Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
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L'ÉGLISE EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
 


" A partir de samedi prochain, 26 septembre, jusqu'au lundi 28, s'il plait à Dieu", a déclaré le pape Benoît XVI après la prière de l'Angelus du 20 septembre, depuis Castel Gandolfo, "j'accomplirai un voyage apostolique dans la République Tchèque. Je m'arrêterai dans la capitale Prague, mais me rendrai aussi à Brno, en Moravie, et à Stará Boleslav, lieu du martyre saint Venceslas, patron principal de la Nation".

"La République Tchèque se trouve géographiquement et historiquement dans le cœur de l'Europe - a poursuivi Benoît XVI - et après être passé à travers les drames du siècle passé, il a besoin, comme le Continent tout entier, de retrouver les raisons de la foi et de l'espérance."

Sur les traces de mon bienaimé prédécesseur Jean-Paul II, qui visita ce Pays bien trois fois, - conclut le pape - je rendrai également hommage aux témoins héroïques de l'Évangile, anciens et récents, et les encouragerai tous à aller en avant dans la charité et dans la vérité. Je remercie dès maintenant tous ceux qui m'accompagneront par la prière dans ce voyage, pour que le Seigneur le bénisse et le rende fructueux". (source : VIS)

Au lendemain du communisme    


«20 ans après la fin du régime communiste et la renaissance pacifique de la démocratie, les tâches de l'Élise sont immenses. Durant les 40 années de communisme, tout ce que faisait l’Eglise était contrôlé et seuls les prêtres pouvaient exercer une activité pour le compte de l’Eglise. Les laïcs ne pouvaient pas collaborer, ne pouvaient exercer d’activité apostolique et pastorale, car elle était interdite et contrôlée.

Après la chute du communisme seulement les activités de l’Eglise ont pu s’étendre. Il a fallu activer et raviver les activités, raviver également la participation des laïcs aux activités pastorales et apostoliques de l’Eglise. Et pousser les prêtres à collaborer avec les laïcs, mais surtout attirer les laïcs dans les activités de l’Eglise, n’a pas été une tâche facile non plus.

Peu à peu la situation a évolué mais ce n’est pas encore vraiment l’idéal. Une société sécularisée a besoin avant tout de témoignage dans la vie, alors il faut d’abord vivre l’Evangile, faire de l’expérience et puis témoigner. Et on n’a pas encore réalisé tout ça. C’est encore ce qui manque et ce vers quoi nous tâchons d’aller ».

« Nous attendons le Saint-Père depuis déjà un an, dès lors qu’est apparue la possibilité qu’il vienne. Il est allé plutôt vers de grands peuples, de grands Etats, et nous nous sommes un petit peuple, un petit état dans le cœur de l’Europe. Alors pour nous, je dirais que le voyage du Saint-Père est une grâce, une bénédiction.

Nous attendons qu’il nous renforce dans notre foi. C’est bien cela .. c’est ce que nous attendons vraiment du pape.. le pape vient pour vénérer notre grand saint martyr , saint Venceslas, qui n’est pas seulement un grand martyr, un des grands saints de notre nation.. il est aussi , dirais-je, un roi éternel, une personnalité qui sert de trait d’union entre la société civile et l’Eglise ».
(interview de l'archevêque de Prague, le cardinal Miloslav Vlk)


  De quelques questions à résoudre  

Le droit de liberté religieuse est inséré dans la Constitution de 1992, qui comprend dans son article 3 “La Charte fondamentale des Droits et des Libertés” approuvée aussi par l’Assemblée fédérale en 1992.

Tous les groupes religieux doivent s’enregistrer au Ministère de la Culture pour pouvoir entre autres obtenir des aides de l’État. En février 2007, la Cour suprême tchèque a rejeté le verdict prononcé par la Haute Cour de Prague en septembre 2006, laquelle avait ordonné que le château de Prague et la cathédrale saint Vitus, expropriés par le régime communiste, soient rendus à l’Église catholique.


L'Église s’est concentrée sur cette question primordiale: ainsi que l’a souligné le cardinal Miloslav Vlk, archevêque de Prague, les arguments utilisés pour appuyer cette décision n’étaient pas d’ordre légal mais plutôt politique, et que cela n’arrêtait pas la démarche de l’Église, qui envisageait même de faire appel à la Cour européenne à Strasbourg.

