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04.05.02 - Estonie : Le différend orthodoxe s'estompe.

L'Eglise orthodoxe d'Estonie du Patriarcat de Moscou a été enregistrée par le gouvernement estonien le 17 avril - décision accueillie par le patriarche Alexis II de Moscou comme un "premier pas dans la bonne direction".

En effet, le gouvernement estonien refusait d'enregistrer cette Eglise relevant du patriarcat de Moscou, pour de multiples raisons légales.

Cette Eglise, qui compte officiellement 100.000 membres, n'était pas enregistrée en raison d'un conflit sur son statut avec le gouvernement estonien. Il s'agissait en effet de déterminer le successeur légal de l'Eglise orthodoxe qui existait avant la deuxième guerre mondiale. Les droits de succession sont revendiqués par deux branches de l'Eglise orthodoxe depuis l'indépendance de l'Estonie en 1991, puisque, durant la période soviétique, seule était reconnue celle rattachée au patriarcat de Moscou.

En 1993, le gouvernement a reconnu l'Eglise orthodoxe apostolique estonienne, indépendante de Moscou, comme le successeur légal de l'Eglise d'avant-guerre, ce qui signifiait qu'elle pouvait revendiquer tous les biens de cette Eglise. Cette question revêtait alors une importance particulière en raison des biens que possédait l'Eglise orthodoxe avant la guerre qui, selon certaines sources, représenteraient 5% des terres du pays.

Le gouvernement estonien a alors demandé à l'Eglise liée à Moscou de s'enregistrer comme une nouvelle organisation religieuse - proposition que l'Eglise a refusée car cela signifiait abandonner toute revendication concernant son statut de successeur de l'Eglise d'avant la guerre et ses biens. L'Eglise estimait être la victime de la politique qui a suivi l'indépendance de l'Estonie, axée sur la rupture des liens avec Moscou et la limitation du rôle politique et public de la population de langue russe du pays.

Trois ans plus tard, cette Eglise s'est placée sous la juridiction du patriarcat oecuménique de Constantinople, mesure qui avait provoqué un conflit entre le patriarche Bartholomée de Constantinople, considéré comme le premier parmi ses pairs dans la hiérarchie de l'Eglise orthodoxe, et le patriarche Alexis II de Moscou, primat de l'Eglise orthodoxe russe.

L'Eglise rattachée au patriarcat de Moscou, avant d'être enregistrée, n'avait aucun droit légal sur ses églises et le clergé n'avait aucune garantie sociale. Pour Ain Seppik, ministre des Affaires intérieures de l'Estonie, cet enregistrement "met fin à une situation dans laquelle la base légale d'une grande communauté religieuse n'était pas fixée".

Selon les statuts enregistrés le 17 avril, l'Eglise liée à Moscou maintient sa revendication d'être la légataire des siècles d'orthodoxie en Estonie et l'héritière de l'Eglise d'avant la guerre. Toutefois, le ministre des Affaires intérieures de l'Estonie a souligné que l'enregistrement ne confirmait ni la continuation ni les droits de propriété, qui doivent être prouvés devant un tribunal. Il appartient donc aux deux Eglises de régler la question des droits de propriété des biens de l'Eglise.

Pour plus d'informations : Service orthodoxe de presse


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