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Les Églises orientales pré-chalcédoniennes

 



  L'ÉGLISE ASSYRIENNE DE L'ORIENT  
 


Les Églises des deux conciles forment une branche de la grande famille des Églises orientales. Elles sont nées du refus des conclusions du Concile d'Éphèse en 431 ; elles ont pour cela été qualifiées de « nestoriennes ».

L'Église de Perse fut d'abord dans la juridiction de l'Église d'Antioche, et de par son origine antiochienne, elle est de tradition syriaque. C'est une Eglise autocéphale de tradition « syriaque orientale » propre à la région d'Edesse et à l'Est (Mésopotamie), la tradition « syriaque occidentale » étant liée à la région d'Antioche.

En 424, elle proclama son indépendance puis, ultérieurement  se sépara du Patriarcat d'Antioche. En 431, elle n'a pas accepté le concile d'Ephèse qui excommunia Nestorius.

Aujourd'hui plusieurs Églises, appartenant à des communions différentes, en sont les héritières directes :
l'Église apostolique assyrienne de l'Orient
l'Ancienne Église de l'Orient
l'Église syrienne de Mar Thomas de Malabar.
l'Église catholique chaldéenne (catholique orientale)

Nous traitons à part les différentes Églises orientales des chrétiens de saint Thomas au Kerala en Inde qui sont nées de l'importante activité missionnaire de l'Église de Perse. Elles en sont également héritières, même si leurs affiliations se sont diversifiées et complexifiées.


 
Histoire
   
 


Les origines de l'Église apostolique assyrienne de l'Orient remontent au siège de Séleucie-Ctésiphon, qui aurait été fondé par Saint Thomas l'apôtre, ainsi que par Saint Mari et Saint Thaddée (Addaï). Cette Eglise est parfois appelée Eglise nestorienne, Eglise syriaque orientale ou Eglise perse. En Occident, on l'appelle "Eglise nestorienne", bien qu'elle considère cette désignation comme péjorative.

L'Église d’Orient s'est développée en premier lieu dans ce qui était connu comme l'Empire Parthe, en particulier à Mardin, et quand cet empire a été renversé par les Perses au IIIe siècle, elle a continué son développement sous le nouveau gouvernement d'un empire perse qui s’étendait de l’est de la frontière romaine, jusqu’en Inde. Les 2ème et 3ème siècles furent les siècles de l'implantation et de l'organisation hiérarchique de l'Eglise d'Orient, sous l'autorité de l'Eglise de Séleucie et Ctésiphon, les deux villes bâties l'une en face de l'autre, sur les rives est et ouest du Tigre.

  Lorsque Constantin se convertit au Christianisme, les chrétiens de Perse furent considérés comme des alliés de l'Empire byzantin et donc ennemis de l'Empire perse. Cette réaction se manifesta d'abord par la grande persécution qui débuta sous Sapour II et  dura 40 ans (439-479). Le nombre des martyrs se compta par centaines de milliers.

Ensuite les persécutions devinrent chose courante chaque fois qu'une guerre éclatait entre les deux Empires et ce,  jusqu'à la chute de l'Empire perse en 632.

En 410, l'évêque de Bagdad devient « catholicos ». Lors d'un synode en 424, l'Église de Perse décréta son autocéphalie en se détachant du Patriarcat d'Antioche, dont le Siège est dans l'Empire byzantin, établissant le sien à Ctésiphon.


Ruines de Ctésiphon

Le concile d'Éphèse (431) condamnant l'hérésie de Nestorius, elle en refuse les formulations et les conclusions doctrinales et se distance encore plus de Byzance et de son Église.  En 484, elle affirma son adhésion à l'enseignement théologique  de Théodore de Mopsueste, et reste fidèle à l'École d'Antioche et à son maître Théodore de Mopsueste dont elle adopte les positionssans accepter, pour autant, d'être appelée «nestorienne ».

L'Église de Perse fut ainsi la première en Orient à se séparer de l'Église impériale romaine et à devenir indépendante.

