Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
Les Églises orientales catholiques
Assemblée spéciale pour le Moyen Orient
du 10 au 24 octobre 2010 à Rome

 



L'Instrumentum laboris - Des réponses à envisager
 

L’Eglise ne prétendra jamais offrir des solutions préfabriquées à tous les problèmes des chrétiens qui vivent au Moyen Orient. La situation de chaque église, voire de chaque fidèle, est particulière et on ne peut pas trouver la solution parfaite pour toutes ensemble.

L’Eglise indique les lieux et les moyens pour procurer la solution à ces problèmes et elle propose 3 pistes importantes.

 


1- Il faut former les chrétiens à lire et à vivre de la Parole de Dieu

On trouve au Moyen Orient une grande religiosité et beaucoup de dévotion populaire. Mais la Parole de Dieu n’a pas pris encore sa juste place dans la spiritualité du peuple chrétien. La lectio divina est restée le privilège d’une élite. Il faut faire beaucoup d’efforts pour initier le peuple à la lecture et à la méditation de la Bible. Une partie du succès des sectes vient de leur contact avec la Parole de Dieu, en plus du fait qu’ils constituent partout des communautés ferventes qui attirent ceux qui sont en recherche de chaleur humaine.

L’Écriture Sainte, écrite sur nos terres et dans nos langues (hébreu, araméen ou grec), avec des expressions culturelles et littéraires que nous ressentons comme nôtres, guidera notre réflexion. La Parole de Dieu est lue en Église. Ces Écritures, transmises et méditées dans nos saintes Liturgies, nous sont parvenues à travers les communautés ecclésiales. Elles sont une référence incontournable pour découvrir le sens de notre présence, de notre communion et de notre témoignage dans le contexte actuel de nos pays.

Voici une des réponses qui se trouvaient dans les Lineamenta, à propos de la Parole de Dieu : “La Parole de Dieu oriente, donne sens et signification à la vie, la transforme radicalement, y trace des chemins d’espérance, et assure l’équilibre vital de notre triple relation à Dieu, à nous-mêmes et aux autres. Par ailleurs, elle aide à affronter les défis du monde d’aujourd’hui. Aussi devrait-elle être la référence des chrétiens dans l’éducation des enfants, en particulier pour une expérience du pardon et de la charité. De fait, certaines familles s’en inspirent dans l'éducation de leurs enfants.”

   
   


2- Il faut former les chrétiens au pardon, à la réconciliation et à l’ouverture à l’autre

Les régions du Moyen Orient sont déchirées par des conflits sanguinaires, produisant des haines et des rancunes inexpiables. Kurdes, Iraniens, Palestiniens, Israéliens et Libanais ont terriblement souffert et leurs blessures ne sont pas encore refermées, encore moins guéries. Parfois la religion s’y mêle comme arrière-fond pour idéologiser le conflit et le durcir. La solution n’est pas dans les représailles qui créent un cercle vicieux de violence sans fin, mais dans le dialogue et le pardon. Ce sera le travail des éducateurs à long terme. Les chrétiens auront leur contribution à offrir dans la résolution des conflits de caractère politique ou religieux.

L’ouverture à l’autre a aussi une dimension interreligieuse. Le Pape Benoit XVI, en visitant la Terre Sainte, la Palestine et la Turquie, a tenu à rencontrer les chefs musulmans. Il a fait de même avec la religion hébraïque pour encourager le dialogue interreligieux. Il sait que le futur de l’Humanité dépend de nos efforts en ce sens.

L’ouverture à l’autre a aussi une dimension œcuménique. Parmi les réponses aux Lineamenta, on trouve ces lignes pertinentes : “Toutes les divisions entre les Eglises du Moyen Orient sont les fruits amers du passé, mais l’Esprit travaille les Eglises pour les rapprocher et faire tomber les obstacles à l’unité visible voulue par le Christ, pour qu’elles soient Une dans leur multiplicité, à l’image de la Trinité, s’enrichissant mutuellement de leurs Traditions respectives : ‘Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé’ (Jn 17, 20-21)”.

La divergence majeure entre l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes tient dans la notion de primauté de l'Evêque de Rome. Dans son encyclique Ut unum sint (numéros 88-96, surtout 93 et 95), le Pape Jean-Paul II admet la responsabilité de “trouver un moyen d'exercer la primauté qui, tout en ne renonçant en aucune manière essentielle à sa mission, n'en est pas moins ouvert à une nouvelle situation, en tenant compte de la double tradition canonique latine et orientale.”

3- Une vocation et non une fatalité

Il faut former les chrétiens à considérer leur présence ici comme une vocation et non comme une fatalité. Les chrétiens qui vivent au Moyen Orient sont enracinés dans une culture et dans une langue, et vivent avec d’autres peuples dont ils partagent la langue, l’histoire et beaucoup de traditions. Les chrétiens ne doivent pas se sentir étrangers. Ils sont appelés à être témoins du Christ dans les pays mêmes où ils vivent. Fuir leurs pays d’origine, c'est fuir la réalité. Il faut encourager les chrétiens à vivre avec foi et joie dans le pays de leurs ancêtres. Leur départ affaiblira le petit reste, qui cherchera lui aussi à partir.

Les fidèles attendent des pasteurs qu'ils leur donnent les raisons claires de leur mission dans chaque pays. Nous ne pouvons pas être autre chose que d'authentiques témoins du Christ ressuscité présent par l'Esprit Saint dans son Église, dans les pays où nous sommes nés et où nous vivons, pays qui se caractérisent non seulement par un processus de maturation politique et démocratique, mais, malheureusement, par des conflits et l'instabilité.

Un autre aspect pourrait aider à limiter l’émigration : rendre les chrétiens plus conscients du sens de leur présence et de la nécessité de s’engager ici et maintenant, dans la vie publique. Chacun dans son pays est porteur du message du Christ à sa société. Ce message est à porter tout autant dans les difficultés et dans la persécution.

   
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