HISTOIRE
RELIGIEUSE DU KAZAKHSTAN
Le christianisme et son histoire - L'Islam
et son histoire
Malgré la période soviétique, la vitalité
des deux principales communautés religieuses du Kazakhastan
ne s'est jamais démentie : le christianisme orthodoxe dans
la région d'influence russe et l'islam dans les régions
kazakhes. Le catholicisme et l'Eglise évangélique
luthérienne se situent dans les régions où
vivent des minorités polonaises et allemandes.
Nous trouvons, sur les "routes de la soie", l'extension
du Manichéisme, celui qu'avait connu saint Augustin. Il
arriva même à être promu religion officielle
de l'Etat ouïgour en 762, à l'est de l'actuelle Kazakhstan.
Les miniatures manichéennes découvertes en Asie
Centrale et au Kazakhstan donnent une image de cette civilisation
dans ces régions.
Le bouddhisme connut aussi une période florissante, moins
connue au Kazakhstan, mais assurée en raison de l'influence
de Samarcande sur le sud du pays où l'on trouve même
des statues de Bouddha hellénisées, suite à
l'influence des guerres d'Alexandre le Grand qui touchèrent
ces régions d'Asie Centrale. L'arrivée de l'Islam
entraîna la disparition du Bouddhisme, sauf dans les régions
kalmoukes le long de la mer Caspienne.
LE CHRISTIANISME ET SON HISTOIRE
En raison même de "la route de la soie", l'histoire
du christianisme au Kazakhstan est intimement liée à
celle du christianisme en Asie Centrale.
L'histoire de l'Eglise au Kazakhstan a des racines très profondes.
Des historiens de l'Université de Tachkent soutiennent même que,
dès le II° siècle, arrivèrent dans la petite ville de Merv (l'actuelle
Mary au Turkménistan), des prisonniers de guerre romains comprenant
des chrétiens, capturés après une défaite malheureuse contre les
Perses.
Le christianisme nestorien.
En fait il a été implanté très tôt
grâce aux marchands et aux moines perses qui répandirent
le christianisme nestorien le long des "routes de la soie."
De Bagdad à Pékin, l'Eglise nestorienne, à
l'époque de son extension maximale, comptait quelques 230
diocèses et 27 sièges métropolitains. Du
8ème au 14ème siècles elle fut la grande
Eglise asiatique et la conquête mongole améliora
encore son sort. Elle commença à décliner
au 14ème siècle, quand la dynastie mongole fut renversée
à Pékin en 1368 en même temps que l'invasion
de Tamerlan entraîna sa disparition qui fut consommée
au début du 15ème siècle.
En 334, il y eut même un évêché à Merv.
Au même endroit, à la fin du IV° siècle et au début du V° siècle,
on trouve un monastère melkite et l'on connaît aussi dans le sud
la présence de communauté nestoriennes.
Dans la deuxième moitié du VII° siècle, on attribue au métropolite
Ilia, de Merv la conversion au christianisme du Khan des Turcs.
Aux VII° et VIII° siècles, le nestorianisme s'étendit largement
dans les villes du Sud du Kazakhstan et au Semiretchinsk (l'actuel
Turkménistan), et arriva plus tard, aux IX° et X° siècles, à la
fondation du siège métropolitain de Karluchi. Les Eglises chrétiennes
sont actives à Taraz et à Mirche. Dans la ville de Taraz, il y
a toujours des familles chrétiennes d'origine syrienne, reconnaissables
par la couleur sombre de leur peau. Elles affirment qu'elles sont
arrivés dans la région lors de persécutions dont la mémoire se
perd dans le temps.
Le VIII° siècle vit aussi la conversion des Ouïgours, peuple turc
vivant aux confins du Kazakhstan et de la Chine. En 1009, les
missionnaires nestoriens (Kéraïtes) baptisent un des nombreux
groupes ethniques mongols ayant à sa tête un Khan qui prend le
nom chrétien de Marc (Marguz). Dans le même temps, le christianisme
de tendance nestorienne se répand également chez d'autres peuples
d'Asie Centrale. Dans la famille des Empereurs Mongols, de nombreuses
femmes nobles de la cour étaient chrétiennes, et les ministres
les plus importants du Khan, Ouïgours ou Kéraïtes, étaient nestoriens.
Les missions franciscaines et dominicaines.
Aux XIII° et XIV° siècles, l'apparition des Ordres monastiques
mendiants marque le début des Missions vers l'Orient. Le franciscain
flamand Guillaume de Rubroek ou Rubrouk (+ 1293) entreprend un
voyage de 16.000 km qui dura deux ans, de Constantinople à Karacorum,
capitale de la Mongolie, (1253-1255)
Ce voyage est missionnaire : précher l'Evangile en Tartarie.
Il est aussi diplomatique car ce fut saint Louis de France qu'il
rencontra en Terre Sainte, qui l'envoya en ambassade en Mongolie.
La plus grande partie du voyage de Rubroek se déroula sur le territoire
du Kazakhstan actuel. Au terme de son voyage, Rubroek rencontra
le Grand Khan Mongka, qui deviendra chrétien. Le Franciscain
essaya d'éclairer le Khan Sartach, fils du Khan Batu, descendant
de Gengis Khan.
Rubrouck est un petit village du nord de la France (703 habitants)
et les Mongols se souviennent encore de lui et de Guillaume. Ils
ont jumelé une de leurs localités avec Rubrouck,
Bulgan, située à l'ouest d'Oulan-Bator, au nord
de Karakoum.
En 1278, en raison des nombreuses conversions obtenues par les
Franciscains, le Pape Nicolas III fonda le diocèse de Kiptchak.
Selon la législation générale promulguée par Gengis Khan, les
Khans étaient obligés de protéger les temples catholiques et les
clochers.
