Jeudi 23
mars 2001 :
Visite
historique à Yad Vashem, mémorial de la Shoah
La cérémonie et le discours de Pape au
mémorial de Yad Vashem, à
Jérusalem, étaient très attendus. Ce mémorial
est dédié à la mémoire des six millions
de juifs exterminés par les nazis. Ces
heures feront date dans l'histoire
des relations judéo-chrétiennes. Il
y a été accueilli par le Premier ministre israélien
Ehoud Barak. La cérémonie a été retransmise
en direct par la première chaîne de télévision
israélienne, ce qui aura
certainement un profond impact sur la population israélienne,
qui ne connaît pas les nombreuses déclarations du pape
condamnant l'antisémitisme.
A l'entrée du mémorial, plusieurs centaines
de personnes l'attendaient. Guidé
par le Premier Ministre Ehoud Barak,
Jean Paul II est entré dans un édifice rectangulaire
de pierres sans fenêtre, la crypte de la déportation, où
une tombe symbolique, près de laquelle
brûle une grande flamme perpétuelle,
contient les cendres de victimes des différents camps de
concentration, tandis que les noms de ces camps
y sont inscrits sur le sol.
Sur une mélodie poignante, un chur d'enfants a alors entonné
un chant composé par un juif mort en camp de concentration. Jean
Paul II s'est approché de la flamme de la tombe où
il s'est recueilli quelques instants. La lecture d'une lettre écrite
par une femme juive qui, se sachant sur le point d'être arrêtée,
recommandant son fils à une polonaise, provoqua
une grande émotion. Jean Paul II
a alors traversé la salle pour s'approcher de quelques
rescapés des camps, provenant de
différents pays.
L'ami juif du pape, Jerzy Kluger,
avec lequel Karol Wojtyla avait passé une partie
de son enfance à Wadowice, à quelques km d'Auschwitz,
était présent également,
ainsi qu'une vingtaine d'autres anciens habitants juifs
de sa ville natale.
Nous vous donnons le texte intégral
de ce discours fondamental pour les relations judéo-chrétiennes
:
"En ce lieu de la mémoire, l'esprit, le cur et l'âme
éprouvent un immense besoin de silence, un silence pour se souvenir,
un silence dans lequel chercher à donner un sens aux souvenirs
qui nous reviennent avec violence. Ce silence est nécessaire
car il n'y a pas de paroles assez fortes pour dire la terrible tragédie
de la Shoah. Moi-même, j'ai des souvenirs personnels de ce qui
est arrivé lorsque les Nazis occupèrent la Pologne durant
la guerre. Je me souviens de mes amis et voisins juifs. Certains sont
morts, d'autres ont survécu".
"Je suis venu à Yad Vashem pour rendre hommage aux millions de
Juifs qui, privés de tout, et notamment de leur dignité
humaine, furent tués durant l'Holocauste. Plus d'un demi-siècle
plus tard, ces souvenirs demeurent".
"Nous voulons nous souvenir, mais aussi nous souvenir utilement, c'est-à-dire
afin de nous assurer que jamais plus le mal ne prévaudra, comme
c'est arrivé pour tant de millions de victimes innocentes du
Nazisme. Comment des hommes peuvent-ils avoir eu autant de mépris
pour l'homme? Parce qu'ils étaient arrivés à mépriser
Dieu. Seule une idéologie sans Dieu pouvait programmer et appliquer
l'extermination d'un peuple tout entier".
"L'honneur rendu aux Justes Gentils par l'Etat d'Israël à
Yad Vashem, pour avoir agi héroïquement en sauvant des Juifs,
jusqu'en offrant leur vie, est la preuve de ce qu'aux heures les plus
sombres toutes les lumières ne sont pas éteintes".
"Juifs et Chrétiens partagent un immense patrimoine spirituel
qui découle de la Révélation de Dieu par lui-même.
Nos enseignements religieux et nos expériences religieuses exigent
que, par le bien, nous vainquions le mal. Sans aucun esprit de vengeance
ni de favoriser la haine, nous nous souvenons. Pour nous, se souvenir
signifie prier pour la paix et la justice".
"En tant qu'Evêque de Rome et Successeur de l'apôtre Pierre,
j'assure le Peuple juif de ce que l'Eglise catholique, encouragée
par la loi évangélique de la vérité et de
l'amour, et non pas par des considérations politiques, est profondément
attristée par la haine, les persécutions et les manifestations
d'antisémitisme dont les Juifs ont été l'objet
de la part de Chrétiens, en tout temps et lieu. L'Eglise rejette
toute forme de racisme, comme étant la négation de l'image
du Créateur, intrinsèque à tout être humain".
"Je prie avec ferveur pour que notre douleur face à la tragédie
subie au XX siècle par le Peuple juif conduise à un rapport
nouveau entre Chrétiens et Juifs. Construisons un avenir dans
lequel il n'y aura plus de sentiments anti-juifs parmi les Chrétiens,
et de sentiments anti-chrétiens parmi les Juifs, mais un respect
réciproque de qui adore l'unique Créateur et Seigneur,
et voit en Abraham le père commun dans la Foi".
Pour toute informations : Service
de presse du Vatican
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