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  Le voyage pastoral du pape Jean Paul II
    au Kazakhstan et en Arménie. 22 au 27 Septembre 2001


La visite pastorale au Kazakhstan



HISTOIRE RELIGIEUSE DU KAZAKHSTAN

Le christianisme
et son histoire - L'Islam et son histoire

Malgré la période soviétique, la vitalité des deux principales communautés religieuses du Kazakhastan ne s'est jamais démentie : le christianisme orthodoxe dans la région d'influence russe et l'islam dans les régions kazakhes. Le catholicisme et l'Eglise évangélique luthérienne se situent dans les régions où vivent des minorités polonaises et allemandes.

Nous trouvons, sur les "routes de la soie", l'extension du Manichéisme, celui qu'avait connu saint Augustin. Il arriva même à être promu religion officielle de l'Etat ouïgour en 762, à l'est de l'actuelle Kazakhstan. Les miniatures manichéennes découvertes en Asie Centrale et au Kazakhstan donnent une image de cette civilisation dans ces régions.

Le bouddhisme connut aussi une période florissante, moins connue au Kazakhstan, mais assurée en raison de l'influence de Samarcande sur le sud du pays où l'on trouve même des statues de Bouddha hellénisées, suite à l'influence des guerres d'Alexandre le Grand qui touchèrent ces régions d'Asie Centrale. L'arrivée de l'Islam entraîna la disparition du Bouddhisme, sauf dans les régions kalmoukes le long de la mer Caspienne.

LE CHRISTIANISME ET SON HISTOIRE

En raison même de "la route de la soie", l'histoire du christianisme au Kazakhstan est intimement liée à celle du christianisme en Asie Centrale.

L'histoire de l'Eglise au Kazakhstan a des racines très profondes. Des historiens de l'Université de Tachkent soutiennent même que, dès le II° siècle, arrivèrent dans la petite ville de Merv (l'actuelle Mary au Turkménistan), des prisonniers de guerre romains comprenant des chrétiens, capturés après une défaite malheureuse contre les Perses.

Le christianisme nestorien.

En fait il a été implanté très tôt grâce aux marchands et aux moines perses qui répandirent le christianisme nestorien le long des "routes de la soie." De Bagdad à Pékin, l'Eglise nestorienne, à l'époque de son extension maximale, comptait quelques 230 diocèses et 27 sièges métropolitains. Du 8ème au 14ème siècles elle fut la grande Eglise asiatique et la conquête mongole améliora encore son sort. Elle commença à décliner au 14ème siècle, quand la dynastie mongole fut renversée à Pékin en 1368 en même temps que l'invasion de Tamerlan entraîna sa disparition qui fut consommée au début du 15ème siècle.

En 334, il y eut même un évêché à Merv. Au même endroit, à la fin du IV° siècle et au début du V° siècle, on trouve un monastère melkite et l'on connaît aussi dans le sud la présence de communauté nestoriennes.

Dans la deuxième moitié du VII° siècle, on attribue au métropolite Ilia, de Merv la conversion au christianisme du Khan des Turcs.

Aux VII° et VIII° siècles, le nestorianisme s'étendit largement dans les villes du Sud du Kazakhstan et au Semiretchinsk (l'actuel Turkménistan), et arriva plus tard, aux IX° et X° siècles, à la fondation du siège métropolitain de Karluchi. Les Eglises chrétiennes sont actives à Taraz et à Mirche. Dans la ville de Taraz, il y a toujours des familles chrétiennes d'origine syrienne, reconnaissables par la couleur sombre de leur peau. Elles affirment qu'elles sont arrivés dans la région lors de persécutions dont la mémoire se perd dans le temps.

Le VIII° siècle vit aussi la conversion des Ouïgours, peuple turc vivant aux confins du Kazakhstan et de la Chine. En 1009, les missionnaires nestoriens (Kéraïtes) baptisent un des nombreux groupes ethniques mongols ayant à sa tête un Khan qui prend le nom chrétien de Marc (Marguz). Dans le même temps, le christianisme de tendance nestorienne se répand également chez d'autres peuples d'Asie Centrale. Dans la famille des Empereurs Mongols, de nombreuses femmes nobles de la cour étaient chrétiennes, et les ministres les plus importants du Khan, Ouïgours ou Kéraïtes, étaient nestoriens.

Les missions franciscaines et dominicaines.

Aux XIII° et XIV° siècles, l'apparition des Ordres monastiques mendiants marque le début des Missions vers l'Orient. Le franciscain flamand Guillaume de Rubroek ou Rubrouk (+ 1293) entreprend un voyage de 16.000 km qui dura deux ans, de Constantinople à Karacorum, capitale de la Mongolie, (1253-1255)

Ce voyage est missionnaire : précher l'Evangile en Tartarie. Il est aussi diplomatique car ce fut saint Louis de France qu'il rencontra en Terre Sainte, qui l'envoya en ambassade en Mongolie.

La plus grande partie du voyage de Rubroek se déroula sur le territoire du Kazakhstan actuel. Au terme de son voyage, Rubroek rencontra le Grand Khan Mongka, qui deviendra chrétien. Le Franciscain essaya d'éclairer le Khan Sartach, fils du Khan Batu, descendant de Gengis Khan.

Rubrouck est un petit village du nord de la France (703 habitants) et les Mongols se souviennent encore de lui et de Guillaume. Ils ont jumelé une de leurs localités avec Rubrouck, Bulgan, située à l'ouest d'Oulan-Bator, au nord de Karakoum.

En 1278, en raison des nombreuses conversions obtenues par les Franciscains, le Pape Nicolas III fonda le diocèse de Kiptchak. Selon la législation générale promulguée par Gengis Khan, les Khans étaient obligés de protéger les temples catholiques et les clochers.

