Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
La Communion anglicane et l'Église romaine
 
Personnalités  
CARDINAL JOHN NEWMANN (1801-1890)  

Fils d'un banquier de Londres, il reçoit de sa mère, qui descend de protestants français, une éducation religieuse tout imprégnée de calvinisme. Plein de préventions contre le catholicisme, il croit fermement que le Pape est l'Antéchrist.

Profondément marqué par une expérience spirituelle vécue à l’âge de 15 ans, il passe presque trente ans de sa vie à l’Université d’Oxford comme étudiant puis comme enseignant et chercheur, mais aussi comme pasteur,

Il est alors en désaccord avec son protestantisme, et se sent appelé par Dieu à vivre dans le célibat. Il veut embrasser la carrière ecclésiastique dans l'Église anglicane.

Passionné par la découverte des Pères de l’Église, il s’interroge sur les fondements de l’Église et devient le chef de file d’un mouvement de renouveau théologique, liturgique et spirituel de l’anglicanisme, connu sous le nom de « Mouvement d’Oxford ».

Dans le même temps, Newman subit l'influence des idées de son époque: confiance excessive dans le monde et dans la liberté humaine au mépris de tout frein et de toute loi. Il écrira: «Je commençais à mettre la supériorité intellectuelle au-dessus de la supériorité morale; j'allais à la dérive». Sous l’influence de Hurrel Froude, il se dégage de cette conception de la vie et se fait ordonner diacre dès 1824, il devient bientôt vicaire de l'église Saint-Clément d'Oxford, en attendant de devenir curé de Saint-Mary's, l'église de l'Université (1828).

Il considère alors l'Église anglicane comme une branche de l'Église catholique, les deux autres étant représentées par l'Église grecque et l'Église romaine, conception théologique qu’il refusera par la suite car sa conviction grandissante est que l’Église catholique romaine est la seule véritable « Église des Pères ». Cela le conduit, au prix d’énormes sacrifices personnels mais sans rupture sur le plan intellectuel, à quitter la Communion anglicane en 1845 pour rallier l’Église catholique. En 1848, il fonde l’Oratoire de saint Philippe Neri en Angleterre.

Sa recherche s’oriente selon trois axes :

- Rapport de la foi et de la raison : pressentant la montée de l’incroyance, il analyse la manière dont la foi peut être abordée par la raison (Sermons universitaires, Grammaire de l’assentiment). Il compose même deux romans sur le thème de la conversion (Perte et gain, Callista)

- Rapport de la foi et de l’éducation : il est universitaire, l’éducation le passionne. Il se demande comment faire pressentir la densité du monde invisible, plus réel que le monde des apparences

- Etude de la tradition : il s’est rallié, non sans déchirements, à l’Eglise de Rome autrefois honnie ; c’est qu’à ses yeux, elle est la seule capable de transmettre le contenu authentique de la Tradition et de la Foi (Essai sur le développement du dogme).

Vingt ans plus tard, mis en cause d’une manière injurieuse par Charles Kingsley, curé anglican d'Eversley, à propos de son passage au catholicisme, et pour répondre à cette attaque contre son intégrité personnelle, il va, en 1864, écrire en quelques semaines cette Apologia pro vita sua, qui retrace, année après année, son parcours spirituel qui l'a conduit à rejoindre l'Église de Rome. L’ouvrage, qui est considéré comme l’une des grandes biographies intellectuelles de tous les temps, connaît un succès spectaculaire qui réhabilite largement son auteur dans l’opinion publique anglaise.

Il cherche à servir loyalement, grâce à ses immenses dons intellectuels et spirituels, sa nouvelle Église. Celle-ci ne sait guère que faire, cependant, d’un homme aussi brillant, possédant une pensée aussi originale, et ce n’est qu’en 1879 qu’il obtiendra la reconnaissance qu’il mérite lorsque le nouveau pape, Léon XIII, le nomme cardinal.

