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Actualités et dépêches - infocatho
SYNODE DES ÉVÊQUES POUR LE MOYEN-ORIENT
10 AU 24 OCTOBRE 2010


 

 

Jeudi 14 octobre : Sixième congrégation générale - extraits  

S. Exc. Mgr William Hanna SHOMALI,
Évêque titulaire de Lidda, Évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins (JÉRUSALEM)

L'Église respire par ses deux poumons, écrivait Jean-Paul II: les Églises Orientales et l'Église Catholique latine. Ces deux traditions se sont rencontrées d'une façon heureuse en Orient.
L'Église latine d'Orient n'est pas occidentale, même si elle comprend beaucoup d'Occidentaux: un chrétien arabe qui appartient à cette église se sent 100 % oriental et 100 % de rite latin.

... Les chants liturgiques sont passés de la phase d'imitation et d'emprunt à la phase de créativité. Dans la première phase, nos ancêtres empruntaient au chant grégorien, aux répertoires de chants européens et à la liturgie syriaque maronite. Dans une deuxième phase, nous sommes passés à la créativité. Nos musiciens, connaissant le génie de la liturgie latine comme la précision, la concision et la clarté, ont composé des chants de valeur. Ils ont même mélangé la tradition grégorienne à la musique orientale, comme pour le chant des psaumes.....

... Nous souhaitons vivement l'unification de la fête de Pâques avec les Églises Orthodoxes. Cela implique aussi l'unification de la période du carême et pourquoi pas aussi la modalité de vivre l'abstinence et le jeûne. Comme le jeûne est une valeur respectée dans l'Islam et dans le judaïsme, il est souhaitable que les catholiques de rites orientaux et les latins unifient aussi leur manière de jeûner. Ce serait un signal positif pour les chrétiens et également pour les non chrétiens.

... La mission d'évangélisation et de sanctification passe par la liturgie. La liturgie latine au Moyen-Orient a un rôle à jouer dans le respect total des liturgies orientales qui ont elles aussi un grand mérite dans la catéchisation et la sanctification de leurs fidèles.

S. Exc. Mgr Cyrille Salim BUSTROS, S.M.S.P.,
Archevêque de Newton des Grecs-Melkites (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)


Les musulmans répètent à qui veulent entendre : " L'Islam est la religion de la tolérance." Et ils fondent ce slogan sur la fameuse phrase du Coran : "Pas de contrainte en matière de religion." D'un côté, et en principe, l'affirmation de la tolérance est claire dans le Coran. Mais de l'autre côté, et en fait, les lois de tous les pays arabes, sauf le Liban où il est permis de changer de religion, menacent de mort tout musulman qui se convertit à une autre religion. Nous demandons ici : où se trouve la tolérance ? Comment concilier la tolérance de principe claire dans le Coran avec la menace de mort posée comme l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de tout musulman qui oserait penser à changer de religion ?
Cette loi de menace de mort est basée, dit-on, sur un prétendu hadith du prophète Mohammad disant: "Quiconque d'entre vous abjure sa religion, tuez-le. "
Comment sortir de cette impasse ? La seule voie, me semble-t-il, est le dialogue avec les musulmans éclairés pour aboutir à la nécessité d'interpréter les lois musulmanes dans leur contexte historique, et de montrer que ce hadith, ou bien ne provient pas du prophète, mais d'un Khalife qui, au moment des conquêtes musulmanes, a inventé ce hadith pour protéger la société musulmane, ou bien, s'il provient du prophète, il faudrait l'interpréter dans son contexte historique. Et le principe de tolérance fixé clairement par le Coran doit passer avant toute loi établie par la suite pour des raisons historiques.

- S.Exc. Mgr Robert Joseph SHAHEEN
Évêque de Our Lady of Lebanon de Los Angeles des Maronites (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)


Je voudrais suggérer à votre intention quelques idées et projets:
- Les pressions ne devraient pas être limitées à nos fidèles des Églises orientales, mais pourraient bénéficier d’un plus fort soutien et sûrement d’un meilleur impact si l’Église catholique romaine unissait ses forces.
- Il serait bénéfique de travailler avec les Églises orthodoxes et protestantes à l‘étranger dans la recherche de moyens visant à aider nos frères et soeurs au Moyen-Orient.
- Ce serait une grande initiative que d’organiser, sur base annuelle et dans toutes les Églises, un Week-end de conscience mondiale concernant les Chrétiens au Moyen-Orient.
- Beaucoup de nos fidèles viennent en aide à leurs familles. Il serait bénéfique de créer des sortes de fonds pouvant contribuer à la création d’emplois et d’opportunités.