Jean de Montecorvino (1247-1328 ou 1333), fut le fondateur de la première Mission chrétienne de Chine. Au mois de juillet 1289, le pape Nicolas IV l'envoya en Asie auprès de l'empereur mongol, le prince Georges, qui avait demandé des missionnaires. Il était accompagné de plusieurs autres missionnaires, d'un Dominicain et d'Arnold de Cologne.

En 1306, il demande un renfort de missionnaires. Un groupe de Dominicains s'y rendit mais ne dépassa pas le Kiptchak. Vers 1318, Jean de Montecorvino fit traduire la Bible en langue mongole. C'est aussi l'époque de la création des diocèses de Amalek et de Ourghentch.

Mais les Khans deviennent musulmans et commencent à persécuter les chrétiens. A Amalek, à une date qu'il est difficile de préciser, Richard de Bourgogne, trois religieux prêtres, François d'Alexandrie, Raymond de Provence, et Pascal de Vittoria et deux frères, Laurent d'Alexandrie, Pierre de Provence, un tertiaire indien qui leur servait d'interprète, et un marchand, Guillaume de Modène, sont tués.

L'afflux des paysans russes à partir de 1850 implanta l'Eglise orthodoxe qui se développa dans les terres russes. Le catholicisme fut surtout le fait des émigrés polonais qui travaillèrent à la construction du transibérien. Paradoxalement, on peut dire que l'Eglise catholique au Kazakhstan recommence au XX° siècle, quand les déportations staliniennes amènent des populations entières, de tradition catholique, en Asie Centrale.

L'ISLAM ET SON HISTOIRE.

Actuellement la religion des Kazakhs est l'Islam sunnite de rite hanafite. Ils furent islamisés à partir du 14ème siècle et se rattachaient aux centres de rayonnement culturel et spirituel de l'Ouzbekistan, Boukhara et Samarkande. Durant la période soviétique d'ailleurs les autorités musulmanes de l'Orient soviétique résidaient à Tachkent. Le Grand Mufti portait le titre de "Mufti de l'Asie Centrale et du Kazakhstan". Un courant soufi y était également très vivace, dont les origines sont très anciennes.

Au Kazakhstan comme dans toute l'Asie Centrale, l'Islam est arrivé tout d'abord avec les marchands persans, puis avec les armées arabes. La brève période persane, qui s'est imposée dans la région du Tadjikistan, a été suivi pas une colonisation arabe violente au début du VIII° siècle, à laquelle s'opposa la population locale qui était réduite en esclavage. C'est un islam très orthodoxe qui lance des campagnes contre les nomades, fidèles du chamanisme, et contre les populations chrétiennes de la région.

Les Arabes, aidés par la culture perse, avaient édifié une grande civilisation, célèbre par les résultats obtenus dans les sciences avec Al-Biruni, en médecine avec Avicenne, en architecture avec les grands ensembles de Samarcande, en littérature avec Firdusi ou Ferdowski, et Abou Bakr. Mais, à part des exceptions, cette culture ne fut jamais assimilée par les nomades du pays.

Aux XI° et XII° siècles, sous l'occupation turcomane, on assiste à l'assimilation réalisée par Ahmad Hodhi Yassawi, le plus grand maître soufi du Kazakhstan, qui donne le jour à une véritable rencontre entre l'islam et les groupes de la steppe. Yassawi (+ 1116), poète et mystique est né à Tchimkent. Yassawi traduisit le Coran en kazakh ; il permit de continuer la tradition des arts figuratifs (interdits habituellement en milieu islamique) ; il toléra le culte des morts et de la nature, tout en les reliant au culte du Dieu unique.

Il n'imposa aucun des aspects de la " sharia " qui aurait pu toucher la tradition kazakhe du droit de propriété et de la famille. De la sorte, Yassawi élabora ce que l'on peut appeler " la voie kazakhe vers l'islam ", qui a survécu jusqu'à ce jour.

L'arrivée des Mongols de Gengis Khan et de Kubilat Khan (1214-1294), marque aussi du point de vue génétique les Kazakhs et les Kirghiz, et atténue encore plus la culture arabe. Les Mongols, en effet, nomades et fidèles du chamanisme comme les Kazakhs, étaient beaucoup plus ouverts à différentes options religieuses. Durant cette période, grâce à la division de l'Empire en Khanats , on voit naître les différences modernes entre Turkmènes, Ouzbeks, Kazakhs et Kirghiz

Dans le même temps, on assiste à la diffusion et au renforcement des confraternités soufies. Longtemps après la mort de Yassawi, Tamerlan (Timur Lang, 1370-1405) fait construire un splendide mausolée dans la ville de Turkestan, consacré au maître soufi. Depuis lors, la ville de Turkestan, dans le sud du Pays, devient le but de pèlerinages et le symbole de la culture kazakhe. La plupart des plus grands représentants de cette culture sont enterré précisément à Turkestan. On en est venu à dire que le pèlerinage à Turkestan, par son importance, était le deuxième après celui de La Mecque.

L'islam kazakh dut supporter une violente persécution aux XVII° et XVIIII° siècles de la part des hordes bouddhistes des Kalmouks, jusqu'à l'arrivée des armées russes vers le milieu du XVIII° siècle.

Avec la Révolution de 1917, les khanats musulmans d'Asie Centrale cherchèrent à obtenir l'indépendance, mais ils furent écrasés. Les confraternités soufies furent décimées car elles étaient considérés comme des foyers de résistance armée. Mais ce courant se perpétua clandestinement.

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