RÉCONCILIATION, JUSTICE ET PAIX

BENOIT XVI AU BÉNIN
DU 18 AU 20 NOVEMBRE 2011

 

   
  A Cotonou, Benoît XVI ne vient pas seulement fêter l'anniversaire d'une jeune Église, mais aussi il vient transmettre à toutes ces Églises d'Afrique, de l'antique chrétienté d'Égypte jusqu'aux plus jeunes de l'Afrique sub-saharienne, l'ensemble des préoccupations de l'Église universelle, non pas dans des domaines de structures mais dans l'annonce de l'Évangile de Jésus-Christ à ceux et celles qui L'ignorent, Le méconnaissent, comme au Peuple de Dieu, "à l'Église-Famille de Dieu", dans les situations actuelles et à venir que connaîtront ces communautés chrétiennes.  
Ce message, appelé "Exhortation apostolique", est le fruit d'une étude menée, pendant de longs mois, par toutes les instances de l'Église au cours d'échanges et de travail en commun et à tous les niveaux de la communauté ecclésiale.

Ce dossier que nous ouvrons ne peut tout dire, ni aborder et encore moins cerner toutes les questions qui sont celles d'une Église et d'un continent aux multiples spécificités.

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  Il est donc en plusieurs étapes : il vous donne aujourd'hui le cheminement des démarches initiées par le Concile Vatican II. Nous vous renvoyons également à d'autres sources de connaissances sur les sites internet du Bénin, du Vatican et d'autres médias catholiques.

Lorsque ce message transmis par Benoît XVI sera public, c'est-à-dire à partir du 22 novembre, nous l'éclairerons par l'histoire, par des données concernant les diverses situations actuelles en Afrique et concernant les relations du Peuple de Dieu en Afrique avec les "services" de l'Église au Vatican.

Dès maintenant, et pour suivre au jour le jour le déroulement de ces événements, vous pouvez vous reporter, entre autres sites ...
- au site initié par l'Église au Bénin.
- à KTO tv.
- au "Jour du Seigneur"
- Les informations de Radio-Vatican
 
  UNE ÉGLISE AUX MULTIPLES VISAGES  


Multiples sont les visages de cette Afrique et de son Église. Saint Marc a évangélisé l'antique Égypte. Saint Frumence, d'origine syrienne et de culture grecque, fut le premier évêque d'Aksoum en Éthiopie. L'Église de saint Augustin disparut lors de la conquête arabe et des centaines de "diocèses in partibus" le rappellent.

 

De multiples États



l'Afrique subsaharienne et noire


Les régions

Ces Églises africaines ont été marquées par une évangélisation diverse et selon le déroulement de l'histoire.

La colonisation portugaise a imprégné le Mozambique et l'Angola dans leur culture comme dans leur langue portugaise. Des conférences épiscopales de l'Afrique occidentale, sans doute marquée par la culture britannique, se sont regroupées dans "Association of the Episcopal Conferences of Anglophone West Africa (A.E.C.A.W.A."), indépendante de l'Association régionale des Conférences Episcopales de l’Afrique de l’Ouest Francophone (C.E.R.A.O.) L'évangélisation francophone au XIXème siècle se distançait de la colonisation française dans son approche des cultures africaines.

Des guerres de l'indépendance aux guerres civiles qui ont été jusqu'aux génocides éthniques, l'Afrique a connu également cette hémorragie séculaire que furent la traite négrière vers l'Orient arabe ou la traite négrière vers les rivages des Amériques.

Les régions elles-mêmes sont des regroupements très diversifiés selon qu'on parle des régions "ecclésiales", des instances politiques, ou des intérêts économiques. A quoi s'ajoutent d'autres problèmes comme ceux qui peuvent conduire à une véritable "balkanisation" de le R.D Congo ou du Nigeria.

Et l'on pourrait continuer en bien d'autres domaines. Le rite zaïrois est bien loin des rites tehawedo de l'Éthiopie, à plus forte raison des réalités liturgiques de certains communautés chrétiennes bien éloignées de certaines traditions romaines.

La pauvreté

Une démographie galopante

Une liturgie en brousse

Des rites romains
  Même en 40 pages, l'Exhortation apostolique ne peut en effet tout prendre en compte des famines aux richesses minières, d'une urbanisation galopante aux villages de la brousse. Les orientations des "propositions" faites au terme du Synode d'octobre 2010 ont préféré aller à l'essentiel, l'homme dans la réconciliation la justice et la paix, grâce au Christ dans l'unité ecclésiale au service du "Peuple-Famille de Dieu" en Afrique.  
 