Elle connaît au Moyen Age (du 7ème au 14ème siècles) un élan missionnaire extraordinaire, fondant des Eglises jusqu'en Chine. Mais,  elle commença à décliner au 14'ème siècle et connut ses heures les plus sombres lors de l'invasion du conquérant mongol Tamerlan, (1336-1405) à la fin du même siècle. Elle disparut presque complètement de l'Asie


Stèle de Zhouzhi

 

En 1552, une partie de l'Église Assyrienne rejoint l’Église Romaine sous le nom d’Église chaldéenne* dont le patriarche porte le titre de Patriarche de Babylone et réside à Bagdad.

Dans l'État indien du Kerala, depuis le 4ème siècle, les "Chrétiens de Saint Thomas", se rattachaient. au Patriarcat de l'Église Assyrienne qui les avait évangélisés. Latinisés par les Portugais au 16ème siècle, nombre d'entre eux, en 1653, la refusèrent et rompirent avec la hiérarchie catholique. Bien qu'ils fussent auparavant liés à l'Eglise assyrienne de Mésopotamie, ils s'adressèrent au Patriarche syrien orthodoxe pour obtenir un évêque. Cette Église compte actuellement 700.000 fidèles.

Pendant la première guerre mondiale, les Assyro-Chaldéens de Turquie orientale furent, comme les Arméniens et les Syriens orthodoxes, victimes du terrible génocide perpétré par les Turcs. Ils se réfugièrent en Irak, où ils connurent de nouvelles persécutions  en 1933, causant l'exil d'un grand nombre en Syrie et aux Etats-Unis.

En 1968,  l'Église apostolique assyrienne de l'Orient connut un schisme causé par les réformes que refusèrent des communautés attachées à l'ancien calendrier julien et à la tradition liturgique. Elles forment désormais l'Ancienne Église de l'Orient.

 
  Les Écoles théologiques  
 


Si la culture et les sciences se développaient dans les écoles attachées aux monastères dans les région devenues chrétiennes en Perse, deux Écoles avaient des caractéristiques particulières, l'École de Nisibe et l'École d'Edesse appelée aussi « École des Perses ». Elles étaient le pendant oriental des deux grandes Écoles d'Antioche et d'Alexandrie.

C'est tout  spécialement dans ces Écoles - que l'on appellerait des Universités, dans le langage actuel - que se sont développées les idées et les théories qui aboutiront finalement à la confrontation et à la séparation des Eglises des deux Empires.

Les courants de pensée en milieu purement oriental différaient beaucoup de ceux qui se développaient à Antioche où se côtoyaient les cultures araméenne (syriaque), grecque et romaine, tandis que prédominait à Alexandrie une pensée fortement hellénique. Ces courants orientaux et occidentaux si opposés finirent par provoquer des conflits, aggravés par les différences de langage et d'expression.

A Édesse en particulier, étaient enseignés les œuvres de Théodore de Mopsueste, Diodore de Tarse et Théodoret de Cyr. Nestorius y était lu et étudié. Même avant la destruction de cette École en 489, beaucoup de ses étudiants se dispersèrent dans la Perse voisine, puis vers l'Asie centrale.

 
 

 

Une Église missionnaire
 

Cette Eglise, en effet, a connu au Moyen Age (7ème -14ème siècles) un élan missionnaire extraordinaire, fondant des Eglises jusqu'au sud de l'Inde, en Indonésie à Sumatra, en Mongolie, au Tibet et en Chine (une stèle y témoigne d'une Eglise locale dès 635).

Les missions des étudiants  de l'École des Perses s'étendirent loin en Asie et c'est ainsi que le nestorianisme fut la première forme sous laquelle le christianisme s'introduisit en Chine, et à peu près à la même période en Mongolie. Il reste des vestiges de ces premiers établissements dans des villes chinoises telles que Xi'an.

Une stèle de pierre érigée en 782 à Zhouzhi, à quelques quatre-vingts kilomètres au sud-ouest de Xi'an, alors capitale de la Chine, décrit l'introduction du christianisme en Chine à partir de la Perse pendant le règne de Tang Taizong. La présence d'un évêché  est attestée dès le 7ème siècle dans la région de Barus, sur la côte occidentale de l'île indonésienne de Sumatra.

