Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
 

-
2010-10-26 - Synode
LES PROPOSITIONS TRANSMISES AU PAPE


Au terme du Synode, 'les pères synodaux' ont transmis à Benoît XVI 44 propositions, réparties selon 3 thèmes, propositions que le Pape étudiera avec ses conseillers pour promulguer son "Exhortation apostolique" finale, lors de sa venue au Liban.

Ces 3 thèmes regroupent et soulignent les points de vue des participants de ce Synode : - la présence chrétienne au Moyen-Orient, la communion ecclésiale et le témoignage chrétien - patriarches et évêques reviennent aussi sur les problématiques liées au mariage des prêtres, à la "blessure" de l´émigration, au dialogue interreligieux, à l´oecuménisme ou à la liturgie.

La tentation de vendre
Partant du principe que "l´attachement à la terre natale" est "essentiel" pour l´identité des chrétiens, les patriarches et évêques exhortent ainsi leurs fidèles et les communautés ecclésiales "à ne pas céder à la tentation de vendre leurs propriétés immobilières". Un comportement courant en particulier dans la partie musulmane de Jérusalem.

Soucieux d´aider les chrétiens qui se trouvent dans des "situations économiques difficiles (...) à garder leurs terres ou à en acquérir de nouvelles", les ‘pères synodaux´ proposent alors "la création de projets économiques" permettant "aux propriétaires de demeurer chez eux dignement et d´essayer de récupérer ceux qui sont perdus et confisqués". "De même, rappellent-ils, il faut préserver les propriétés et les biens de l´Eglise et de ses institutions".

Prêtres mariés
La question des prêtres catholiques orientaux mariés fait aussi l´objet d´une proposition. Rappelant que "le célibat ecclésiastique est estimé et apprécié toujours et partout dans l´Eglise catholique, en Orient comme en Occident", les évêques demandent toutefois, dans l´intérêt des fidèles, "d´étudier la possibilité d´avoir des prêtres mariés en dehors du territoire patriarcal" des Eglises d´Orient.

Le célibat ecclésiastique est estimé et apprécié toujours et partout dans l’Église catholique, en Orient comme en Occident. Toutefois, et afin d’assurer un service pastoral en faveur de nos fidèles, partout où ils vont, et de respecter les traditions orientales, il serait souhaitable d’étudier la possibilité d’avoir des prêtres mariés en dehors du territoire patriarcal.» (Proposition n° 23)

A ce propos, le jour même de la parution de ces propositions, Mgr Cyrille Salim Bustros, président de la Commission pour le message final du synode, s´est appuyé sur l´exemple des membres du clergé anglican déjà mariés qui peuvent désormais revenir dans l´Eglise catholique grâce à la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus publiée en novembre 2009. Il a demandé une modification "des actuelles directives du Saint-Siège en la matière qui imposent le célibat aux prêtres orientaux qui se trouvent en mission pastorale hors de leur territoire".

Le martyre des chrétiens
Dans un passage consacré au "partage de la Croix", les ‘pères synodaux´ espèrent "attirer l´attention du monde entier sur la situation dramatique de certaines communautés chrétiennes au Moyen-Orient, qui souffrent de toutes sortes de difficultés, allant parfois jusqu´au martyre". Et de demander "aux instances nationales et internationales un effort spécial pour mettre fin à cette situation de tension, en rétablissant la justice et la paix".

Comme dans le message final du Synode, ils leur demandent par ailleurs d´inciter "les autorités civiles responsables à appliquer les résolutions des Nations unies concernant la région, en particulier le retour des réfugiés et le statut de Jérusalem et des Lieux Saints".

Dialogue interreligieux
Le dialogue entre les chrétiens du Moyen-Orient et "leurs concitoyens des autres religions" constitue bien sûr l´un des thèmes récurrents de ces propositions, qui invitent, notamment "à la purification de la mémoire, au pardon mutuel du passé et à la recherche d´un meilleur avenir commun".

Plus concrètement, les patriarches et évêques de la région souhaitent que "dans la vie de chaque jour", les fidèles des 3 religions monothéistes cherchent "l´acceptation mutuelle malgré les différences" et forment "une société nouvelle où le pluralisme religieux est respecté et où le fanatisme et l´extrémisme seront exclus".

"Nous refusons l´antisémitisme et l´antijudaïsme", affirment les prélats, soucieux cependant de faire une distinction entre "religion et politique". Concernant le dialogue avec l´islam, les pères synodaux jugent "important de promouvoir la notion de citoyenneté, la dignité de la personne humaine, l´égalité des droits et des devoirs et la liberté religieuse comprenant la liberté du culte et la liberté de conscience".

" Les initiatives de dialogue et de coopération avec les juifs sont à encourager, pour approfondir les valeurs humaines et religieuses, la liberté, la justice, la paix et la fraternité. La lecture de l’Ancien Testament, et l’approfondissement des traditions du judaïsme aident à mieux connaître la religion juive."(Proposition n° 41)

" Au Moyen-Orient, les chrétiens partagent avec les musulmans la même vie et le même destin. Ils édifient ensemble la société. Il est important de promouvoir la notion de citoyenneté, la dignité de la personne humaine, l’égalité des droits et des devoirs et la liberté religieuse comprenant la liberté du culte et la liberté de conscience." (Proposition n° 42)

Respect des migrants
L´émigration est une blessure, une perte pour tous, pas que pour les chrétiens. Les migrations de chrétiens depuis et vers le Moyen-Orient font l´objet de plusieurs propositions, dont celle de "créer un bureau ou une commission chargée de l´étude du phénomène migratoire et de ses motivations pour trouver les moyens de le contrecarrer".

