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SYNODE DES ÉVÊQUES POUR LE MOYEN-ORIENT
10 AU 24 OCTOBRE 2010


 

 

Mardi 12 octobre : Quatrième congrégation générale - extraits  
S. B. Gregorios III LAHAM, B.S., Patriarche d'Antioche des Grecs-Melkites,
Archêveque de Damas des Grecs-Melkites (SYRIE)

La paix, la convivialité et la présence chrétienne dans le monde arabe sont liés d’une manière existentielle et ferme. La présence chrétienne dans le monde arabe est menacée par les cycles de guerres qui s’abattent sur cette région berceau du christianisme.

La cause principale est le conflit israélo-palestinien: les mouvements fondamentalistes, le mouvement Hamas, le Hezbollah sont les conséquences de ce conflit comme les discordes internes, la lenteur dans le développement, la naissance de la haine, la perte de l’espoir chez les jeunes qui sont 60 % de la population des pays arabes.

L’émigration des chrétiens : Parmi les suites les plus dangereuses du conflit israélo-palestinien: l’émigration qui fera de la société arabe une société d’une seule couleur, uniquement musulmane face à une société européenne dite chrétienne. Si cela arrivait, et que l’Orient est vidé de ses chrétiens, cela voudrait dire que toute occasion serait propice pour un nouveau choc des cultures, des civilisations et même des religions, un choc destructeur entre l’Orient arabe musulman et l’Occident chrétien.

S. Ém. le Card. John Patrick FOLEY,
Grand Maître de l'Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (CITÉ DU VATICAN)

Comme des messagers de la paix du Christ, je suis convaincu que nous tous devons prier et travailler pour la paix au Moyen-Orient, tout particulièrement pour une paix juste et durable entre la Palestine et Israël et parmi ses voisins.
Je suis convaincu que la tension permanente entre les Israéliens et les Palestiniens a grandement contribué aux troubles dans tout le Moyen-Orient, tout comme à la croissance du fondamentalisme islamique.

Au moment où beaucoup, y compris le Saint-Siège, ont suggéré une solution à la crise israélo-palestinienne avec deux États, plus le temps passe plus il devient difficile de trouver une telle solution, car la construction des colonies israéliennes, le contrôle israélien des infrastructures à Jérusalem Est et dans d’autres parties de la Cisjordanie, rendent encore plus difficile le développement d’un État palestinien viable et intégral.

Lors du pèlerinage historique du Saint-Père en Terre Sainte de l’an dernier, j’ai eu l’occasion d’avoir de brèves conversations au plus haut niveau avec des leaders politiques de Jordanie, d’Israël et de Palestine. Tous ont parlé de la grande contribution à l’entente réciproque accomplie par les écoles catholiques dans ces trois régions. Depuis que les écoles catholiques sont ouvertes à tous, et non seulement aux catholiques et aux autres chrétiens, beaucoup de musulmans et même certains enfants juifs y sont scolarisés. Les effets sont visibles et sont une source d’inspiration. Le respect réciproque est engendré, et cela, nous l’espérons, mènera à la réconciliation, voire à l’amour réciproque.

- S. B. Fouad TWAL, Patriarche de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)

L’Église Mère de Terre Sainte est une réalité bien concrète et vivante, même si elle est très minoritaire. Fondamentalement, les chrétiens de nos pays ne sont pas des convertis d’un certain moment de l’histoire, mais des descendants de la toute première Communauté, formée par Jésus Christ lui-même. ...

Aimer la Terre Sainte implique la visite des Lieux Saints et la rencontre avec la Communauté locale.
- Aimer la Terre Sainte est aussi la servir: ne laissez pas votre Église Mère seule et isolée. Aidez-la par vos prières, votre amour et votre solidarité, évitant qu’elle ne devienne un grand musée à ciel ouvert. Se taire par peur devant la situation dramatique que vous connaissez serait un péché d’omission.

- S. Exc. Mgr Basile Georges CASMOUSSA, Archevêque de Mossul des Syriens (IRAQ)

Dans nos pays du Moyen-Orient, nous sommes des minorités infimes, ravagées déjà considérablement par les facteurs suivants:

1. L'émigration galopante, ou les Chrétiens perdent de plus en plus confiance dans leurs propres pays historiques.

2. Les vagues de terrorisme, inspiré par des idéologies religieuses, qu’elles soient islamiques ou totalitaires, déniant le principe même de la parité, au profit d'un négationnisme fondamental qui écrase les minorités, dont les Chrétiens, maillon le plus vulnérable.