   
LORD HALIFAX (1839-1934)  
Charles Lindley Wood, vicomte d'Halifax (1839-1934), était un homme politique anglais qui se consacra au dialogue entre l'anglicanisme et le catholicisme romain.

Ministre de la reine Victoria à plusieurs reprises,il avait étudée au collège d'Eton puis à l'Université d'Oxford et se préparait à à la carrière publique quand il est saisi par le réveil religieux qui agitait son Université et l'Église d'Angleterre à l'époque.

Ami du futur Édouard VII, il consacrera sa vie à la promotion du réveil anglo-catholique dans l'Église d'Angleterre et à l'union des Églises. Dès 1867, il occupe la présidence du groupe de d'influence anglo-catholique de l'English Church Union à la tête duquel il restera longtemps.

En 1890, il entre en relation avec le religieux lazariste français, le P. Fernand Portal, avec lequel il nouera une solide et durable amitié, pour tenter de résoudre la question des ordinations anglicanes.

Mais, loin d'avaliser ce rapprochement, le pape Léon XIII bloque les discussions entre Lord Halifax et le P. Fernand Portal en réaffirmant la nullité sacerdotale des ordinations anglicanes en 1895 par l'encyclique Apostolicae Curae à laquelle l'Église d'Angleterre répondra officiellement par Saepius officio.

Fort de son amitié avec le P. Fernand Portal, il poursuivra néanmoins ses efforts initiant aveclui , les conversations de Malines (1921-1926), tentatives de rapprochement de personnalités catholiques et anglicanes sous la direction du cardinal belge Désiré Mercier.

L'expérience se terminera avec la mort du cardinal Mercier en 1926 suivie de peu par celle du P. Portal et, là encore, Rome y opposera l’encyclique Mortalium Animos de 1928 sur l'Unité véritable de l'Église, condamnant l'œcuménisme naissant. Les conversations de Malines sont comme un jalon fondamental dans l'histoire de l'œcuménisme moderne.
   
CARDINAL DÉSIRÉ MERCIER (1851-1926)  

Entré au grand séminaire de Malines en 1870, envoyé à l'université de Louvain, ordonné prêtre en 1874, il est nommé en 1877 professeur au séminaire de Malines, où il enseigne la philosophie scolastique. Professeur de philosophie à Louvain (1882-1886), il fonde son enseignement sur l'étude des sciences, crée un Institut (1888) où l'on étudiera toutes les sciences dans leur rapport avec la philosophie, fait de Louvain un centre international de vie intellectuelle, entreprend la publication de son fameux Cours de philosophie.

Il renouvelle par ses cours et par plusieurs grands traités (Ontologie, Logique, Psychologie, Critériologie, 1892-1899), au renouveau thomiste souhaité par Léon XIII. Nommé archevêque de Malines et primat de Belgique (1906), puis cardinal (1907), il se révèle aussitôt homme d'action, et administre pendant vingt ans son immense diocèse sans défaillance.

Son attitude pendant la Guerre de 1914-1918 lui vaut dans le monde entier une immense popularité. Membre de l'Académie des sciences morales (1919), il est reçu avec enthousiasme en Amérique ; il prend l'initiative et la direction de conférences organisées, avec lord Halifax, à Malines en vue du rapprochement des Églises catholique et anglicane par les Conversations de Malines, 1921-1923.

   
PÈRE FERNAND PORTAL (1855-1926)  
À la fois fils spirituel de saint Vincent de Paul et pionnier de l'œcuménisme, ce prêtre lazariste a consacré sa vie à l'unité des chrétiens tout en ancrant ses convictions dans l'action sociale auprès des plus pauvres.

Il a consacré sa vie à l'unité des chrétiens. Il en a découvert l'impérieuse nécessité, d'abord à travers les relations amicales qu'il a nouées avec des anglicans, en particulier Lord Halifax, mettant alors beaucoup d'espoir dans le courant "unioniste".