S´ils souhaitent "éduquer les chrétiens de l´émigration à garder la fidélité à la tradition de leurs origines", les responsables du synode sont surtout préoccupés par le respect des "droits fondamentaux des immigrés" au Moyen-Orient, "quelles que soient leur nationalité et leur religion".

Pour une bonne communion
Afin de "consolider" la communion au sein de l´Eglise catholique, les ‘pères synodaux´ recommandent la création "d´une commission de coopération entre les hiérarques catholiques du Moyen-Orient, chargée de promouvoir des stratégies pastorales communes".

Ces responsables doivent particulièrement avoir "une position pastorale commune" vis-à-vis des "nouveaux mouvements ecclésiaux de tradition occidentale, de plus en plus présents", qui doivent quant à eux oeuvrer "en union avec l´évêque du lieu, et selon ses directives pastorales". Ce qui leur praît indispensable pour que ces mouvements respectent, dans leur dynamisme, la richesse séculaire des traditions orientales.

" En dehors du territoire patriarcal, pour maintenir la communion des fidèles orientaux avec leurs Églises patriarcales, et leur assurer un service pastoral adapté, il est souhaitable que la question de l’extension de la juridiction des patriarches orientaux aux personnes de leurs Églises partout dans le monde soit étudiée en vue de mesures adaptées.» (Proposition no 18)

Oecuménisme.
Au niveau oecuménique, une nouvelle fois au cours de ce synode, le souhait d´une "traduction arabe commune du Notre Père et de l´unification de la date de Noël et de Pâques" apparaît dans les propositions.

Liturgies
Les ‘pères synodaux´ se montrent conscients que leurs fidèles souhaitent une liturgie plus accessible. "Il serait important et utile, écrivent-ils dans l´une des 44 propositions, de renouveler les textes et les célébrations liturgiques, là où il y a besoin, afin qu´ils répondent mieux aux besoins et aux attentes des fidèles sur la base d´une connaissance de plus en plus approfondie de la tradition et adaptée au langage d´aujourd´hui et aux catégories d´âge".

Dans un contexte politique explosif, des Églises divisées, malgré un temps de préparation trop bref, une durée réduite, des temps de parole très limités, ce Synode qui pouvait tourner court, ou s’étioler en pieuses considérations, est d'une grande richesse, dont désormais le Pape Benoît XVI doit tenir compte et avec lui les divers services d'une Curie romaine qui n'est pas seulement celle de l'Église latin, mais de l'Église universelle.

Dans un climat plus que vivant, avec assiduité, et le plus souvent en présence du Pape, très attentif, les 165 'Pères synodaux' des Églises orientales ont pris le risque – pour la première fois soulignent beaucoup – d’une véritable « Pentecôte » entre eux et face au monde.

Surmontant leur diversité confessionnelle (sept Églises étaient présentes), culturelle – Afrique du Nord, Inde, Turquie, Iran, Golfe, Terre sainte: autant de «mondes à part» –, ils sont allés très vite à l’essentiel, et en français, langue unifiante de ce Synode, composant, selon les termes de Benoît XVI, la «polyphonie d’une foi unique». Et ce même s’ils souhaiteraient voir l’arabe adopté comme l’une des langues officielles du Saint-Siège.

En communion dans l'Église universelle
À l’évêque de Rome, dont ils reconnaissent sans réticence la primauté, les patriarches orientaux adressent deux messages, à intensité variable. L’extension de leur juridiction hors de leur territoire patriarcal leur permettrait à la fois d’adresser un signal de liberté à leurs cousins et voisins orthodoxes, mais aussi de veiller sur leurs communautés éloignées et menacées par la sécularisation qu’ils redoutent.

Leur revendication visant à autoriser le ministère des prêtres mariés orientaux en territoires occidentaux doit se lire dans ce contexte. Le souhait de participer au conclave – et donc à l’élection du pape – sans être nécessairement cardinal ne semble pas, en revanche, rallier tous les suffrages des sept patriarches.

La liturgie, les laïcs, les jeunes, les femmes font l’objet d’un rattrapage à marche forcée, en vue de la nécessaire « révision de vie» engagée par ce Synode, selon les termes de Mgr Youhanna Golta, évêque de Curie d’Alexandrie des coptes (Égypte). Comme si Vatican II n’avait pas tout à fait touché les rivages orientaux, «en raison du poids de nos traditions», reconnaît un participant.

Seul l’œcuménisme a été maintenu, durant ces deux semaines, en basse intensité, comme s’il devait rester l’affaire de Rome. " Après tout, nous sommes tous d’anciens orthodoxes», constate un participant, désolé devant «l’orgueil historique des Églises mères». Si la formulation d’un Notre Père commun en arabe pourrait être à portée de main, la célébration de Pâques à une date commune est mise «entre les mains du Saint-Esprit».

" Pastoral ou politique? Ce Synode fut assurément pastoral dans sa parole publique, et très politique dans ces couloirs, lors des pauses ou en carrefours. Ad extra, la prudence a régné. Trop peut-être, pour Mgr Georges Casmoussa, archevêque syrien de Mossoul (Irak) ... Et Rome a, jusqu’au bout, pleinement joué son rôle: celui d’une « zone libre» à l’écart des démons du Moyen-Orient, garante d’une catholicité universelle", conclut Frédéric Mounier dans le quotidien "La Croix." (source : VIS)


Retour à "Églises orientales"
Retour à la page d'accueil