3. La baisse alarmante des naissances chez les Chrétiens, face à une natalité toujours prospère chez les Musulmans.

4. L'accusation injuste contre les Chrétiens d'être des troupes louées ou menées par et pour l'Occident soi-disant "chrétien", et ainsi considérés comme un corps parasite à la Nation. Présents et actifs ici, bien avant l'Islam, ils se sentent indésirables dans leur propre terre, qui devient de plus en plus une "Dar el-Islam" réservée.

L'Occident lui-même n'est pas plus tendre: le terme "chrétien" n'évoque guère pour lui que la dimension religieuse. Quasiment jamais l'aspect social de groupe humain lésé dans ses droits fondamentaux, dans son identité culturelle, dans ses biens, dans son existence même, à cause de sa religion. Voilà le Chrétien oriental en pays d'Islam condamné soit à la disparition, soit à l'exil.

- S. Exc. Mgr Ramzi GARMOU, Archevêque de Téhéran des Chaldéens, Administrateur Patriarcal d'Ahwaz des Chaldéens,
Président de la Conférence épiscopale iranienne (IRAN)


... Tandis que la mission de l'évangélisation nous appelle à vivre la diversité qui caractérise les vénérables Traditions de nos Églises dans une communion profonde qui manifeste leur richesse et leur beauté.

Une Église ethnique et nationaliste s'oppose à l'oeuvre de l'Esprit Saint et à la volonté du Christ qui nous dit : “Mais vous allez recevoir une puissance, celle de l'Esprit-Saint qui viendra sur vous, vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre” ( Act 1,8).

..."L' Intrumentum Laboris ", a presque ignoré l'importance vitale de la vie monastique et contemplative pour le renouveau et le réveil de nos Églises. Cette forme de vie qui a vu le jour en Orient, a été à l'origine d'une expansion missionnaire extraordinaire et d'un témoignage admirable de nos Églises aux premiers siècles. L'histoire nous apprend que les Évêques étaient choisis parmi les moines, c'est-à-dire des hommes de prière et d'une profonde vie spirituelle, ayant une grande expérience dans les “choses de Dieu”. Aujourd'hui malheureusement , le choix des Évêques n'obéit pas aux mêmes critères et nous constatons les résultats qui ne sont pas toujours heureux, malheureusement.

- Exc. Mgr Bosco PUTHUR, Évêque titulaire de Foratiana,
Évêque de Curie d'Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabares (INDE)

....Cette immigration interpelle aussi nos Églises. Il y a là une responsabilité pastorale pour accompagner ces personnes tant au plan religieux qu’au plan social”.

Les fidèles syro-malabars sont présents dans la région du Golfe depuis les années 60. Ils dépendent entièrement des Vicariats latins du Koweït et de l’Arabie en ce qui concerne leurs besoins pastoraux. Ces structures ecclésiastiques créées au XXème siècle pour quelques centaines d’immigrés ne sont plus du tout adéquates pour prendre soin de millions de fidèles désormais présents dans cette région.
Nous reconnaissons avec gratitude les efforts des deux Vicaires apostoliques de cette région.

Cependant, la situation de la pastorale des fidèles syro-malabars dans les pays du Golfe est tout à fait inadaptée et insatisfaisante. Il y a au moins 430 000 immigrés syro-malabars dans la région (190 000 en Arabie Saoudite, 110 000 aux Emirats Arabes Unis, 45 000 en Oman, 40 000 au Koweit, 35 000 au Bahreïn et 10 000 au Qatar), mais à ce jour pas une seule paroisse n’a été érigée pour eux. Il n’existe pas de pastorale propre, pas plus que de formation à la foi et de catéchèse des fidèles syro-malabars selon leur propre tradition ecclésiale, sauf à Doha.

La hiérarchie syro-malabare n’est pas du tout impliquée ni invitée à cet usage. La seule église à avoir été construite pour nos fidèles à Doha n’a pas encore été érigée en paroisse, mais demeure une annexe de la paroisse latine. En outre, de sérieuses restrictions ont été faites à la hiérarchie syro-malabare par le “Rescript” du Saint-Siège empêchant dans cette région toute participation de notre Église en matière de pastorale appropriée envers nos fidèles.

La communauté est dans une situation précaire et nombreux sont ceux qui ont commencé à être indifférents à la pratique de la foi catholique. Les Ordinaires locaux ne sont ni capables ni adéquatement préparés pour mettre en place une pastorale propre selon l’héritage de l’Église particulière. Aucune liberté n’est accordée à l’Église syro-malabare pour qu’elle prenne soin de ses fidèles dans la région, un droit qui est envisagé par les enseignements du Concile Vatican II, par le Droit Canonique, ainsi que par d’autres documents magistériels. Les prêtres religieux travaillant actuellement dans la région n’ont pas la formation pastorale et liturgique nécessaire pour prendre soin de nos fidèles.