Jean de Montecorvino (1247-1328 ou 1333), fut le fondateur de
la première Mission chrétienne de Chine. Au mois de juillet 1289,
le pape Nicolas IV l'envoya en Asie auprès de l'empereur mongol,
le prince Georges, qui avait demandé des missionnaires. Il était
accompagné de plusieurs autres missionnaires, d'un Dominicain
et d'Arnold de Cologne.
En 1306, il demande un renfort de missionnaires. Un groupe de
Dominicains s'y rendit mais ne dépassa pas le Kiptchak. Vers 1318,
Jean de Montecorvino fit traduire la Bible en langue mongole.
C'est aussi l'époque de la création des diocèses de Amalek et
de Ourghentch.
Mais les Khans deviennent musulmans et commencent à persécuter
les chrétiens. A Amalek, à une date qu'il est difficile de préciser,
Richard de Bourgogne, trois religieux prêtres, François d'Alexandrie,
Raymond de Provence, et Pascal de Vittoria et deux frères, Laurent
d'Alexandrie, Pierre de Provence, un tertiaire indien qui leur
servait d'interprète, et un marchand, Guillaume de Modène, sont
tués.
L'afflux des paysans russes à partir de 1850 implanta l'Eglise
orthodoxe qui se développa dans les terres russes. Le catholicisme
fut surtout le fait des émigrés polonais qui travaillèrent
à la construction du transibérien. Paradoxalement,
on peut dire que l'Eglise catholique au Kazakhstan recommence
au XX° siècle, quand les déportations staliniennes amènent des
populations entières, de tradition catholique, en Asie Centrale.
L'ISLAM ET SON HISTOIRE.
Actuellement la religion des Kazakhs est l'Islam sunnite de rite
hanafite. Ils furent islamisés à partir du 14ème
siècle et se rattachaient aux centres de rayonnement culturel
et spirituel de l'Ouzbekistan, Boukhara et Samarkande. Durant
la période soviétique d'ailleurs les autorités
musulmanes de l'Orient soviétique résidaient à
Tachkent. Le Grand Mufti portait le titre de "Mufti de l'Asie
Centrale et du Kazakhstan". Un courant soufi y était
également très vivace, dont les origines sont très
anciennes.
Au Kazakhstan comme dans toute l'Asie Centrale, l'Islam est arrivé
tout d'abord avec les marchands persans, puis avec les armées
arabes. La brève période persane, qui s'est imposée dans la région
du Tadjikistan, a été suivi pas une colonisation arabe violente
au début du VIII° siècle, à laquelle s'opposa la population locale
qui était réduite en esclavage. C'est un islam très orthodoxe
qui lance des campagnes contre les nomades, fidèles du chamanisme,
et contre les populations chrétiennes de la région.
Les Arabes, aidés par la culture perse, avaient édifié une grande
civilisation, célèbre par les résultats obtenus dans les sciences
avec Al-Biruni, en médecine avec Avicenne, en architecture
avec les grands ensembles de Samarcande, en littérature avec Firdusi
ou Ferdowski, et Abou Bakr. Mais, à part des exceptions, cette
culture ne fut jamais assimilée par les nomades du pays.
Aux XI° et XII° siècles, sous l'occupation turcomane, on assiste
à l'assimilation réalisée par Ahmad Hodhi Yassawi,
le plus grand maître soufi du Kazakhstan, qui donne le jour à
une véritable rencontre entre l'islam et les groupes de la steppe.
Yassawi (+ 1116), poète et mystique est né à Tchimkent. Yassawi
traduisit le Coran en kazakh ; il permit de continuer la tradition
des arts figuratifs (interdits habituellement en milieu islamique)
; il toléra le culte des morts et de la nature, tout en les reliant
au culte du Dieu unique.
Il n'imposa aucun des aspects de la " sharia " qui aurait pu toucher
la tradition kazakhe du droit de propriété et de la famille. De
la sorte, Yassawi élabora ce que l'on peut appeler " la voie kazakhe
vers l'islam ", qui a survécu jusqu'à ce jour.
L'arrivée des Mongols de Gengis Khan et de Kubilat Khan (1214-1294),
marque aussi du point de vue génétique les Kazakhs et les Kirghiz,
et atténue encore plus la culture arabe. Les Mongols, en effet,
nomades et fidèles du chamanisme comme les Kazakhs, étaient beaucoup
plus ouverts à différentes options religieuses. Durant cette période,
grâce à la division de l'Empire en Khanats , on voit naître les
différences modernes entre Turkmènes, Ouzbeks, Kazakhs et Kirghiz
Dans le même temps, on assiste à la diffusion et au renforcement
des confraternités soufies. Longtemps après la mort de Yassawi,
Tamerlan (Timur Lang, 1370-1405) fait construire un splendide
mausolée dans la ville de Turkestan, consacré au maître soufi.
Depuis lors, la ville de Turkestan, dans le sud du Pays, devient
le but de pèlerinages et le symbole de la culture kazakhe. La
plupart des plus grands représentants de cette culture sont enterré
précisément à Turkestan. On en est venu à dire que le pèlerinage
à Turkestan, par son importance, était le deuxième après celui
de La Mecque.
L'islam kazakh dut supporter une violente persécution aux XVII°
et XVIIII° siècles de la part des hordes bouddhistes des Kalmouks,
jusqu'à l'arrivée des armées russes vers le milieu du XVIII° siècle.
Avec la Révolution de 1917, les khanats musulmans d'Asie Centrale
cherchèrent à obtenir l'indépendance, mais ils furent écrasés.
Les confraternités soufies furent décimées car elles
étaient considérés comme des foyers de résistance armée. Mais
ce courant se perpétua clandestinement.
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