Dans son émission du 4 avril 2007,
Radio-Vatican annonça, au cours de son journal, qu’un accord provisionnel avait été conclu au sujet de la controverse concernant les biens de la cathédrale. Le Bureau du Président de la République a, en fait, décidé, que “l’administration de la cathédrale, de même que celle du Château de Prague, serait dorénavant confiée au Chapitre épiscopal”. Le 31 janvier 2007, la même source a diffusé la réponse des évêques tchèques aux accusations de collaboration avec le régime communiste, accusations au niveau de plusieurs prêtres tchèques. Dans une note, les évêques déclarent que “avant tout, l’Église a été une victime et a été persécutée”. De plus, précise le document, l’Église a été la première à soulever cette question, ce qui a obligé un certain nombre de personnalités importantes à démissionner.

Le 4 novembre 2007, l’Osservatore Romano rapporta que des progrès avaient été réalisés dans le dialogue entre l’État et l’Église catholique au sujet des biens confisqués par le régime communiste.

La Conférence épiscopale tchèque négocie une compensation équivalente à trois milliards d’euros, étalés sur une période d’environ soixante-dix ans.

Le 15 novembre 2007, le journal de Radio Vatican a informé que la Cour Constitutionnelle tchèque avait rejeté une proposition visant à modifier l’article 495/2005 qui impose des restrictions aux Églises et aux communautés religieuses lorsqu’elles fondent des institutions de charité ou des écoles sur leurs propriétés. L'action importante de la Caritas tchèque pouvait en souffrir.

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Benoît XVI, lors de la visite "ad limina" 18 novembre 2005

L'un des moments les plus intenses de communion ecclésiale et de partage fraternel du ministère épiscopal est la visite "ad limina Apostolorum". En cette occasion, chacun peut, devant le Seigneur, s'arrêter pour réfléchir de concert avec ses autres confrères sur la vie de sa propre communauté, dans la perspective de la relation intime qui lie les Eglises particulières à l'Eglise universelle. Avec le Successeur de Pierre, vous voulez rendre un témoignage de pleine adhésion au Christ et de généreuse disponibilité à l'égard des fidèles du troupeau qui vous a été confié. Très chers amis, soyez les bienvenus à ce Siège romain, qui est également un point de référence spirituel pour les catholiques de toutes les parties du monde.

Lors des rencontres avec chacun de vous, j'ai eu l'occasion de connaître une Eglise très vivante, qui se sent appelée à jouer le rôle de levain dans une société sécularisée, mais dans le même temps attirée, souvent avec nostalgie, par le message libérateur, bien qu'exigeant, de l'Evangile. Vous avez souligné le nombre croissant de vos concitoyens qui déclarent n'appartenir à aucune Eglise, mais vous avez noté, dans le même temps, l'intérêt avec lequel la société civile suit l'activité de l'Eglise catholique et ses programmes. Je pense que les dévastations matérielles et spirituelles du régime précédent ont laissé chez vos concitoyens, à présent qu'ils ont recouvré leur pleine liberté, le désir de récupérer le temps perdu, en se projetant vers l'avenir, sans peut-être réserver une attention suffisante à l'importance des valeurs spirituelles qui donnent leur force et leur consistance aux conquêtes civiles et matérielles.

Cela ouvre toutefois un vaste domaine à la mission de la communauté chrétienne. Comme le petit grain de sénevé, une fois développé, devient un grand arbuste qui offre l'hospitalité aux oiseaux du ciel, ainsi, vos Eglises peuvent offrir leur accueil à ceux qui cherchent des motivations valables pour leur vie et leurs choix existentiels. Vos communautés, profondément unies et ferventes, et également sensibles au thème de
la charité universelle, offrent déjà un solide témoignage qui attire de nombreuses personnes, également dans le monde de la culture. C'est un signe d'espérance pour la formation d'un laïcat mûr, sachant assumer de manière juste ses propres responsabilités ecclésiales.

Chers frères, je sais que vous êtes engagés à suivre avec une affection fraternelle vos prêtres et les communautés consacrées. Ils représentent les dons que le Christ Bon Pasteur, à travers votre ministère, offre au Peuple tchèque. Vous m'avez décrit de manière positive le clergé et les religieux, en présentant leurs membres comme des personnes actives et travailleuses, disciplinées et unies. J'exprime avec vous ma vive gratitude au Seigneur pour cette présence si significative pour l'Eglise.