Comme il y a une inadéquation en matière de pastorale, il y a même un danger toujours plus croissant pour nos fidèles, à savoir celui de se laisser fourvoyer par les groupes pentecôtistes qui se développent dans la région du Golfe. Il est donc essentiel de confier la pastorale des fidèles syro-malabars à notre propre Église, érigeant des structures ecclésiales propres et garantissant la juridiction de notre hiérarchie. Contrairement à l’opinion généralement véhiculée par certains ecclésiastiques, les gouvernements de la région du Golfe sont en général ouverts aux Communautés chrétiennes, en raison du fait qu’ils ont maintenant besoin de travailleurs immigrés.

Nous espérons et prions afin que le Siège Apostolique puisse prendre des mesures appropriées afin de rétablir la grave situation dans cette région et de permettre à tous ceux qui sont concernés de fournir à nos fidèles une pastorale adéquate et qui soit conforme à la tradition liturgique et spirituelle des Chrétiens de saint Thomas.

- S. B. Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des Syro-Malankares (INDE)

... Comme nous le suggéra le Pape Jean-Paul II d’heureuse mémoire, il faut rechercher une nouvelle forme du Ministère pétrinien, sans abandonner ce qui est essentiel dans le Ministère de l’Évêque de Rome en tant que Souverain Pontife (Ut Unum Sint 95). La pleine communion avec nos Églises soeurs au Moyen-Orient accroîtra miséricordieusement notre communion et notre témoignage dans le monde.

- S. Exc. Mgr Dimitrios SALACHAS, Exarque apostolique pour les catholiques de rite byzantin résidents en Grèce (GRÈCE)

L’émigration massive des fidèles catholiques orientaux du Moyen-Orient en Occident dans des territoires de circonscriptions ecclésiastiques latines pose la question urgente de leur soin pastoral, ainsi que de leur situation juridique.

... Les fidèles des Églises orientales, bien que confiés au soin pastoral d’un évêque ou d’un curé d’une autre Église sui iuris, y compris également l’Église latine, restent toutefois toujours inscrits dans leur propre Église, et sont tenus à observer partout dans le monde leur propre rite, compris comme un patrimoine liturgique, spirituel et disciplinaire propre.

Un autre principe est le suivant: dans les lieux où n’a pas encore été constitué par le Siège apostolique une hiérarchie propre pour les fidèles orientaux, il faut comprendre comme supérieur propre (Ordinaire) de ces mêmes fidèles, le supérieur d’une autre Église sui iuris, même de l’Église latine, c’est-à-dire qu’ils sont juridiquement soumis à la juridiction de l’Évêque du lieu, même de l’Église latine (can. 916, § 5)

Pour ces cas, le droit et le devoir de l’Évêque latin - qui a dans son diocèse des fidèles orientaux catholiques - est de sauvegarder et de garantir à ces fidèles le respect de leur propre rite, c’est-à-dire leur propre liturgie et discipline canonique, et de pourvoir à la création des ces structures ecclésiales canoniques prévues également par le code latin, comme par exemple la création des paroisses personnelles. En outre, il est bien connu qu’en matière de sacrements d’initiation chrétienne et de mariage, les deux Codes établissent des normes différentes, qui codifient respectivement la légitime diversité de la tradition latine et orientale. Cela implique que l’Évêque ou le curé latins connaissent suffisamment ces légitimes différences et favorisent en pratique le respect de la tradition orientale pour les fidèles orientaux soumis à leur propre juridiction, sans imposer aux orientaux - leur sujets - la discipline et la pratique latines, comme il arrive souvent par simple ignorance dans des pays occidentaux.

. ..C’est pourquoi l’émigration crée de nouvelles urgentes nécessités pastorales qui requièrent toutefois une connaissance, même sommaire, de ces normes, à savoir que les évêques orientaux connaissent la législation latine et que les évêques latins connaissent la législation orientale.

- M. Harés CHÉHAB, Secrétaire général du Comité National pour le Dialogue Islamo-Chrétien (LIBAN) (auditeur)

Malheureusement, les colloques et multiples conférences qui traitent du Dialogue Islamo-Chrétien, du succès duquel dépend en grande partie la pérennité de la présence active chrétienne dans notre Région, n'accorde pas la place primordiale que ces sujets méritent, se contentant de mettre l'accent sur les points de convergence, certes utiles, mais l'occultation de ces problèmes, ou dans la meilleure des hypothèses, leur approche de façon timide, n'ont pas beaucoup fait avancer notre Cause. Bien au contraire. Les acquis obtenus demeurent fragiles et s’estompent dès la première rencontre d'une difficulté sérieuse. Et c'est ainsi que le fossé se creuse de plus en plus entre les tables de Conférence sur le Dialogue, et le vécu au quotidien, et où la littérature utilisée et la convergence sur certains points ne trouvent pas le chemin vers une application pratique.

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