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La Communion anglicane et l'Église romaine
 
Organismes et institutions

 

Les conversations de Malines, l'ARCIC, la Conférence de Lambeth, la Traditionnal Anglican Communion (TAC), l'Anglican Church of North America (ACNA)

LES CONVERSATIONS DE MALINES

Les conversations de Malines, tel est le nom qu'a retenu l'histoire pour désigner les cinq réunions entre diverses personnalités anglicanes et catholiques, qui se sont tenues de 1921 et 1925 à l'archevêché de Malines à l'initiative Charles Lindley Wood, vicomte d'Halifax et du lazariste Fernand Portal, sous la direction du primat de Belgique, le cardinal Désiré-Joseph Mercier.

Ces rencontres constituent, par le processus inédit, un premier échange officieux et audacieux entre catholiques et anglicans avec l'accord semi-tacite des autorités des deux parties, l'archevêque de Canterbury Randall Thomas Davidson et le pape Pie XI, à une époque où l'Église catholique était pourtant obsédée par la crainte du modernisme et réaffirmait ses positions doctrinales.

Ces rencontres se termineront avec la mort du cardinal Mercier en 1926, en raison des réticences de plus en plus marquées de l'archevêque de Canterbury, et de l'hostilité de la hiérarchie catholique anglaise, notamment des cardinaux Francis Bourne et Francis Aidan Gasquet.

L'encyclique Mortalium Animos (1928) bloquera, peu après, l'entreprise œcuménique du côté catholique et il faudra attendre Vatican II pour qu'un dialogue puisse revoir le jour. Ce n'est qu'en mars 1966 qu ele pape Paul VI et l'archevêque de Canterbury, le Dr Michael Ramsey décident de reprendre un dialogue officiel entre l'Église catholique et la communion anglicane.

Ces conversations de Malines ont été une étape cruciale dans l'histoire contemporaine de l'œcuménisme. Un large éventail de points y avait été abordé : la primauté d'honneur du successeur de Pierre, la Présence réelle, l'Eucharistie, l'épiscopat,...

Ils préfiguraient les discussions ultérieures entre anglicans et catholiques qui se poursuivent de nos jours avec la Commission Internationale Anglicane Catholique Romaine (ARCIC I puis ARCIC II).

LA COMMISSION ANGLICANE CATHOLIQUE - ARCIC

La commission internationale anglicane-catholique romaine est une instance de dialogue œcuménique établie en 1967 dans le but de faciliter la réunion ecclésiologique de la communion anglicane et de l'Église catholique romaine et d'adopter des positions communes dans les débats sociaux et éthiques.

Des réunions préliminaires eurent lieu en Italie, en Angleterre et à Malte, où fut adopté le "rapport de Malte". La première phase des discussions œcuméniques fut tenue sous les auspices de Mgr Henry McAdoo et Alan Clark. Une déclaration commune fut signée au début des années 1970. Elle traitait de la doctrine eucharistique. D'autres débats ont été tenus au sujet du ministère ecclésiastique et de l'autorité dans l'Église.

La deuxième phase des discussions eut lieu à partir de 1983 avec les représentants anglicans, les Dr Mark Santer, Frank Griswold, Peter Carnley et les évêques catholiques le cardinal Cormac Murphy-O'Connor et l'archevêque de Seattle, Mgr Alexander Joseph Brunett. Les sujets de dialogue incluent alors la sotériologie, la communion, l'autorité magistérielle du successeur de Pierre et le rôle de Marie en tant que Theotokos.

Un document publié en 2007 acheva cette deuxième série de discussions en demandant à la partie anglicane de réfléchir davantage au rôle donné au pontife romain en tant qu'arbitre suprême ecclésiastique.

Toutefois, les travaux de la commission ont été paralysés depuis 1993 lorsque l'Église d'Angleterre a voté en faveur de l'ordination des femmes. Les pourparlers ont été officiellement suspendus en 2003 lorsque l'évêque homosexuel Gene Robinson fut élu à la tête du diocèse épiscopalien du New Hampshire.

De plus, la question des femmes évêques divise actuellement la Communion anglicane de l'intérieur, ce qui oblige en pratique d'interrompre le dialogue avec la hiérarchie catholique.

En 2008, le cardinal Kasper fut invitéà intervenir à la Conférence de Lambeth. Son exposé était comme une mise à jour de la situation à la veille des décisions romaines et des demandes formulées par la TAC.

Il a ainsi résumé officiellement les deux rencontres de ARCIC.