- S. Exc. Mgr Jean TEYROUZ, Évêque titulaire de Mélitène des Arméniens,
Évêque de Curie de Cilicie des Arméniens (LIBAN)


Qui dit émigration, dit diaspora. Des Églises Patriarcales ont des diasporas qui comptent beaucoup plus de fidèles que sur leur propre territoire. Le Pape Jean-Paul II demande de maintenir et d'intensifier les relations entre les communautés catholiques de la diaspora et les différents patriarcats. En effet, une communauté locale ne peut pas vivre coupée de son centre d'unité (Espérance nouvelle ... n°89). Dans la même Exhortation, le Pape parle des "racines historiques de nature religieuse qui font partie de l'identité nationale"(1) et met en relief leur "caractère prophétique" (n°21).

4.- Les Églises Orthodoxes jouissent de plus de pouvoirs dans toutes les affaires de leur patriarcat. Dans une perspective oecuménique, ne pas accorder aux Églises Orientales Catholiques plus de pouvoirs juridictionnels constitue un obstacle et risque de les voir disparaître un jour. Ne pas planifier pour l'avenir c'est se vouer à l'échec. La vie a sa propre façon de punir les retardataires. En revanche, que ces mêmes Églises aient plus de juridiction, n'est-il pas un stimulant promouvant l'unité des Églises?
En conclusion, n'est-il pas souhaitable que l'Église Catholique accorde plus de pouvoirs juridictionnels aux patriarches des Églises sui iuris pour le bien de toutes les Églises, Catholiques et Orthodoxes?

- S. Exc. Mgr Georges BOU-JAOUDÉ, C.M.,
Archevêque de Tripoli du Liban des Maronites (LIBAN)


L'instrumentum boris a fait à peine allusion au rôle des laïcs dans l'Église et leur relation au clergé et aux Évêques. De même, des laïcs ont toujours été chargés de la gestion des biens et des propriétés de l'Église; d'autres, ordonnés sous-diacres, aidaient dans les relations avec l'autorité civile.
De nouveaux mouvements sont nés inspirés de ceux fondés en Occident. Certains se sont inculturés dans les Églises orientales, et d'autres pas encore.

- S. Exc. Mgr Camillo BALLIN, M.C.C.J.,
Évêque titulaire d'Arna, Vicaire apostolique du Koweït (KOWEÏT)


Dans la tradition musulmane, le Golfe est la terre sacrée du prophète de l'Islam, Mohamed, et nulle autre religion devrait y exister. Comment pouvons-nous vivre cette affirmation avec la réalité de nos Églises dans le Golfe où il y a environ trois millions de catholiques ? Ils proviennent des pays d'Asie et d'ailleurs. La réalité de leur présence qui ne peut être occultée, interroge l'affirmation musulmane. Nous ne pouvons pas réduire notre assistance à ces fidèles uniquement à la célébration de la messe du dimanche, ou même quotidienne, et à nos homélies.

Il nous faut récupérer l'aspect missionnaire de l'Église. En effet, une Église qui n'a pas un esprit missionnaire et qui se referme sur elle-même, sur ses propres dévotions et traditions, est destinée à vivre une vie qui n'est pas la vie “en abondance” voulue par le Seigneur. En cela, les Congrégations missionnaires latines ont un rôle très important à remplir.

- S. Exc. Mgr Paul Nabil EL-SAYAH, Archevêque d'Haïfa et de Terre Sainte des Maronites,
Exarque patriarcal du Patriarcat d'Antioche des Maronites (ISRAËL)


La question oecuménique au Moyen-Orient en général, et en Terre Sainte en particulier, est devenue l’un des défis les plus importants pour l’Église depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui. Nous avons 13 Églises principales à Jérusalem, avec des traditions et des mémoires qui sont plus endurcies que partout ailleurs dans le monde, et des frontières physiques et psychologiques clairement dessinées. Le scandale de nos divisions est souvent transmis en direct au monde entier par les moyens de communication, spécialement lorsque les conflits éclatent près du Saint-Sépulcre le Vendredi Saint ou de l’église de la Nativité le matin de Noël, sous l’oeil des médias internationaux.

En accord avec les objectifs du Synode, je traiterai le sujet en abordant trois points:
1) Notre identité en tant que chrétiens sera toujours déficitaire tant que nous ne nous efforcerons pas de poursuivre sérieusement l’agenda oecuménique.
2) La communion au sein de chacune de nos Églises et entre elles est une condition sine qua non pour rencontrer nos Églises soeurs et les autres communautés chrétiennes et pour cultiver un authentique esprit oecuménique.
3) Le témoignage ne peut être véritablement authentique sans que nos Églises soient ensemble et travaillent ensemble. Relever le défi oecuménique n’est pas pour nous une option mais une nécessité absolue.