Son rôle de formateur dans différents séminaires, un des ministères des religieux lazaristes, le mettait au contact de jeunes intellectuels, prêtres ou laïcs, avec lesquels il a développé des cercles d'études religieuses.

Il dirigea plusieurs revues dont le but était la connaissance approfondie des Églises, n'hésitant pas à prendre également hors de l'Église catholique des correspondants de haut niveau, anglicans, orthodoxes et protestants. Son premier but était de faire tomber les préjugés.

Ce besoin de réflexion lui paraissait indispensable au début du XXème siècle, un moment où le langage religieux n'était plus compris par tout le monde. Il a notamment été le guide des "talas" à l'École normale supérieure de Paris (ceux qui vont-à-la-messe !...) parmi lesquels on peut citer Marcel Legaut, Jean Guitton...

Fortement inspiré par la spiritualité de saint Vincent de Paul, il a également ancré ses convictions dans l'action sociale auprès des plus pauvres, s'entourant pour cela de quelques femmes laïques. Dans le quartier de Javel, ces femmes vivaient au milieu des plus déshérités, comme eux, dans un esprit d'ouverture, de générosité, de respect, qui ont fait l'admiration de leurs plus farouches ennemis de la première heure.

Tantôt largement soutenu, tantôt combattu, parfois relégué, le P. Portal sut, avec une grande humilité et dans l'obéissance, persévérer dans sa tâche, arrivant à la fin de sa vie à lancer les Conversations de Malines avec le cardinal Mercier. Il sut également évoluer dans ses idées et passer d'une conception "unioniste" à une véritable approche œcuménique.
   
CARDINAL WALTER KASPER (1905 - )  
Compatriote du cardinal Ratzinger, il fut ordonné prêtre en 1957. Professeur d'Université, il exerçait en même temps un ministre pastoral. Il fut nommé évêque de Rootenburg-Stuttgart et en assura la charge de 1989 à 1999.

En mai 1999, il est appelé par Jean-Paul II d’abord comme secrétaire du Conseil Pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens, puis comme président de ce Conseil. Dans cette charge et au milieu du protocole du Vatican, Walter Kasper a su conserver la simplicité de ses années de professeur d’université de théologie, à Münster et Tübingen. Il a la poignée de main franche, le sourire immédiat, et ne craint nullement de dire ce qu’il pense.

Il avait été évêque d'un diocèse qui compte de nombreux protestants. En bon théologien allemand, il s’est frotté au dialogue avec les luthériens. "Avec le monde protestant et anglican, en quarante ans, on a fait un chemin considérable !", s’exclame-t-il. Mais il reconnait qu'aujourd'hui " les choses ne vont plus de soi ."

D’abord, dit-il avec franchise, ces Églises sont en perte de substance : "Aux lendemains de Vatican II, nous avions en face de nous tout un courant luthérien en pleine rénovation. Aujourd’hui, en revanche, on note une grande fragmentation de ces communautés, qui ne parviennent plus à s’accorder sur une base doctrinale." De plus, ajoute le cardinal, sur le plan éthique, les divergences avec l’Église catholique, qui n’existaient pas il y a quarante ans, sont nombreuses.

Quel qu’il soit, son successeur devra faire face, estime l’actuel président du Conseil pontifical, à « la troisième vague » de divisions chrétiennes : « Après le schisme avec les orthodoxes puis la Réforme avec les protestants, aujourd’hui on assiste à la progression très importante de toutes ces nouvelles formes de protestantisme, pentecôtistes, “megachurches”, et des chrétiens “post-confessionnels”. »

Pour les orthodoxes, il doit tout apprendre et il apprend, ajoutant avec son humour et un sourir malicieux : "Avec les Russes, il faut boire de la vodka."

Mais il connaîte d'autres difficultés car il doit tenir compte des services de la Curie romaine qui sur les mêmes sujets peuvent avoir d'autres priorités. Structurellement, de ce point de vue, le Conseil pontifical pour l’unité se trouve souvent sur une ligne différente de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Divergences normales, explique le cardinal Kasper : « Cette Congrégation a une vision doctrinale, interne à l’Église. Nous, en revanche, nous sommes dans le dialogue."

