Infocatho



Vous trouvez ici les homélies des dimanches et fêtes à venir,

si vous désirez en préparer les thèmes à l'avance.


Dimanche 6 avril : Cinquième dimanche de Carême
Dimanche 13 avril : L'entrée à Jérusalem
Dimanche 20 avril : La Résurrection du Seigneur
Dimanche 27 avril : Deuxième dimanche de Pâques

N.B. Ces textes ne sont pas des homélies à prononcer telles qu'elles sont écrites. Ils veulent être une réserve de "matériaux" pour permettre, selon le "charisme" de chacun, plusieurs homélies en proposant plusieurs lignes de réflexion possibles à partir des textes de chaque dimanche. C'est ce qui en fait, parfois, la difficulté pour en suivre la ligne rédactionnelle, d'autant que nous voulons aborder ces textes dans leur sens doctrinal, si possible, plénier.








DIMANCHE 6 AVRIL 2003
CINQUIEME DIMANCHE DE CAREME


Références bibliques :
Lecture du prophète Jérémie. 31. 31 à 34 : "Je l'inscrirai dans leur cœur. "
Psaume 50 : "Renouvelle et affermis en moi mon esprit. "
Lettre aux Hébreux : 5. 7 à 9 : " Il a appris l'obéissance par les souffrances de sa passion. "
Evangile selon saint Jean : 12. 20 à 33 : "Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. "

***

LE GRAIN TOMBE EN TERRE

Nous sommes tous et chacun, d'une manière ou d'une autre, en " quête de sens " pour la réalisation de notre existence et de notre personnalité. Mais nous ne pouvons pas la mettre en œuvre seul. Ce ne serait bientôt qu'un repli sur soi-même et donc une solitude. Il nous faut accepter et assumer le fait que nous vivons dans un monde auquel nous sommes intimement liés, qu'il s'agisse de la nature, de notre corps, des hommes nos frères.

Il n'y a de vie et de vitalité qu'en harmonie avec eux tous. Seul un échange permanent, lucide et généreux est créateur de vie et cet échange nécessite bien des sacrifices pour unir nos points de vue et nos orientations, pour communier en une même réalisation. " Qui garde sa vie pour lui, la perdra. " En s'incarnant, le Verbe de Dieu, notre nature, avec toutes ses composantes, y compris sa déchéance et ses limites, hormis le péché et tout ce qui y incline. Nous l'avons vu lors des tentations au désert.

Il assume cette condition d'homme, y compris la souffrance et la mort, pour lui communiquer la Vie éternelle au contact de sa divinité. Ce contact déifiant de la divinité du Christ avec son humanité ne doit pas être compris d'une façon purement physique, comme mécanique.

Le rôle décisif revient ici à la volonté humaine du Christ, parfaitement libre et intimement pénétrée par l'agir divin incréé. Il avait traduit cela, à 12 ans, dans sa réponse à la Vierge Marie. : "Je dois être aux affaires de mon Père ".

QU'IL ME SUIVE

" Là où je suis sera mon serviteur ", c'est-à-dire ce que sera notre vie en Christ dès que nous sommes ses serviteurs. Ce n'est pas à entendre au sens de " demain, plus tard, un jour, au-delà de notre mort. " Selon le contexte, c'est aujourd'hui. C'est placer notre vie là où vit et comme il vit.

Il nous faut donc reprendre sa pensée pour la faire nôtre, partager les décisions de sa volonté pour les transposer dans notre comportement, entendre sa parole pour la communiquer à nous-mêmes et à nos frères, accomplir ses gestes d'amour pour que les nôtres soient porteurs de grâce comme le furent les siens. La divinisation du chrétien comme celle de l'humanité du Christ se réalise par l'amour qui est union des volontés divine et humaine.

Et c'est là que nous sommes confrontés à la croix, parce qu'elle est l'acte plénier qui assume l'humanité. Selon le mot à mot du texte grec de saint Jean : " Il a appris, de ce qu'il a souffert, l'obéissance, et, parvenu à son accomplissement, il devint pour tous qui lui obéissent cause du salut éternel. "

Le terme grec " obéissance " s'entend au sens actif, ce n'est pas une soumission aveugle, c'est un consentement. De même " Accomplissement " ne signifie pas réaliser, mais conduire à son terme, à sa fin, à son but. (teleiôtheis dit saint Jean)

MAINTENANT JE SUIS BOULEVERSE "

Là où je suis. " En évoquant devant ses disciples la situation où il se trouve à cette heure, ce qui l'attend et le conduira aux souffrances de la Passion, le Christ est troublé, bouleversé. " Là où je suis." …. "Que puis-je dire ? " …C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure … " Il nous faut méditer en une prière silencieuse et contempleative la volonté de Jésus en ce moment où s'interfèrent en Lui les volontés humaine et divine afin que la Gloire de Dieu soit accomplie.