DE VATICAN II AU SYNODE POUR L'AFRIQUE
 
 

Cette insertion de l'Évangile dans la vie africaine actuelle est le fruit du Concile Vatican II qui rendit possible la création d'institutions nouvelles. Peut-être un conseil permanent d'évêques particulièrement qualifiés, choisis dans toute l'Église, pourrait-il remplir une fonction législative en union avec le Souverain Pontife et les cardinaux de la Curie Romaine. Les Congrégations Romaines ne garderaient alors qu'un pouvoir consultatif et exécutif.

Ce fut Paul VI qui donna force à ces idées. Dans un discours commémorant la mort du Pape Jean XXIII, il évoquait une « collaboration permanente de l'épiscopat, qui n'est pas encore en exercice et qui serait à la fois personnelle et unifiante. À l'organisme constitué en vue de cette collaboration serait donnée la responsabilité de gouverner l'Église».

Il revint fréquemment sur l'idée de la collaboration à l'intérieur du corps épiscopal, - les évêques en union avec le successeur de Saint Pierre, - dans une allocution à la Curie Romaine (21 septembre 1963), puis à l'ouverture de la Deuxième Session du Deuxième Concile du Vatican (29 septembre 1963), et, finalement à la fin du Discours inaugural de la dernière Session du Concile Vatican II (14 septembre 1965).

 

Paul VI lui-même rendit publique son intention d'établir le Synode des Évêques, en ces termes: " Cela Nous est une joie d'annoncer que va être institué, selon le souhait de ce Concile, un ‘Synode des Évêques’, constitué d'évêques nommés en majorité par les Conférences épiscopales, avec notre approbation. Ce Synode sera convoqué par le Souverain Pontife, selon les besoins de l'Église, afin d'apporter ses avis et son concours, quand le bien général de l'Église paraîtra l'exiger."

Cette coopération initiale entre les évêques d'Afrique s'est alors institutionnalisée par la création, à Kampala, du Symposium des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (S.C.E.A.M.), lors de la visite du Pape Paul VI en Ouganda en juillet-août 1969, la première visite en Afrique d'un Pape des temps modernes.


 
  Une consultation des Conférences épiscopales et de tous les évêques d'Afrique et de Madagascar fut organisée. " Ce qui me permettait de décider la convocation d'une Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des Évêques," déclara Paul VI.

Le 6 janvier 1989, dans le cadre de la solennité de l'Épiphanie, Jean-Paul II concrétisait cette "initiative d'une grande importance pour la diffusion de l'Évangile", précisant alors : "J'accueillais ainsi la requête souvent exprimée depuis quelque temps par des évêques d'Afrique, des prêtres, des théologiens et des responsables du laïcat, "dans le but de favoriser une solidarité pastorale organique dans tout le territoire africain et les îles adjacentes".
 
  LE SYNODE DE 1994  
  Centrée sur l'inculturation, l'assemblée de 1994 partait de la conviction que Jésus-Christ est une « Bonne Nouvelle pour l'Afrique ».

Cette conviction n'a pas changé. Quelles figures du Christ l'expérience synodale africaine a-t-elle permis d'approfondir ? Et depuis, quel visage des communautés chrétiennes donnent-elles à voir ? En posant ces questions, évitant de s'attarder dans les considérations dogmatiques, on en vint à s'interroger sur l'impact de l'Évangile dans les situations concrètes.

L' Exhortation apostolique "Ecclesia in Africa", rédigée, par Jean-Paul II à partir des propositions du Synode, désignait les grandes plaies dont souffre l'Afrique : violences, guerres, oppositions tribales, détournement des richesses nationales, connivence avec les intérêts privés, etc.

Si le premier « synode africain », en 1994, s'était concentré sur l'héritage et les perspectives d'inculturation. Le 2ème se veut avant tout attentif au « cri de l'homme africain ». Annoncé par Benoît XVI en juin 2006, il a comme thème : « L'Église en Afrique. Réconciliation, justice et paix ». Son objectif est de promouvoir la justice sociale et la libération de toutes les aliénations qui affligent l'Afrique, avec l'ambition de faire naître une nouvelle espérance.

La liste des malheurs de l'Afrique n'a guère varié. Au regard de ce sombre tableau, on comprend que la prochaine assemblée « africaine » du Synode ait choisi de porter sa réflexion sur la justice et la paix.
 
  LES "LINEAMENTA" PRÉPARATOIRES AU 2ème SYNODE  
 

Dès cette date, des experts africains et romains du secrétariat du Synode des évêques se mirent en relation avec l’Eglise et les communautés chrétiennes d’Afrique, pour établir les grandes lignes que devait concrétiser un tel projet.