À cette tension entre deux logiques, s’est superposée, lors des dernières années Jean-Paul II, l’opposition de leurs deux responsables, les cardinaux Ratzinger et Kasper. Deux théologiens, deux Allemands qui s’estiment, mais n’hésitent pas à manifester leurs désaccords. Ainsi, Walter Kasper n’a pas caché sa désapprobation du document Dominus Iesus, publié en 2000 par la Congrégation pour la doctrine de la foi, réaffirmant un peu rudement que c’est dans l’Église catholique que « subsiste » l’unique Église du Christ.

Divergences, pas sur le fond, explique-t-il, mais dans la forme : "On pouvait s’exprimer de façon moins blessante avec nos frères chrétiens. Il faut dire les différences de l’Autre, mais non le définir par ses défaillances."

Divergences mais confiance, car ces divergences de sensibilité n’empêchent pas Benoît XVI, aujourd’hui, de s’appuyer sur son compatriote et de lui faire manifestement confiance. "J’essaie d’être loyal ", explique simplement le cardinal Kasper, sans doute l’une des rares personnalités, à Rome, à tutoyer le pape : "Nous avons été collègues d’université, tout de même !" Il avoue cependant préférer utiliser devant lui des formules à la troisième personne et parler du « pape ».

Au -delà des divergences, les deux compatriotes partagent le même amour pour l’Église et la même passion pour la théologie. "Je ne peux pas vivre sans faire de théologie", avoue le cardinal Kasper, et on devine que le papethéologien souscrit volontiers à cette affirmation.

Le cardinal , qui a eu 75 ans en mars 2008, âge de la retraite pour les cardinaux de la Curie, a présenté sa démission, comme le veut l’usage. Il aspire à retrouver ses chères études et s’apprête donc à quitter ses fonctions sans forcément partir de Rome – même si, pour l’instant, le pape lui a demandé de rester encore un peu à son poste.

La devise épiscopale du cardinal Kasper : Veritatem in caritate, est toute proche du titre de l'encyclique de Benoît XVI, Caritas in veritate. Ce n'est pas qu'une autre présentation des termes. Il y a là plus qu'une nuance.

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JOHN ANTHONY HEPWORTH (1944 - )  
John Anthony Hepworth (né en 1944) évêque anglican australien et Primat de la TAC, la Communion anglicane traditionnelle.

Ordonné prêtre dans l'Eglise catholique romaine pour l'archidiocèse d'Adélaïde en 1968, il quitte son Église en 1976 et est accueilli dans l'Église anglicane d'Australie. De 1976 à 1977, il exerce son ministère sacerdotal dans le diocèse anglican de Ballarat. De 1977 à 1978, il était le prêtre assistant à la paroisse Colac et, de 1978 à 1980, a été recteur du Sud Ballarat.

En 1992, John Hepworth rejoint l'Eglise anglo-catholique en Australie. En 1996, il fut consacré comme évêque auxiliaire et, en 1998 il devint l'évêque diocésain. En 2002, il est élu primat de la Communion anglicane traditionnelle pour succéder à Louis Falk.

Mgr John Hepworth est diplômé en sciences politiques et obtient un baccalauréat ès arts de l'Université d'Adélaïde en 1982 avec une thèse sur l'Action catholique, intitulé «Le Mouvement Revisited: A South Australian Perspective".

Pendant cinq ans, il a été maître de conférences en science politique à l'Université du Territoire du Nord avant de devenir coordinateur d'études internationales à l'Université d'Australie du Sud. En 1998, il fut élu à la Convention constitutionnelle australienne

John Anthony Hepworth a été mariée deux fois. Il a trois enfants et vit dans la banlieue d'Adélaïde de Blackwood, en South Australia.

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