Dieu se sert des événements de notre humanité pour agir à sa guise à nos yeux, mais l'amour en est la raison d'être. Le Christ, Verbe de Dieu, partage cet amour trinitaire. L'espérance devrait être au cœur des épreuves, mais elle est difficile à vivre, même si nous savons que le matériel s'unit au spirituel.

La voix qui se fait entendre s est alors non seulement une confirmation de la mission salvatrice, elle est aussi le témoignage de la communion du Père et du Fils dans une même volonté. Le Père avait ratifié au Jourdain la volonté de Jésus de s'identifier pleinement aux hommes pécheurs. Au Thabor, à la Transfiguration, il avait confirmé aux trois apôtres et à son Eglise, la nature humano-divine de celui à qui ils s'étaient donné.

Aujourd'hui, devant la foule, au seuil de la Passion, le Père donne, à ceux qui en sont et seront les témoins, le sens de la vie de Jésus, menée sur les routes de Palestine, puis jusqu'au Calvaire.: "Je l'ai glorifié. Je le glorifierai encore. "

EN QUETE DU SENS

L'acceptation de la souffrance et de la mort par le Christ a été un acte humano-divin, capable de changer radicalement leur sens. Il n'a pas assumé une nature humaine idéale. Il a assumé notre nature " en état de mort ". " Il fallait ramener de la mort à la vie notre nature entière ", dit saint Grégoire de Nysse (5ème siècle)

La croix de Jésus n'est pas seulement un instrument de souffrance, mais aussi et surtout un instrument de victoire, celle du don total d'une volonté par delà les conditions humaines. Ce sont ses dernières paroles : "Tout est accompli. " (Jean 19. 24), et pour nous les transmettre, saint Jean reprend le même terme, mais cette fois avec le verbe à l'indicatif passé, le Christ a tout réalisé.

Il nous faut mettre la croix au centre de notre vie, car elle fait du sacrifice de Jésus le centre de notre vie, de notre volonté, de nos sentiments. Regarder les hommes et les choses du point de vue de la croix, se persuader que rien n'est plus important au monde que le sacrifice du Christ éternellement présent et offert, c'est une vision qui exige de notre part un changement radical de notre vie.

Le jour où l'homme comprend la " centralité " de la croix, rayonnante et sanglante, il comprend pourquoi Jésus a répété " Ne fallait-il pas que le Christ souffrit pour entrer dans sa gloire ? " (Luc 24. 26) La mise au tombeau est le dernier acte de son humanité dans le même temps qu'elle les prémices de la Résurrection.

C'est en cela que s'accomplira notre " quête du sens. "

" Morts au péché, vivants pour Dieu dans le Christ Jésus … de même que le Christ a été ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchons en nouveauté de vie. " (Romains 6. 4) " Là où je suis, sera aussi mon serviteur. "

***

" Que ta grâce nous obtienne, Seigneur, d'imiter avec joie la charité du Christ qui a donné sa vie par amour pour le monde. " (prière d'ouverture de la messe)


DIMANCHE DES RAMEAUX
L'ENTREE DE JESUS A JERUSALEM



Références bibliques :
La bénédiction des Rameaux : Evangile selon saint Marc : 11. 1 à 10 : " : "Ceux qui marchaient devant et ceux qui le suivaient."

Liturgie de la Parole : Livre d'Isaïe : 50. 4 à 7 : "Je sais que je ne serai pas confondu."
Psaume 21: "Tu m'as répondu. Je proclame ton nom devant mes frères."
Lettre de saint Paul aux Philippiens : 2. 6 à 11 : "Jésus-Christ est le Seigneur pour la gloire de Dieu le Père."
Passion selon saint Marc : 14. 1 à 15. 47 :" Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. "

***

Ce ne sont que quelques suggestions plutôt que de commenter longuement ce mystère de la Passion qui, durant une semaine, va marquer la liturgie quotidienne jusqu'au jour de joie de la Résurrection de notre Sauveur et Seigneur Dieu, Jésus-Christ. Chacune de ces suggestions sont déjà, à elle seule, une homélie ou un temps de méditation.