Chaque conférence épiscopale africaine fut invitée à traduire ces grandes lignes, les lineamenta, dans les langues locales pour encourager une grande participation communautaire à la préparation synodale. Les réponses des organismes intéressés devaient parvenir à Rome avant la fin du mois d’octobre 2008, en vue de l’élaboration de "l’Instrumentum laboris", l'instrument de travail, destiné au Synode, en octobre 2009.


L'intention concrète des "Lineamenta" était d'amorcer la démarche synodale dans la recherche des orientations évangéliques à promouvoir face aux défis que posent à l'Église en Afrique des guerres civiles larvées, une pauvreté permanente, une démographie galopante, une urbanisation qui peut désagréger les anciennes structures pastorales souvent rurales, la situation de déshumanisation et d’oppression qui afflige les peuples africains, une pression islamiste non seulement au nord de l'Afrique, mais dans bien d'autres régions; une coopération active en Afrique avec l'Église copte, avec l'Église du patriarcat orthodoxe d'Alexandrie, avec les Églises protestantes et évangéliques et avec les communautés de la Communion anglicane
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  L'INSTRUMENT DE TRAVAIL DU SYNODE  
  Au terme de ces longs et nombreux échanges et dialogues, le secrétariat du Synode des évêques pouvait publier l'instrument de travail qui devait servir au Synode africain, avec trois thèmatiques sous-jacentes : Qu’a fait Ecclesia in Africa ? Qu’avons-nous fait d’Ecclesia in Africa ? Que reste-t-il à faire, dans sa ligne en fonction des nouveaux contextes africains ?

Le 19 mars 2009, Benoît XVI se rendit au coeur de l'Afrique, à Yaoundé. A la fin de la messe célébrée au stade Amadou Ahidjo de Yaoundé, Mgr. Nikola Eterovic, Secrétaire général du Synode des évêques en fit une brève présentation, puis Benoît XVI, au nom de l'Église universelle, remit ce document de travail du Synode africain aux présidents des Conférences épiscopales nationales et régionales du continent.

Le document de la 2ème Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des évêques qui s'est tenu au Vatican du 4 au 25 octobre, comptait quatre chapitres précédés d'une préface qui offrait une clef christologique et pneumatologique de la lecture du texte.

Le premier chapitre décrivait la situation actuelle de l'Eglise en Afrique, examinait l'application de " l'Exhortation apostolique "Ecclesia in Africa" de 1995 et son actualisation dans le nouveau contexte social. Plusieurs points critiques dans les milieux culturel, économique et politique y étaient soulignés, et quelques réflexions théologiques sur la réconciliation, la justice et la paix comme concepts de base du prochain Synode y étaient exposées.

Le deuxième chapitre présentait la priorité de la réconciliation, de la justice et de la paix en Afrique, afin que, dans ces régions qui connurent tant de guerres civiles, qui se poursuivent en Afrique subsaharienne, soit restaurée l'harmonie entre la personne offensée et celui qui offense, comme entre les ethnies et la société en général.

Le troisième chapitre soulignait la mission de l'Eglise, "famille de Dieu," qui se convertit, par sa conduite, en signe et instrument de réconciliation. Pour promouvoir la justice et la paix, elle s'engage dans l'évangélisation et dans la promotion humaine au service de tous à travers ses institutions éducatives, sanitaires et les programmes de développement.

Et pour ce faire, l 'Eglise catholique s'ouvre au dialogue avec les autres Eglises et communautés ecclésiales, ainsi qu'avec les religions traditionnelles africaines et avec l'islam.

Le quatrième chapitre proposait une réflexion sur le témoignage de vie de tous les membres du peuple de Dieu : évêques, prêtres, consacrés, laïcs en incluant aussi toutes les structures et institutions ecclésiales, l''accent étant mis sur la mission particulière des chrétiens engagés dans la société: en politique, dans les forces armées, dans l'économie, dans l'éducation, dans la santé, dans la culture, dans les moyens de communication sociale, dans les organismes internationaux.

Cet état des lieux sans concession sur les raisons profondes des maux et souffrances du continent africain, appellait l’Eglise à s’affirmer en tant que semeur de paix. Même si celle-ci porte encore les blessures de plusieurs génocides qu’elle reste parfois silencieuse alors que sa parole serait la bienvenue.

Grâce à cet instrument de travail, pendant trois semaines il fut question à la fois de ce que l’Afrique subit mais aussi de ce qu’elle s’inflige notamment quand elle se laisse entraîner dans la violence des conflits ethniques ou régionaux. De l’Eglise, Paul VI disait qu’elle était experte en humanité, c’est bien cette mission que l’Eglise d’Afrique entendait concrétiser au Synode, à partir de "l'Instumentum Laboris."
 
