Après avoir survolé
la Croatie et la Hongrie à bord d'un Airbus
d'Alitalia, le pape Jean Paul II est arrivé samedi matin en
Ukraine pour une visite de cinq jours. Dans son discours initial,
il s'est efforcé immédiatement d'apaiser les tensions religieuses
suscitées par son voyage en assurant qu'il n'était pas venu
faire de prosélytisme.
Des groupes de fidèles, dont un bon nombre en habits traditionnels
aux couleurs bariolées et aux longs rubans, sont venus accueillir
Jean Paul II en agitant le drapeau bleu et jaune de l'Ukraine
ou celui jaune et blanc du Vatican.
Mais il s'agissait avant tout d'un accueil officiel, mené par
le président de la république d'Ukraine, Léonid Koutchma, par
le corps diplomatique et par les autorités catholiques de l'Ukraine:
les cardinaux Lubomyr Husar, archevêque majeur des grecs catholiques
d'Ukraine accompagné de Mgr Wasyl Medwit, exarque de Kiev, Marian
Jaworski, archevêque de Lviv des latins accompagné de Mgr Jan
Purwinski évêque des latins à Kiev et le nonce apostolique en
Ukraine, Mgr Nikola Eterovic.
Aucun représentant orthodoxe ne se trouvait à l'aéroport. Certains
le rencontreront lors de la réunion avec le Conseil des
communautés religieuses d'Ukraine. Les représentants
de l'Eglise orthodoxe relevant de la juridiction de Moscou ont
l'intention de boycotter cette rencontre où Jean Paul
souhaite, selon ses propres paroles, "pouvoir saluer tous
les responsables religieux."
Deux enfants vêtus de costumes traditionnels ont présenté au
pape un bol contenant de la terre d'Ukraine et ainsi que l'offrande
slave de pain et de sel. Le président ukrainien Leonid Koutchma
a accueilli le souverain pontife, avant de le soutenir pour
l'aider à marcher jusqu'au podium devant l'aéroport.
"Enfin, avec une joie profonde, je peux baiser le sol bien aimé
d'Ukraine. Je remercie Dieu pour le cadeau qu'il m'a offert
aujourd'hui", a déclaré Jean Paul II dans la langue du pays.
Pour sa part, le président Léonid Koutchma a accueilli Jean
Paul II comme celui qui est "à la tête de l'Eglise catholique",
mais aussi comme "la personne qui a été à l'épicentre de grands
événements qui ont changé la face de notre monde".
... "Nous accueillons un champion des droits de l'homme, un
ennemi des totalitarismes et des conflits fraternels" a-t-il
affirmé. Le président Kuchma e enfin souhaité que cette visite
de Jean Paul II puisse être l'occasion d'ajouter une pierre
nouvelle à la construction européenne".
Dans sa réponse, le pape s'est présenté
comme "pèlerin de paix et de fraternité. "Pèlerin
de paix et de fraternité, je suis sûr d'être écouté avec
amitié, même par ceux qui n'appartiennent pas à l'Eglise catholique
et qui ont le coeur ouvert au dialogue et à la coopération.
Je désire les rassurer, je ne suis pas venu avec des intentions
prosélytes, mais pour témoigner du Christ et inviter les chrétiens
de toutes les confessions à tourner leur regard vers lui".
Dans cet esprit, le pape a "particulièrement" salué les orthodoxes,
"qui constituent la majorité des citoyens du pays". Il a ensuite
souhaité "rappeler les périodes lumineuses que l'histoire des
rapports entre Rome et Kiev a connu", mais aussi "les périodes
tristes".
..."Devant le Seigneur, nous reconnaissons nos fautes. Nous
demandons pardon pour les erreurs commises dans le passé ancien
et récent et nous assurons à notre tour le pardon à ceux qui
nous ont offensés".
..." Le "souhait le plus vif qui jaillit du coeur est que
les erreurs du passé ne se répètent pas dans l'avenir. Nous
sommes appelés à être les témoins
du Christ et à l'être ensemble."
... "Le monde change rapidement, a-t-il enfin affirmé en évoquant
la pleine communion entre les chrétiens, et ce qui était impensable
hier apparaît à portée de main aujourd'hui".
A la fin des deux discours, plusieurs dizaine d'invités officiels
et religieux sont venus saluer le pape, toujours assis sous
la tente rouge bousculée par le vent. Jean Paul II est ensuite
monté dans une voiture fermée pour se rendre à Kiev, et aux
portes de la ville, devant l'Eglise grecque-catholique de Saint-Nicolas,
il s'est arrêté pour réciter une brève prière et monter dans
la papamobile afin d'être vu par les milliers de pèlerins qui,
nombreux et parfois même en très grand nombre,
occupaient les grandes avenues. Avant de se rendre au palais
présidentiel où il doit rencontrer le président, Jean Paul II
s'est arrêté pour un temps de repos à la nonciature apostolique.
Pour le texte intégral du discours du pape : Service
de presse du Vatican
|