L'ENTREE DANS JERUSALEM

Jésus la veut toute simple, tout en lui donnant toute sa signification messianique. Par contre, la foule de Jérusalem, celle qui vient de Galilée et de plus loin sans doute pour la fête de la Pâque, se réjouit avec exubérance. C'est bien une entrée messianique qui reprend les paroles du psaume qu'avaient entonné les anges dans la nuit de la Nativité :"Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté." (Luc 2. 14)

Marc ne parle pas des pharisiens qui critiquent l'enthousiasme de la foule et que Jésus, lui, accepte parce qu'il vient du coeur, même s'il est éphémère. " Il parle de ces braves gens versatiles qui aujourd'hui participent pleinement à la fête et demain crieront contre Jésus : "Ils étendirent leurs manteaux sur le chemin. "

UN LANGAGE D'HOMME

Le passage d'Isaïe est le résumé de toute mission : écouter pour s'instruire, s'instruire pour annoncer :" La Parole me réveille pour que j'écoute, comme celui qui se laisse instruire ... Il m'a donné un langage d'homme afin que je sache à mon tour réconforter celui qui n'en peut plus."

C'est facile à dire, " Je ne suis pas atteint par les outrages. " Ce n'est facile à vivre ni pour le Christ ni pour nous-mêmes. Des oppositions parfois douloureuses arrêtent notre élan. Et pourtant je dois ne pas cesser d'écouter Dieu et les hommes, de m'instruire par Dieu et par les hommes, d'annoncer Dieu aux hommes mes frères.

IL N'A PAS REVENDIQUE

Puisqu'il était devenu " semblable aux homme et reconnu comme tel dans son comportement ", Jésus en accepte toute la réalité. Celle d'être traité par le vie, les événements et les hommes, comme tout homme est bousculé et meurtri. Celle de subir la souffrance inhérente à la condition humaine qui est une créature limitée dans le temps, limitée dans son bonheur. Assumant toute l'humanité, "obéissant jusqu'à la mort", sauf le péché, il en assume aussi toute la gloire qui est de rejoindre Dieu. Et comme il est de la condition même de Dieu, il partage toute la gloire de l'homme et toute la gloire de Dieu.

AU DEPART DU CHEMIN DE CROIX

Pour la lecture de la Passion selon saint Luc (année A), l'Eglise place l'Eucharistie du Jeudi-Saint comme point de départ de ce chemin de croix, et non pas le jardin des Oliviers. Cette année avec Marc (année B) elle commence avec l'onction de Béthanie où une femme verse un parfum coûteux sur la tête de Jésus.

Les bonnes âmes sont scandalisées : et les pauvres sont-ils oubliés par Jésus ? On lui reproche presque de s'être laissé faire et d'avoir accepté ce geste sans même faire une remarque. Il donne sa réponse : c'est aussi à vous aussi de les prendre en charge et puis cette femme fait tout ce qu'elle pouvait faire, il faut la prendre comme elle est.

GETHSEMANI

"Je suis venu pour faire Ta volonté" lui fait dire la lettre aux Hébreux (Héb. 10. 9 et 10) reprenant les paroles des psaumes. Mais elle poursuit et nous inclut dans cette offrande du Christ :"C'est dans cette volonté, c'est dans cette offrande de tout l'être humain de Jésus, que nous avons été sauvés définitivement."

Si ce calice pouvait s'éloigner … Il y a des moments où nos pas dérapent, où nos mains nues lâchent prise, s'écartent ou se referment. Il y a des moments où nos cœurs s'affolent dans les remous d'une vie qui a perdu son sens et des moments où notre esprit s'égare et divague désorienté, quand l'amour se désagrège. Le Christ connaît cela à Gethsémani. Quand il rejoint ses apôtres, il ne peut que constater sa propre solitude :"Pourquoi dormez-vous ? "

C'est à Pierre qu'il s'adresse, à celui qui devait affermir la foi des apôtres : "Tu n'as pas eu la force de veiller une heure avec moi. " Mais cette solitude ne l'enferme pas sur lui-même. Elle le conduit à une offrande universelle. "Afin que toute langue proclame", écrit saint Paul aux Philippiens. Parce que vivre est plus fort, je dois sortir de moi et du filet qui m'enserre. Je dois jaillir hors de mes nuits et me tendre vers Dieu pour retrouver, malgré tout, sa lumière.

C'EST TOI QUI LE DIS

Quand les chefs juifs interrogent Jésus, il les renvoie à leur propre responsabilité et à leur propre décision :"Si je vous le dis, vous ne me croirez pas. Si j'interroge, vous ne me répondrez pas." Il oblige Caïphe à poser lui-même l'affirmation sans qu'il puisse se dérober : "Tu es donc le Fils de Dieu ?" - Jésus n'a qu'à souligner "C'est toi qui le dis".