  LE SYNODE POUR L'AFRIQUE ET SES MESSAGES  
 

Environ 244 membres composés des Cardinaux, Archevêques, Evêques et les délégués des Instituts religieux, participèrent à l'assemblée synodale. En plus, il y a eu 29 Experts, 49 Auditeurs et Auditrices, des Représentants de 17 pays venus des 4 autres continents ainsi que des Représentants des 5 Eglises chrétiennes non romaines.

Certes il y eut les séances plénières. Mais il y eut aussi des dialogues plus personnels et plus directs entre les divers membres qui, entre eux, pouvaient mieux connaître ou faire connaître des situations plus spécifiques.

Et c'est ainsi que l'Assemblée synodale remis, le 23 octobre 2010, deux messages. L'un au Pape pour qu'il en transmette les 57 propositions à toute l'Église en Afrique et à toute l'Église sur les autres continents.

Un deuxième message était adressé au Peuple de Dieu, la "famille de Dieu" qui est en Afrique.

L'ensemble de ces deux documents est accessible intégralement sur le site officiel du Saint-Siège consacré au Synode.

 
  LE DÉROULEMENT DE LA VISITE PASTORALE AU BÉNIN  
Le Pape arrivera à Cotonou le vendredi 18 novembre à 15h 00. Après la cérémonie de bienvenue à l’aéroport international "Cardinal Bernardin Gantin" Il se rendra à la cathédrale. C'est là que, tout en rappelant la raison de ce voyage, il s'adressera d'abord aux fidèles béninois.

Le samedi 19 novembre, il rencontrera les membres du gouvernement, les représentants des institutions de la République, le Corps diplomatique et les représentants des principales religions au Palais présidentiel de Cotonou. Il y prendra la parole pour s'adresser à toute l'Afrique.
 


Après une visite de courtoisie au Président de la République, il se rendra à Ouidah pour se recueillir sur la tombe du Cardinal Bernardin Gantin dans la chapelle du Séminaire Saint-Gall. Il y rencontrera les prêtres, les séminaristes, les religieux et les fidèles laïcs dans la cour du Séminaire.

Et c'est dans la basilique de l'Immaculée Conception de Marie de Ouidah qu'il signera l'Exhortation apostolique post-synodale.

En fin d'après-midi il reviendra à Cotonou. Il visitera le foyer "Paix et joie" des Missionnaires de la Charité près la paroisse Sainte-Rita et aura une rencontre avec les enfants qui sont l'avenir de l'Afrique.

A 18h45, rencontre avec les évêques du Bénin à la nonciature apostolique de Cotonou et dînera avec eux.


Basilique de l'Immaculée-Conception
Le dimanche 20 novembre, à 9h 00, au "stade de l'amitié", Messe et remise de "l'Exhortation apostolique post-synodale" aux évêques d'Afrique.

Puis, il déjeunera avec les membres du Conseil spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie générale du Synode des Evêques à la nonciature apostolique de Cotonou et à 16h00, cérémonie de congé à l’aéroport international "cardinal Bernardin Gantin".
 
  Cotonou est la capitale économique du Bénin. Cette agglomération compte 1,200,000 habitants. Elle n'est pas la capitale administrative qui est Porto-Novo. Capitale économique, Cotonou abrite les deux tiers des industries du pays et est le siège des principales entreprises et banques du Bénin ainsi que celui de la plupart des institutions gouvernementales.

La ville est une des plaques tournantes du commerce avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso, mais également avec le nord du Nigéria. A l'intérieur du port, une zone franche est à la disposition des pays sahéliens enclavés, en particulier pour l'exportation de l'uranium extrait dans les pays voisins
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Ouidah
où se rendra également le Pape était la porte du non-retour de la période esclavagiste. Plus de 2 millions d'esclaves y sont partis pour les Amériques. Le souvenir de ces traites négrières orchestrées par le royaume d'Abomey n'est pas sans créer périodiquement des tensions entre les "Fons" et les ethnies situées plus au nord, qui ont eu à subir les razzias annuelles menées à cette époque et ont vu nombre d'entre eux condamnés à l'esclavage au-delà de l'Océan Atlantique.
 
  DE L'EXHORTATION DE 2001 ... ET APRÈS ....  
 

Dès la publication officielle de l'exhortation apostolique, c'est-à-dire à partir du 22 novembre, nous l'éclairerons par l'histoire, par des données concernant les diverses situations actuelles en Afrique et celles concernant les relations du Peuple de Dieu en Afrique avec les "services" de l'Église au Vatican.



 
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