"Nous pouvons dire avec confiance, en voyant ce que l’Anglican-Roman Catholic International Commission (ARCIC) a réalisé en près de 40 ans, qu’elle a vraiment donné de bons fruits. Dans une première phase (1970-1981), l’ARCIC s’est occupée de la Doctrine Eucharistique (1971) et du Ministère et de l’Ordination (1973); dans les deux cas elle a affirmé avoir obtenu un accord substantiel.

" La réponse officielle catholique (1991), bien qu’elle ait demandé un travail supplémentaire sur ces deux sujets, a dit que ces textes constituaient “une étape significative” témoignant “que des points de convergence et même d’accord avaient été trouvés, ce que beaucoup de gens n’auraient pas cru possible avant le début des travaux de la Commission”.

" Les Clarifications (1993) apportées par les membres de la Commission ont été considérées par les autorités catholiques comme “ayant grandement renforcé l’accord dans ces domaines”. La première phase du travail de l’ARCIC a aussi abouti à deux documents sur la question de l’Autorité dans l’Église (1976, 1981), thème qui fut au cœur des divisions du XVIème siècle.

" Les textes de la deuxième phase du travail de l’ARCIC (1983-2005) n’ont pas été présentés pour recevoir une réponse formelle de l’Église Catholique ou de la Communion anglicane et ils n’ont pas conduit à une résolution définitive ou à un consensus complet sur les sujets traités, mais chacun d’eux a suggéré un rapprochement croissant. Salvation in the Church (1986) est en harmonie, de bien des façons, avec la Déclaration Conjointe sur la Doctrine relative à la Justification que l’Église Catholique et la Fédération Luthérienne Mondiale ont signée en 1999. Partant de l’interprétation de l’Église comme koinonia qui avait été présentée pour la première fois dans l’introduction du Rapport Final de l’ARCIC I, l’ARCIC II a proposé le travail plus abouti de la Commission en matière d’ecclésiologie dans The Church as Communion (1991).

Life in Christ (1994) a réussi à dégager une vision partagée et un héritage commun pour l’enseignement de l’éthique, malgré des différences dans les applications pastorales des principes moraux. The Gift of Authority (1999) est revenu sur le thème de l’autorité et a nettement progressé sur la nécessité d’un ministère universel de primauté dans l’Église. Mary: Grace and Hope in Christ (2005) a progressé de manière importante et imprévue vers une perception commune de la Vierge Marie.

LA CONFÉRENCE DE LAMBETH

La conférence de Lambeth est une rencontre synodale tenue tous les dix ans qui réunit l'ensemble des évêques de la Communion anglicane, rassemblés autour de l'archevêque de Canterbury.

Tout autre est le Synode général de l'Église d'Angleterre, de l'Église du Canada, de l'Église d'Australie, ... qui sont les organes réels de gouvernement de l’Église d’Angleterre, du Canada, d'Australie ...et dans lequel les archevêques et évêques ne comptent que pour un tiers des voix lorsque des résolutions sont votées.

Ces synodes sont en effet composés de l’assemblée des évêques ainsi que de l’assemblée des prêtres et des laïcs élus dans chacun des diocèses. Toute résolution présentée au synode doit être approuvé à la double majorité.Il n’y a pas d’autorité au-dessus de celle de l’Église nationale.

Néanmoins, la Communion anglicane assure sa cohésion en se réunissant tous dix ans en Conférence de Lambeth et à l’occasion en formant des comités internationaux ad hoc.

L'idée de tenir une conférence à Lambeth a été formulée pour la première fois par l'évêque du Vermont John Henry Hopkins en 1865, en s'inspirant des suggestions de ses confrères évêques de l'Église anglicane du Canada.

La première assemblée fut tenue au palais de Lambeth le 24 septembre 1867 et dura quatre jours ; en général des délibérations sont tenues, des questions sociales font l'objet de débats et discussions, des résolutions sont adoptées et une encyclique est parfois promulguée à la suite des réunions.

De 1867 à aujourd'hui, les présidents des assemblées ont été Charles Thomas Longley, Archibald Campbell Tait, Edward White Benson, Frederick Temple, Randall Davidson, Michael Ramsey, Donald Coggan, Robert Runcie, George Carey et Rowan Williams.

La conférence de 2008, tenue dans la faculté de l'université du Kent à Cantorbéry, a rassemblée seulement les trois quarts des évêques anglicans en raison de désaccords persistants au sujet de l'homosexualité et l'ordination de femmes évêques. Des commentateurs parlaient même d'un possible schisme, un problème qui remonte à l'ordination de l'évêque homosexuel Gene Robinson en 2003.

LA TRADITIONAL ANGLICAN COMMUNION - TAC

La Communion anglicane traditionnelle est une organisation internationale anglicane indépendante de la Communion anglicane et de l'archevêque de Canterbury.