Avec Pilate, nous quittons le registre religieux du " Fils de Dieu ", pour nous situer dans celui de la politique :"Es-tu le roi des Juifs ?" Mais Jésus reprend la même attitude et le même comportement :" C'est toi qui le dis." Les deux gouvernants de la région vont s'entendre : Pilate le gouverneur romain de la Judée et Hérode le roi de Galilée.

A l'inverse, c'est lui qui nous demande de répondre à la même question, celle-là même qu'il a posée à ses disciples : " Et pour vous qui suis-je ? "

LE RENIEMENT

Au Jardin des Oliviers, Pierre s'était cru fort avec son épée, avec ses propres forces et dans l'enthousiasme de son adhésion au Christ qu'il croyait totale. Il a même fait plus que les autres qui s'étaient enfuis. Il a suivi Jésus avec saint Jean. Mais voilà que chez Caïphe, il se retrouve lui-même avec lui-même :"Je ne le connais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire." Il sait très bien ce que veut dire son interlocuteur.

Et c'est un coq, petite bestiole qui ignore le rôle qu'il tient à ce moment, qui retourne Pierre vers Jésus, ce Pierre qui pendant plus d'une heure était resté avec son premier reniement et sa peur. Dans notre vie, ce sont parfois des petites choses qui sont le signe de Dieu, un rappel de ce qu'il nous a dit.

Le maître n'était plus là pour lui tendre la main comme au jour où il s'enfonçait dans la tempête en marchant sur le lac. Et voilà que le Christ se rappelle à lui, quand il passe, se retourne et pose son regard sur lui, non pas un regard furtif, mais " posé ". "Pierre se souvient la parole que Jésus lui avait dite.

Laissons le Christ poser son regard sur nous, dans l'authenticité de son amour miséricordieux qui dépasse toutes nos faiblesses.

IL N'A PAS REVENDIQUE


Désormais, Jésus assume son identité avec tant et tant d'hommes rejetés et méprisés. Il est livré au bon plaisir de ses ennemis, mis en marchandage avec un assassin, chargé de la croix douloureuse et infamante de l'esclave, homme humilié au point de n'être plus respecté, homme au corps dégradé, titubant, écrasé et sans force pour porter cette croix.

Il ne revendique rien pour lui, ni devant la brutalité des gardes, ni devant les pleureuses aux larmes inutiles, ni même devant Simon de Cyrène contraint de partager, sans en savoir le sens, ce portement de croix, ni envers ceux qui ricanent, ni en réponse aux soldats qui lui tendent l'éponge vinaigrée. D'ailleurs pourraient-ils comprendre ? Trois années de prédications, de miracles et de proximité avec les malades et les pauvres ne leur ont pas fait découvrir la personnalité de ce Jésus.

Comme à Gethsémani, il est seul avec son Père et ne revendique qu'une chose : que soit accordé le pardon à tous ceux qui l'entourent parce qu'il vient l'apporter à tous les hommes :"Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."

UN DIALOGUE INATTENDU

Au pied de la croix, où se retrouvent Marie et Jean et plus loin quelques femmes, le soldat romain semble être compatissant en donnant à Jésus un peu de boisson calmante. En fait, il accomplit ce geste peut-être par moquerie, peut-être pour savoir la vérité. En prolongeant le supplice il pourra constater si Elie va venir. A côté de Jésus, ils sont deux, crucifiés dans la même honte, dans la même souffrance.

Saint Marc ne dit rien de plus mais nous savons que Jésus entend leur dialogue où l'un d'eux ricane et l'autre reconnaît sa faute : "Nous avons ce que nous méritons", comme nous le disons au seuil de chaque Eucharistie :" Je reconnais devant mes frères que j'ai péché." - "Souviens-toi de moi... " dit le bon larron; et nous, nous demandons à nos frères "de prier pour moi, le Seigneur notre Dieu."

La réponse de Jésus est immédiate :"Tu seras avec moi dans le Paradis." Dans un moment où les mots sont difficiles à dire parce qu'il est brisé lui aussi par la torture, le bon larron avait proclamé à sa manière que Jésus était le Seigneur. "Afin que toute langue proclame que Jésus-Christ est le Seigneur", dit saint Paul dans la lettre aux Philippiens.

