vie ;
Le Christ est ressuscité, et plus un mort au tombeau.
Car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis ;
à Lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles -

Saint Jean Chrysostome (347-407)

Vivons Pâques, nous sommes ressuscités !
La Parole de Dieu est un arbre de Vie

iLe Seigneur a coloré sa Parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu'il aime. Dans sa Parole, il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite. La Parole de Dieu est un arbre de vie qui, de tous côtés, te présente des fruits, si tu es de la bonne terre.

Celui qui obtient en partage une de ces richesses ne doit pas croire qu'il y a seulement, dans la Parole de Dieu, ce qu'il y trouve. Il doit comprendre au contraire qu'il n'a été capable d'y découvrir qu'une seule chose parmi bien d'autres. Enrichi par la Parole, il ne doit pas croire que celle-ci est appauvrie. Nous sommes incapables de l'épuiser. Rends grâce pour sa richesse, réjouis-toi parce que tu es rassasié, et ne t'attriste pas de ce qui te dépasse.

Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne regrette pas ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part; mais ce qui reste est aussi ton héritage comme il est celui de tes frères. Ce que tu n'as pas pu recevoir aussitôt, à cause de ta faiblesse, tu le recevras une autre fois, situ persévères. N'aie donc pas la mauvaise pensée de vouloir prendre d'un seul trait ce qui ne peut pas être pris en une seule fois ; et ne renonce pas, par négligence, à ce que tu es capable d'absorber encore.

Saint Ephrem ( + 373)

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