Cette situation, qui offre de nombreux motifs de réconfort, ne doit cependant pas faire oublier les autres
aspects qui suscitent des préoccupations. Tout d'abord le manque de prêtres: il s'agit d'un fait qui vous incite à juste titre à consacrer une attention particulière à la pastorale des vocations. De ce point de vue également, l'engagement pour la formation de solides familles chrétiennes se révèle d'une importance particulière pour la vie de l'Eglise, car c'est précisément de la famille que dépend la possibilité de compter sur de nouvelles générations saines et généreuses, ainsi que de leur présenter la beauté d'une vie entièrement consacrée au Christ et à ses frères.

Vous avez donc, à juste titre, choisi comme aspect prioritaire de votre engagement, l'attention aux familles, qu'il s'agisse de celles en formation ou de celles déjà formées, et peut-être en difficulté. La famille, qui sur le plan naturel est la cellule de la société, représente sur le plan surnaturel une école fondamentale de formation chrétienne. C'est à juste titre que le Concile Vatican II l'a présentée comme "Eglise domestique", notant qu'en celle-ci, "les parents doivent être pour leurs enfants les premiers hérauts de la foi, au service de la vocation propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée" (Lumen gentium, n. 11).

En corrélation avec ce point du programme de votre engagement pastoral, vous avez porté votre attention sur cette "famille élargie" qu'est la paroisse, tout en étant bien conscients que c'est dans ce cadre que le croyant fait l'expérience de l'Eglise comme corps mystique du Christ et apprend à vivre la dimension sociale de la foi. De ce point de vue, l'insertion des laïcs dans l'activité paroissiale et leur participation à une vie liturgique riche et saine est très importante. La communauté chrétienne est une réalité de personnes ayant ses règles propres, un corps vivant qui, en Jésus, est présent dans le monde pour témoigner de la force de l'Evangile. Il s'agit donc d'un ensemble de frères et de soeurs qui n'ont pas d'objectifs de pouvoir ou des intérêts égoïstes, mais qui vivent dans la joie la charité de Dieu, qui est Amour.

Dans ce contexte, l'Etat ne devrait pas avoir de difficultés à reconnaître dans l'Eglise une contrepartie qui ne porte aucun préjudice à ses fonctions au service des citoyens. En effet, l'Eglise développe son action dans le domaine religieux, pour permettre aux croyants d'exprimer leur foi, sans toutefois envahir le domaine de compétence de l'autorité civile.

A travers son engagement apostolique et également sa contribution caritative, médicale et scolaire, celle-ci promeut le progrès de la société dans un climat de grande liberté religieuse. Comme on le sait, l'Eglise ne recherche pas de privilèges, mais
elle souhaite seulement pouvoir accomplir sa mission. Lorsque ce droit lui est reconnu, c'est en réalité toute la société qui y trouve son avantage.

Vénérés frères, voici quelques réflexions que je voulais partager avec vous, lors de cette première rencontre. Je suis spirituellement proche de vous dans l'exercice de votre ministère pastoral, et je vous exhorte en particulier à poursuivre avec confiance le dialogue oecuménique. Je sais que celui-ci est intense, de même qu'il existe un intense dialogue avec tous vos concitoyens, dans le domaine culturel, sur les valeurs fondamentales sur lesquelles repose aujourd'hui toute coexistence civile. Que le Seigneur soutienne de sa grâce, par l'intercession de sa Mère Immaculée, vos efforts pastoraux. Je les accompagne de ma cordiale Bénédiction apostolique, que je vous donne, ainsi qu'à vos prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs qui font partie du troupeau que la Divine Providence vous a confié. (source : VIS)

Discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur, le 27 septembre 2008    

BENOÎT XVI À S.E. M. PAVEL VOSALÍK, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE TCHÈQUE PRÈS LE SAINT SIÈGE
Castelgandolfo, le samedi 27 septembre 2008

Monsieur l'ambassadeur,
Je suis heureux de vous recevoir aujourd'hui à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République tchèque. Je suis reconnaissant de vos paroles cordiales au moment où vous commencez la mission qui vous a été confiée par votre gouvernement. Veuillez transmettre mes respectueuses salutations à S.E. M. Vaclav Klaus, président de la République, en l'assurant de mes prières pour le bien-être de tous les habitants de votre pays.
Monsieur l'ambassadeur, j'apprécie que vous ayez souligné l'influence du christianisme sur le riche héritage culturel de votre nation, et en particulier le rôle joué par l'Evangile pour apporter l'espérance au peuple tchèque au temps de l'oppression. L'espérance est en effet le message éternel que l'Eglise offre à toutes les générations, et qui la caractérise pour participer à la tâche mondiale de forger des liens de paix et de bonne volonté entre les peuples. Elle le fait en particulier par son activité diplomatique, à travers laquelle elle promeut la dignité des personnes qui sont destinées à une vie de communion avec Dieu et avec les autres.