1) Je souhaite exhorter nos Églises à faire le nécessaire afin de sauver le Conseil des Églises du Moyen-Orient qui semble être sur le bord de l’effondrement. Il s’agit de la seule structure qui rassemble l’ensemble de nos Églises. Sa disparition constituerait une grande perte pour la cause oecuménique.2) Il faut donner à l’agenda oecuménique une plus grande importance au niveau local selon les circonstances de chaque Diocèse, paroisse ou communauté.

- S. Exc. Mgr Georges KAHHALÉ ZOUHAÏRATY, B.A., Évêque titulaire d'Abila de Lisania,
Exarque apostolique pour les fidèles grecs-melkites résidant au Venezuela (VENEZUELA)

En référence aux numéros 43 et 48 du chapitre 4 sur le thème de l’émigration, il est très important de considérer la question suivante: quel sera l’avenir de ce phénomène de l’exode de milliers de familles et de personnes vers d’autres pays et d’autres continents ? Dans les pays d’émigration, nous sommes déjà à la troisième ou à la quatrième génération. C’est un grand potentiel humain que perdent les pays d’origine du Moyen-Orient, en particulier la Terre Sainte. Par ailleurs, d’un point de vue religieux: que peuvent faire quelques Évêques ou Exarques apostoliques et une petite quantité de prêtres face à un océan d’émigrés installés dans ces nouveaux pays?...

...- L’Église orientale dans les pays d’émigration, spécialement dans le Nouveau Monde, peut enrichir par sa liturgie la vision théologique et patristique de l’Occident. Nous espérons donc que le Saint-Siège nous aide à conserver nos traditions comme dans notre Orient. Certaines Conférences épiscopales, conscientes du rôle de ces Églises, ont soutenu leurs revendications afin de conserver leur patrimoine apostolique.

- S. Exc. Mgr Thomas MERAM, Archevêque d'Urmy? des Chaldéens,
Évêque de Salmas, Shahpour des Chaldéens (IRAN)


...Jusqu’à ce jour, je peux dire avec le prophète David :”Pour toi, chaque jour nous sommes tués”. Le chrétien porte chaque jour sa croix, poursuit son chemin vers le Golgotha, offre un témoignage vivant et silencieux; ce témoignage silencieux est un cri qui retentit. Toutes les personnes de bonne volonté entendent ce retentissement. Le chrétien entend tous les jours les hauts-parleurs, la télévision, les journaux ou la presse le traiter d’impie; il est traité comme citoyen de seconde zone, mais il résiste toujours sans nier sa foi, au contraire, il se confirme en elle et en devient plus fier.

Jusqu’à ce jour, je peux dire avec le prophète David :”Pour toi, chaque jour nous sommes tués”. Le chrétien porte chaque jour sa croix, poursuit son chemin vers le Golgotha, offre un témoignage vivant et silencieux; ce témoignage silencieux est un cri qui retentit. Toutes les personnes de bonne volonté entendent ce retentissement. Le chrétien entend tous les jours les hauts-parleurs, la télévision, les journaux ou la presse le traiter d’impie; il est traité comme citoyen de seconde zone, mais il résiste toujours sans nier sa foi, au contraire, il se confirme en elle et en devient plus fier.

S. Ém. le Card. André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris,
Ordinaire pour les fidèles de rite oriental résidents en France et dépourvus d'ordinaires de leur propre rite,
Président de la Conférence épiscopale (FRANCE)

... L'expérience des relations séculaires de l'Église catholique en France avec les Églises orientales se caractérise par plusieurs points forts :

Cette intégration s'accompagne de relations fraternelles avec les communautés latines de nos pays. Il s'agit pour les catholiques latins d'élargir leurs horizons ecclésial et spirituel. La découverte des liturgies orientales et des communautés qui en vivent peut certainement aider nos paroisses latines à reconnaître un sain pluralisme dans l'expression de la prière.

Je ne peux manquer de soulever la question de l'assistance pastorale aux communautés orientales. Dans notre pays, nous observons la règle fixée par le Siège apostolique: un prêtre d'une Église catholique orientale, marié, ne peut pas recevoir de mission pastorale en territoire latin. Et, sauf exceptions rarissimes, nous nous tenons à cette règle. La mobilité de la société actuelle change la compréhension de la notion de "territoire" et je crois savoir que d'autres pays d'Europe ne sont pas astreints à la même règle. Quoiqu'il en soit, certaines Églises patriarcales rencontrent des difficultés de plus en plus grandes à trouver les prêtres célibataires pour le service de leurs communautés en pays " latins ".

 

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