Formée en Amérique du Nord à l'initiative de Louis Falk en 1991 à la suite de divergences au sein de la Communion anglicane concernant notamment l'ordination des femmes ou des personnes homosexuelles, elle revendique plusieurs centaines de milliers de fidèles répartis en 33 évêchés dans 44 pays, parlant plus de sept langues, dont l'anglais est la moins parlée. Son actuel primat est l'archevêque de Blackwood, en Autralie du Sud, de l'Église catholique-anglicane d'Australie, le Rév. John Hepworth entré en fonction en 2002.


À la différence des Églises en Angleterre et aux États-Unis ayant des missions en Europe qui se caractérisent par un esprit « moderne » et libéral ou « évangélique », la TAC est fortement attachée au mouvement catholique, l'Oxford Movement fondé par Newman, Keble, Edward Bouverie Pusey et plusieurs autres.

La TAC est également née du désir de poursuivre le dialogue œcuménique engagé avec Rome. Un dialogue entre la TAC et Rome existe depuis le début des années 1990 et la TAC a formulé en octobre 2007 une demande de rattachement à l’Église catholique romaine sur le principe d’une communion pleine, entière et sacramentelle. C'est cette demande qui a été prise en considération par le Saint-Siège en octobre 2009.

La TAC s’est rapidement répandue à travers le monde : Angleterre, Australie, Nouvelle-Zélande, îles du Pacifique, Inde, puis dans de nombreux pays d’Afrique comme la Zambie, le Kenya ou le Congo, et jusqu’au Pakistan.


L'ANGLICAN CHURCH OF NORTH AMERIC - ACNA

D'une certaine manière, c'est une nouvelle Eglise qui a officiellement été constituée au mois de juin 2009. L'Eglise anglicane d'Amérique du Nord regroupe plusieurs groupes dissidents de l'Eglise épiscopalienne.

Elle a mis à sa tête l'archevêque Robert Duncan, évêque épiscopalien de Pittsburgh, et l'assemblée de fondation de l'ACNA s'est tenue à Dallas et Fort Worth (Texas) du 22 au 25 juin 2009.

Elle comprend des évêques qui étaient, il y a peu encore, des évêques de l'Eglise épiscopalienne aux Etats-Unis et au Canada. Elle a le soutien de plusieurs groupes appartenant à la Communion anglicane à travers le monde.

A l'assemblé de juin,neuf provinces anglicanes avaient envoyé des délégations officielles et les provinces du Nigeria et de l'Ouganda, numériquement les plus importantes du monde, ont par ailleurs déjà officiellement reconnu l'ACNA.

La Global Anglican Future Conference, nouvelle internationale dans les courants anglicans conservateurs, avait d'ailleurs annoncé dès le mois d'avril reconnaître l'ACNA alors en formation comme pleinement anglicane et avait appelé les provinces anglicanes à entrer en pleine communion avec elle.

L'ACNA ne se considère nullement comme schismatique, mais déclare maintenir l'héritage anglican et se situer dans le courant central (mainstream) de l'anglicanisme, et pas sur les marges de celui-ci.

Le nombre de fidèles de l'ACNA reste incertain pour le moment, même si le chiffre de 100.000 fidèles et de 700 paroisses est toujours avancé par ses responsables.

La nouvelle structure comprend 28 diocèses ou diocèses en formation: les quatre anciens diocèses épiscopaliens de Fort Worth, Pittsburgh, Quincy et San Joaquin; l'Anglican Mission in the Americas (AMIA), née en l'an 2000 sous la supervision de l'Eglise anglicane du Rwanda; la Convocation of Anglicans in North America (CANA), district missionnaire de l'Eglise anglicane du Nigeria; l'Anglican Network in Canada, sous la juridiction de l'Eglise anglicane du Cône Sud (Amérique du Sud); l'Anglican Coalition in Canada; la Reformed Episcopal Church, le groupe le plus ancien, puisqu'il existe depuis 1873; l'American Anglican Council; Forward in Faith North America. Il faut y ajouter différentes autres initiatives missionnaires d'origine sud-américaine, kenyane ou ougandaise.

Mais il est à remarquer que si tous ces groupes sont d'accord sur des questions comme le refus des bénédictions d'homosexuels ou les consécrations épiscopales d'homosexuels actifs, il ne manque pas de sujets sur lesquels ils sont divisés. Sur 368 membres du clergé présents à la fondation de l'ACNA, 36 étaient des femmes, même si l'ordination des femmes n'est pas pratiquée dans la majorité des diocèses constituant le nouveau groupe.


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