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Le sacerdoce des fidèles et le sacerdoce ministériel
à la lumière de Vatican II.

 

Pour comprendre le Sacrement de l’Ordre, il faut le situer par rapport au sacrement de Baptême. Grâce au Baptême, tous les baptisés participent au Sacerdoce du Christ. Cette participation s’appelle "sacerdoce commun des fidèles". En effet, comme le dit Saint Pierre, toute l’Église est un peuple de prêtres, un peuple sacerdotal. (1 Pierre 2,5.9)

Le Sacrement de l’Ordre consacre un homme à une mission spécifique dans l'Église et et un pouvoir pour remplir cette mission : celle de la constituer en étant au service de Dieu et au service du Peuple de Dieu, par la transmission de la Parole, par la prière, par les sacrements et tout particulièrement l'Eucharistie.

Le Sacrement de l’Ordre comporte trois degrés : le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat qui concernent l’ordination des diacres, des prêtres et des évêques. Ce qui constitue le presbytérat, c'est que les prêtres sont institués pour être collaborateurs des évêques, associés à eux dans la fonction sacerdotale de ces derniers au service du Peuple de Dieu.

Le concile Vatican II    

La compréhension du presbytérat s'est approfondie avec le concile Vatican II. Avant ce concile, l’idée que l’on s’en faisait venait de l’enseignement du Concile de Trente au 16e siècle. Le concile de Trente très marqué par les orientations de la Réforme calviniste et luthérienne qu'il entendait combattre l'a surtout défini comme le pouvoir de célébrer l’eucharistie et de pardonner les péchés.

Vatican II reprend cet enseignement, mais le replace dans une perspective plus large en le situant par rapport à la communion ecclésiale par l’épiscopat. Le presbytérat est une participation à l’ordre épiscopal et à sa mission d’enseigner, de sanctifier et de réaliser cette Église communion au mystère de notre commune divinisation. Selon le "cadre" qui lui est défini par l'Église a donc aussi pour mission de sanctfier, d’annoncer la Parole de Dieu et d’animer le peuple de Dieu.

Cette nouvelle conception a beaucoup de conséquences sur la manière d’exercer le ministère presbytéral.

Dans les évangiles    

Dans les Évangiles, les termes qui définissent les fonctions sacerdotales se rattachent au sacerdoce de l'Ancien Testament, et se trouvent dans des textes qui concernent les prêtres juifs. Ni Jésus, ni ses disciples ne se sont appelés prêtres.

Jésus ne se dit jamais prêtre selon son époque, car le mot évoquait inévitablement l’appartenance à la tribu de Lévi, dont Jésus n’était pas membre.

Et, de plus il a conscience d’inaugurer un sacerdoce nouveau. Ce sacerdoce du Christ, se situe dans la mission qu’a reçue Jésus en entrant dans le monde (Jn 10, 36). Celle de le consacrer et pour laquelle il s’est donné sans compter, tout au long de sa vie et jusqu’au sacrifice de sa vie. Bien qu’il ne se soit jamais appelé "prêtre" au sens biblique du terme, Jésus avait conscience de l’être en plénitude, par la tâche sacrificielle, rédemptrice et révélatrice qu’il assume comme envoyé de Dieu.

Il n’a jamais donné ce nom à ses apôtres, et pas davantage aux fidèles. Pourtant, dans ses exhortations, le Christ s’est servi d’expressions qui donnent bien à penser que tous ses fidèles participent à son sacerdoce; que tous prennent leur croix et le suivent; que tous boivent au calice du sacrifice qu’il a offert.

Et c'est ainsi qu'il approuve la réponse d’un expert en Écriture : « L’aimer (Dieu) de tout son cœur, de tout son intelligence et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices » (Mc 12, 33).

Le chrétien est prêtre en ce sens qu'il fait se rejoindre Dieu et le monde, comme le Christ, par l’offrande de lui-même. Dès leur baptême," ils sont une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, pour annoncer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (1P 2,9).

" Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes œuvres, ils rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux." (Mt. 5, 16).

Pour la construction de Corps Mystique.    