Votre nation, soutenue par le sens de la solidarité qui lui a permis de renaître courageusement après l'écroulement du totalitarisme, souhaite également contribuer au bien-être de la famille humaine en promouvant la coopération internationale dans la lutte contre la violence, la faim, la pauvreté et d'autres maux de la société. De nouvelles perspectives d'influence vont s'ouvrir pour votre pays qui se prépare à assumer la présidence du Conseil de l'Union européenne l'année prochaine. Je suis certain qu'en se donnant des objectifs clairs et en facilitant l'engagement de tous les Etats membres, le grand honneur de présider le Conseil pour une période de six mois permettra à la République tchèque d'avoir un rôle moteur dans la tentative commune de conjuguer l'unité et la diversité, la souveraineté nationale et l'action conjointe, ainsi que le progrès économique et la justice sociale sur tout le continent.

L'Eglise est bien consciente que l'Europe se trouve face à de nombreux défis précisément au moment où ses nations aspirent à construire une communauté internationale plus stable pour les générations futures. Pour aller de l'avant, ses responsables politiques sont appelés à reconnaître que le bonheur et le bien-être des hommes ne peuvent pas être obtenus uniquement à travers des structures ou par le seul niveau social ou politique (cf. Spe salvi, n. 24). La réalisation d'une culture authentique, digne de la noble vocation de l'homme, exige la coopération harmonieuse des familles, des communautés ecclésiales, des écoles, des forces économiques, des organisations communautaires et des institutions gouvernementales. Loin d'être des fins en elles-mêmes, ces entités sont organisées en structures en vue d'être au service de tous, et d'être totalement liées les unes aux autres dans la recherche du bien commun (cf. Centesimus annus, n. 13).

C'est pourquoi toute la société tire bénéfice du fait que l'Eglise puisse avoir le droit d'exercer la gestion des biens matériels et spirituels nécessaires à son ministère (cf. Gaudium et spes, n. 88). On trouve dans votre pays des signes de progrès dans ce domaine, mais beaucoup reste encore à faire. Je suis certain que les commissions spéciales mises en place par votre gouvernement et votre parlement pour résoudre les questions en cours relatives aux biens ecclésiaux progresseront avec honnêteté, justice et la reconnaissance authentique de la capacité de l'Eglise à participer au bien-être de la République. Je souhaite en particulier que ces considérations soient clairement présentes au moment de trouver une solution au sujet de la cathédrale de Prague, qui s'élève comme un témoignage vivant du riche héritage culturel et religieux de votre pays, et témoigne de la coexistence harmonieuse de l'Eglise et de l'Etat.

Par sa nature, l'Evangile pousse les fidèles à s'offrir avec amour au service de leurs frères et sœurs sans distinction et à n'importe quel prix (cf. Lc 10, 25-37). L'amour est une manifestation extérieure de la foi qui soutient la communauté des croyants et leur donne la force d'être des signes d'espérance pour le monde (cf. Jn 13, 35). Un exemple de cette charité visible resplendit dans le travail de la Caritas, dont les membres s'engagent quotidiennement dans un grand nombre de services sociaux à travers le pays. Cela est particulièrement évident dans le service qui est offert aux femmes enceintes, aux sans-abris, aux porteurs de handicaps et aux détenus. La coordination entre la Caritas République tchèque et les ministères de la santé, du travail et des affaires sociales démontrent les fruits qui pourraient résulter d'une collaboration entre les institutions de l'Etat et de l'Eglise (cf. Deus caritas est, n. 30).

Je voudrais souligner l'immense potentiel de formation pour les jeunes, auxquels la participation à ce type d'initiatives apprend que la solidarité authentique ne consiste pas simplement à apporter des biens matériels mais à s'offrir soi-même (cf. Lc 17, 33). D'ailleurs, alors que la République tchèque tente de développer les moyens à sa disposition pour participer à la tâche de promouvoir davantage de cohésion et de coopération au sein de la Communauté internationale, nous ne devrions pas oublier que de nombreux citoyens tchèques œuvrent déjà à l'étranger dans des projets d'aide et de développement à long terme sous les auspices de la Caritas et d'autres organisations humanitaires. J'encourage de tout cœur leurs efforts et salue la générosité de tous vos concitoyens qui cherchent de nouveaux moyens de servir le bien commun à la fois dans votre nation et à travers le monde. (source : VIS)
 
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