Au 8ème siècle, un moine chinois est même venu de Beijing (Pékin) à Paris et Rome pour demander une alliance avec les Mongols, alors  respectueux des chrétiens, contre les Mamelouks.

L'Église Assyrienne connut ainsi de beaux jours sous l'Empire mongol au 13ème siècle. La foi chrétienne était pratiquée par plusieurs princesses de la famille de Gengis Khan. Toujours au 13ème siècle, il y eut même des catholicos de l'Église, d'origine mongole et, jusqu'au 14ème siècle, l'Église de l’Orient fut la grande Église d'Asie, avec une centaine d'évêques et plusieurs millions de fidèles.

Mais Tamerlan (1336-1405)  et  les Mongols devenus musulmans se déchaînèrent contre les chrétiens qui furent réduits à une petite communauté située principalement en Turquie et au nord de l’Irak, à Amid, Salmas et Mossoul. Le siège patriarcal fut établi à Kotchanès dans ces montagnes.

Près d'un tiers de ses membres ont péri au cours de la première guerre mondiale, massacrés et déportés par les Turcs. La plupart se sont réfugiés ensuite en Irak où ils ont été à nouveau persécutés en 1933. Beaucoup se sont exilés en Syrie et aux USA.

 
Situation actuelle

 

 
 

Son « Catholicos », qui est « patriarche de l'Orient et des Assyriens », réside actuellement près de Chicago, et a visité l'Irak en 2006. Il est le successeur du patrairche qui avait son siège à Qochanès.

Elle compte aujourd'hui environ 255.000 fidèles dont 130.000 aux U.S.A.

Elle est également présente en Inde, Iran, Syrie, Liban, Australie, Nouvelle-Zélande, Sède, Allemagne, Royaume-Uni- Danemark, Russie et Arménie.

Le  synode de 1990 a abandonné la référence d'«Église nestorienne», pour celle d'«Église assyrienne », qui lève deux ambiguïtés : leur évolution doctrinale par rapport à la doctrine  de Nestorius, et leur différence avec leurs frères attachés à l'Église romaine, qui portent le nom de « chaldéens ».

 
 

 

Des Églises en dialogue
 

Cette Eglise a adhéré au Conseil oecuménique des Églises, le COE en 1964. Depuis 1994, elle participe à une série de discussions œcuméniques avec les autres Églises de tradition syriaque, à l'initiative de la Fondation Pro Oriente, organisme dépendant du diocèse catholique de Vienne en Autriche.

Ces discussions rassemblent des représentants d'Églises catholiques et séparées, de tradition syriaque occidentale (Église syriaque orthodoxe, Église catholique syriaque, Église malankare orthodoxe, Église catholique syro-malankare, Église maronite) et de tradition syriaque orientale (Église apostolique assyrienne de l'Orient, Ancienne Église de l'Orient, Église catholique chaldéenne, Église catholique syro-malabare).

 

Le 15 août 1997, le patriarche Mar Dinkha IV et le patriarche Raphaël I Bidawid de l'Église catholique chaldéenne ont signé un « Décret synodal conjoint pour la Promotion de l'Unité», marquant ainsi les progrès du dialogue entre les deux Églises syriaques orientales.

En 1994,  le Pape Jean Paul II et le patriarche Mar Dinkha, ont signé cette déclaration commune

« Héritiers et gardiens de la foi reçue des Apôtres, telle que nos Pères communs l'ont formulée dans le Symbole de Nicée, nous confessons un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père de toute éternité et qui, lorsque les temps furent accomplis, est descendu du ciel et s'est fait homme pour notre salut. Le Verbe de Dieu, deuxième personne de la Sainte-Trinité, s'est incarné par la puissance du Saint-Esprit en assumant de la Sainte Vierge Marie une chair animée d'une âme raisonnable, qu'il s'est unie indissociablement dès l'instant de sa conception.