Par delà cette mission qui est celle de tout chrétien, le prêtre a pour mission la construction du Corps Mystique, et c’est dans son essence même d’être "service". C'est le sens du terme "ministère". Mais le serviteur est appelé à coopérer par toute son âme, par toute sa personne, à l’œuvre dont il est l’instrument.

Le sacerdoce ministériel ne signifie pas en soi un degré plus élevé par rapport au sacerdoce commun des fidèles. Des fidèles, par la médiation de l'évêque et de l'Esprit-Saint, reçoivent du Christ un don spécifique, afin de pouvoir aider le peuple de Dieu à exercer fidèlement et pleinement le sacerdoce commun qui lui est confié.

Le prêtre a pour "service" la sacralisation du Peuple de Dieu, c'est-à-dire l'alliance humano-divine qu'a réalisée le Christ. Comme l'Esprit de Dieu repose sur Lui (Luc 4.18), l'Esprit repose sur des hommes. Le Fils de Dieu le leur transmet par les successeurs des apôtres qui l'ont reçu au soir du Jeudi-Saint, à l'heure où se réalisait le mystère de notre divinisation par sa mort et sa résurrection. (Jean 17)

Sacerdoce ministériel et sacerdoce "commun"    

Ce que le Père veut de nous, c’est une louange adoratrice de notre humanité telle quelle : c’est la raison de notre création et de l’institution du sacerdoce. Toute l’Église est un peuple sacerdotal. Grâce au baptême, tous les fidèles participent au sacerdoce du Christ. Cette participation s’appelle « sacerdoce commun des fidèles ».

Lié à lui, sur sa base et à son service, il existe donc une autre participation à la mission du Christ; celle du ministère conféré par le sacrement de l’Ordre, dont la tâche est de servir au nom et en la personne du Christ-Tête au milieu de la communauté.

Le sacerdoce selon saint Thomas d’Aquin est définit par son double mouvement : vers Dieu pour lui offrir l’humain, vers les hommes pour leur donner le divin. Le sacerdoce est le don du Dieu vivant à sa créature vivante pour les relations de vie; il a pour fonction d’envahir et de saisir tout l’être pour le mettre en mouvement vers Dieu .

Par ce sacerdoce, commun à tous les fidèles, qu'ils soient ou non prêtres, le chrétien non seulement s’offre lui-même, mais encore offre le Christ ou plutôt s’unit à l’offrande que le Christ fait de lui-même.

Le sacerdoce ministériel fait de ceux qui l’ont reçu des signes réels dans leur personne et les actes qu’ils posent en vertu de ce sacerdoce, de l’agir sauveur du Christ, sanctifiant, enseignant et conduisant son Peuple vers le Royaume.

La vie des fidèles laïcs est donc loin d’être une existence à rabais, une vocation quelconque pour des gens contraints de demeurer incompétents sur les questions religieuses, incapables de prendre part aux décisions de l’Église, destinés à n’être que de simples objets du ministère pastoral des ministres ordonnés.

Les laïcs, tout comme les prêtres, constituent l’Église du Christ et ont un rôle irremplaçable à jouer.

Au service de la Communion.    

L’évêque, et c’est à lui qu’était réservé dans les premiers siècles le titre de "sacerdos", est dans son Église la présence visible du Christ dont il reçoit les pouvoirs par la transmission apostolique.

Participant au sacerdoce de l’évêque, les prêtres agissent " in persona Christi, - en la personne même du Christ », là où ils sont envoyés par l’évêque pour le remplacer. Face à l’assemblée, le prêtre est le Christ, surtout dans l’Eucharistie, acte central de l'Église. Sur les offrandes, par l'imposition des mains qui appelle l'Esprit-Saint à sanctifier les dons des fidèles et le travail des hommes, le prêtre peut dire : "Ceci est mon Corps". Il ne dit pas "Ceci est le Corps du Christ".

Le prêtre n’est ni un chef d’entreprise, ni un cadre, ni un fonctionnaire de l’Eglise, il est un serviteur au service de ses frères et soeurs en un lieu précis ou imprécis dans une mégapole, un territoire ou un groupe de fidèles, paroisse ou doyenné, hôpital ou monde scolaire ou monde professionnel.

Et par delà toutes ces différences, du fait de l’origine, de l’âge, des cultures ou de la sensibilité, réaliser l’unité dans le Christ.

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