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Eglise catholique romaine
et Eglise orthodoxe de Roumanie.
Le samedi
12 octobre une "Déclaration commune" entre le pape
Jean Paul II et le patriarche Téoctist, déclaration qui
prend une valeur toute particulière dans le temps même
des polémique entre le patriarcat de Moscou et le Siège
Apostolique de Rome.
Ceci est le texte intégral dans sa traduction officielle.
Déclaration
commune de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II et de Sa Béatitude le Patriarche
Théoctiste
"Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils
soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu'ils
parviennent à l'unité parfaite et qu'ainsi le monde puisse connaître
que c'est toi qui m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé"
(Jn 17, 22-23).
Dans la joie profonde de nous retrouver ensemble dans la ville de Rome,
près de la tombe des saints Apôtres Pierre et Paul, nous échangeons
le baiser de paix sous le regard de Celui qui veille sur son Église
et qui guide nos pas; et nous méditons une nouvelle fois ces paroles
que l'évangéliste Jean nous a transmises et qui constituent la prière
émouvante du Christ à la veille de sa Passion.
1. Notre rencontre se place dans la ligne du baiser que nous avons échangé
à Bucarest au mois de mai 1999, tandis que résonne encore dans notre
cour l'appel émouvant: "Unitate, unitate! Unité, unité!", qu'une grande
foule de fidèles a fait monter spontanément devant nous en cette occasion.
Cet appel se faisait l'écho de la prière de notre Seigneur pour "que
tous soient un" (Jn 17, 21).
La rencontre de ce jour renforce notre engagement à prier et à travailler
pour atteindre la pleine unité visible de tous les disciples du Christ.
Notre but et notre désir ardent, c'est la pleine communion qui n'est
pas absorption, mais communion dans la vérité et dans l'amour. C'est
un chemin irréversible pour lequel il n'y a pas d'alternative: c'est
le chemin de l'Église.
2. Marquées encore par la triste période historique durant laquelle
on a nié le Nom et la Seigneurie du Rédempteur, les communautés chrétiennes
en Roumanie rencontrent encore fréquemment aujourd'hui des difficultés
à dépasser les effets négatifs que ces années ont eus sur la mise en
ouvre de la fraternité et du partage, ainsi que sur la recherche de
la communion.
Notre rencontre doit être considérée comme un exemple: les frères doivent
se retrouver pour se réconcilier, pour réfléchir ensemble, pour découvrir
des moyens de parvenir à s'entendre, pour exposer et expliquer les arguments
des uns et des autres. Nous exhortons donc ceux qui sont appelés à vivre
côte à côte sur la même terre roumaine à trouver des solutions de justice
et de charité.
Par un dialogue sincère, il faut dépasser les conflits, les malentendus
et les soupçons issus du passé, afin que, dans cette période décisive
de leur histoire, les chrétiens en Roumanie puissent être des témoins
de la paix et de la réco! nciliation.
3. Nos relations doivent être le reflet de la communion réelle et profonde
dans le Christ, qui existe déjà entre nous, même si elle n'est pas encore
plénière. En effet, nous reconnaissons avec joie que nous avons ensemble
la tradition de l'Église indivise, centrée sur le mystère de l'Eucharistie,
dont témoignent les saints que nous avons en commun dans nos calendriers.
D'autre part, les nombreux témoins de la foi dans les temps d'oppression
et de persécution du siècle écoulé, qui ont montré leur fidélité au
Christ, sont un germe d'espérance dans les difficultés présentes. Pour
alimenter la recherche de la pleine communion, même dans les divergences
doctrinales qui demeurent encore, il convient de trouver des moyens
concrets, en instaurant des consultations régulières, avec la conviction
qu'aucune situation difficile n'est destinée à perdurer de manière irrémédiable,
et que grâce à l'attitude d'écoute et de dialogue, et à l'échange régulier
d'informations, des solutions satisfaisantes peuvent être trouvées,
pour aplanir les points de friction et pour parvenir à une solution
équitable des problèmes concrets.
Il convient de renforcer ce processus pour que la pleine vérité de la
foi devienne un patrimoine commun, partagé par les uns et les autres,
et capable de faire naître une convivialité véritablement pacifique,
enracinée et fondée sur la charité. Nous savons bien comment nous comporter
pour établir les orientations qui doivent conduire l'ouvre d'évangélisation,
si nécessaire après la période sombre de l'athéisme d'État. Nous sommes
d'accord pour reconnaître la tradition religieuse et culturelle de chaque
peuple, mais aussi la liberté religieuse.
L'évangélisation ne peut pas être fondée sur un esprit de compétitivité,
mais sur le respect réciproque et sur la coopération, qui reconnaissent
à chacun la liberté de vivre selon ses propres convictions, dans le
respect de son appartenance religieuse.
4. Dans le développement de nos contacts, à partir des Conférences Panorthodoxes
et du Concile Vatican II, nous avons été témoins d'un rapprochement
prometteur entre l'Orient et l'Occident, fondé sur la prière, sur le
dialogue dans la charité et dans la vérité, si dense de moments de profonde
communion.
C'est pourquoi nous considérons avec préoccupation les difficultés que
traverse actuellement la Commission mixte internationale pour le dialogue
théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe et, à l'occasion
de notre rencontre, nous désirons formuler le souhait que l'on ne néglige
aucune initiative pour réactiver le dialogue théologique et pour relancer
l'activité de la commission. Nous avons le devoir de le faire, car le
dialogue théologique rendra plus forte l'affirmation de notre volonté
partagée de communion face à la situation actuelle de division.
5. L'Église n'est pas une réalité fermée sur elle-même: elle est envoyée
au Plus ces derniers seront unis dans leur témoignage à l'unique Seigneur,
plus ils contribueront à donner voix, consistance et espace à l'âme
chrétienne de l'Europe, à la sainteté de la vie, à la dignité et aux
droits fondamentaux de la personne humaine, à la justice et à la solidarité,
à la paix, à la réconciliation, aux valeurs de la famille, à la protection
de la création. L'Europe tout entière est ouverte au monde. Les nouvelles
possibilités qui se créent dans une Europe déjà unie, et qui sont en
train d'étendre ses frontières pour associer les peuples et les cultures
de la partie centrale et orientale du Continent, constituent un défi
que les chrétiens d'Orient et d'Occident doivent affronter ensemble.
besoin de la richesse culturelle forgée par le Christianisme.
L'Église orthodoxe de Roumanie, centre de contacts et d'échanges entre
les fécondes traditions slaves et byzantines de l'Orient, et l'Église
de Rome qui, dans sa composante latine, évoque la voix occidentale de
l'unique Église du Christ, doivent contribuer ensemble à une tâche qui
caractérise le troisième millénaire. Selon l'expression traditionnelle
et si belle, les Églises particulières aiment à s'appeler Églises sours.
S'ouvrir à cette dimension signifie collaborer pour redonner à l'Europe
son ethos le plus profond et son visage véritablement humain.
C'est dans telles perspectives et dans telles dispositions qu'ensemble
nous nous confions au Seigneur, l'implorant de nous rendre dignes d'édifier
le Corps du Christ, "jusqu'à ce que nous parvenions tous ensemble à
l'unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l'état
d'adultes, à la taille du Christ dans sa plénitude" (Ep 4, 13).
Au Vatican, le 12 octobre 2002.
[Texte original: Français]
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