" Notre Seigneur Jésus Christ est donc vrai Dieu et vrai homme, parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité, consubstantiel au Père et consubstantiel à nous en tout, hormis le péché. Sa divinité et son humanité sont unies en une personne, sans confusion ni changement, sans division ni séparation. En lui a été préservée la différence des natures de la divinité et de l'humanité, avec toutes leurs propriétés, facultés et opérations. Mais loin de constituer «un autre et un autre», la divinité et l'humanité sont unies dans la personne du même et unique Fils de Dieu et Seigneur Jésus Christ, objet d'une unique adoration.

" Le Christ n'est donc pas un «homme ordinaire» que Dieu aurait adopté pour y résider et pour l'inspirer comme chez les justes et les prophètes. Mais le même Verbe de Dieu,.. »

Vivant de cette foi et de ces sacrements, il s'ensuit donc que les Églises catholiques particulières et les Églises assyriennes particulières peuvent se reconnaître comme Églises soeurs. Pour être pleine et entière, la communion présuppose l'unanimité concernant le contenu de la foi, les sacrements et la constitution de l'Église. N'ayant pas jusqu'à présent atteint cette unanimité vers laquelle nous devons progresser davantage, nous ne pouvons malheureusement pas encore célébrer ensemble l'Eucharistie, qui est ce signe de la communion ecclésiale déjà totalement restaurée.

 
Quel avenir ?

 

 
 

Mgr Petrus Yousif , Professeur à l'Institut Catholique de Paris et à l'Institut Pontifical Oriental de Rome, en esquisse quelques données, sur le site de la Mission chaldéenne. - <http://www.mission-chaldeenne.org> commença à décliner au 14' siècle et connut ses heures les plus sombres lors de l'invasion du conquérant mongol Tamerlan, à la fin du même siècle. Par la .

«  Nous avons actuellement l'Eglise Assyrienne séparée de Rome, et l'Eglise Syro-Malabare qui, après beaucoup de vicissitudes, s'est éloignée des deux autres Eglises.

Aujourd'hui, les deux Eglises, Assyrienne et Chaldéenne, comprennent fort bien l'impossibilité de continuer une telle division. Les martyres communs jusqu'à la première guerre mondiale et après, la tradition identique, la même Eglise historique, sont à la fois un stimulant et une garantie de l'unité possible et à retrouver.

 Les malentendus dogmatiques étant dissipés avec la Déclaration Christologique commune du Pape Jean-Paul II et de Mar Denkha IV Patriarche de l'Eglise Assyrienne (11 novembre 1994), la voie est ouverte vers une véritable unité. Elle commence déjà par certaines mesures pratiques, par exemple la coopération au niveau du service religieux (dans les paroisses où il n'y a pas de prêtre de l'une des deux Eglises) et culturelle (formation théologique et philosophique dans la faculté Babel à Bagdad).

Localement, les relations sont plus intenses et les liens plus étroits. La 3ème Eglise issue de l'Eglise d'Orient, l'Eglise Malabar, est à l'avant-garde, et il est souhaitable qu'elle participe aux démarches des 2 Sœurs qui se cherchent. Chaque Eglise gardera sûrement ses caractéristiques, mais n'est-ce pas cela aussi une invitation à une unité dans la diversité légitime ?
 

Dans les 5 continents, nos communautés sont porteuses de notre riche patrimoine et elles pourront donner un témoignage identique dans la fidélité à la tradition et dans l'ouverture au renouveau, indispensables conditions d'une vie digne dans l'authenticité et le progrès. Puisse cette magnifique Eglise, unique dans son histoire et sa physionomie, recouvrer sa beauté et sa vigueur, et reprendre la place qui lui revient dans la diffusion du Message du Rédempteur pour le bien de tous les hommes et à la gloire du Père des lumières !

 
 

Adresse du Patriarcat

 
 

Patriarche: S.S. Mar Denkha IV (né en 1935, élu en 1976), Catholicos Patriarche de la Sainte Eglise Apostolique Catholique Assyrienne de l'Orient – autrefois siège à Kotchanès (en Iran) depuis 1672
(résidence: Morton Grove, près de Chicago, U.S.A.).
8908 Birch Avenue – USA Morton Grove – IL 60053
(+1) 708/966 00 09 – fax : 966 00 12

 
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