LA PORTE DU ROYAUME EST OUVERTE

"Le voile du Temple se déchira totalement". Le Royaume est totalement ouvert. Ce n'est pas une étape dans l'Alliance que Jésus accomplit. C'est pleinement la Nouvelle Alliance en son sang. Le Christ a remis son esprit entre les mains de son Père. Les personnes présentes ignorent l'extraordinaire moment qu'elles viennent de vivre, car, hormis Marie et Jean, qui peut penser que ce condamné est l'acteur de la Résurrection, la sienne et la nôtre, qui est la mesure de l'infini de Dieu en réponse à tant d'amour.

Le centurion rend gloire à Dieu. Marie reçoit le corps inanimé. Joseph d'Arimathie décide de lui-même d'aller trouver Pilate et ensevelit le corps de celui dont il est le disciple. Les saintes femmes s'en retournent chez elles préparer les aromates pour le lendemain de la Pâque. Les lumières de ce sabbat de Pâque commencent à briller. Mais pour les amis de Jésus, c'est encore l'obscurité.

La gloire de Dieu sera lumière au matin de la Résurrection quand la pierre du tombeau s'écarte comme s'est déchiré le voile du Temple. Au soir de la résurrection, il viendra parmi eux.

***

"Tu nous as fortifiés, Seigneur, dans cette communion à tes saints mystères. Et nous Te supplions encore. Toi qui nous as donné, dans la mort de ton Fils, l'espérance des biens auxquels nous croyons, donne-nous dans sa résurrection glorieuse, de parvenir au Royaume que nous attendons." (Prière après la communion)


DIMANCHE 20 AVRIL 2003
LA RESURRECTION DU SEIGNEUR



Nous sommes aujourd'hui au cœur même du mystère chrétien : " Vous êtes ressuscités avec le Christ. " (Colossiens 3.1) Deux lectures évangéliques nous sont proposées par l'Eglise. L'une pour la liturgie du matin, la deuxième pour la liturgie en fin de ce dimanche.

Au matin, la lecture nous emmène avec Marie-Madeleine : " Il fait encore sombre. " (Jean 20.1) En fin de journée, les disciples d'Emmaüs voient clair : " Leurs yeux s'ouvrirent ". L'Eglise qui se retrouve dans la chambre haute, celle partie sur le chemin, et celle restée à Jérusalem, toutes deux, réunies dans la foi et la lumière parle à l'unisson de sa joie : " C'est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! " Leurs yeux et leur cœur se sont ouverts.

Le mystère chrétien est essentiellement un mystère de lumière. Cette lumière, dont l'étoile de Bethléem indiquait la naissance, a brillé parmi nous avec une clarté croissante. Les ténèbres du Golgotha n'ont pu l'éteindre. Elle reparaît maintenant parmi nous.

Tous les cierges de la nuit pascale allumés durant la liturgie romaine en ont proclamé ce triomphe. " Jour unique et saint, roi et seigneur des jours, fête des fêtes, solennité des solennités ! " chante la liturgie de l'Eglise d'Orient. Quand le célébrant arrive, tenant un cierge allumé, le chœur chante ce mystère de la lumière divine : "Venez, prenez de la lumière à la lumière sans soir et glorifiez le Christ ressuscité des morts. "

C'est pour la même raison qu'au baptême, dans la liturgie romaine, le cierge, remis au nouveau baptisé, est allumé au cierge pascal, qui est le Christ.

JUSQU'AU JOUR SANS DECLIN DE SON ROYAUME

La résurrection de Jésus serait pour nous sans valeur si la lumière divine ne resplendissait pas en même temps parmi nous et au-dedans de nous. Nous ne pouvons dignement célébrer la résurrection du Christ que si, dans notre âme, la lumière apportée par le Sauveur, a complètement vaincu les ténèbres de nos péchés.

" Recherchez donc les réalités d'en haut. C'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre. " (Lecture de saint Paul aux Colossiens, dans la liturgie romaine).

L'Eglise en Orient fait entendre à ses fidèles le début de l'évangile selon saint Jean : " La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas connue. " Elles ont été impuissantes à maîtriser et à éteindre cette lumière dont nous voyons aujourd'hui le triomphe : " Nous avons vu sa gloire. " (Jean 1.14)

" O Pâque grande et très sainte, ô Christ, Sagesse, Verbe et Puissance de Dieu, donne-nous de communier à toi avec plus de vérité au jour sans déclin de ton Royaume. " Ce canon de Pâques, attribué à saint Jean Damascène, est alors chanté et c'est alors que les fidèles, comme les apôtres au soir de Pâques, se saluent en disant et répétant : " Le Christ est ressuscité ! En vérité, il est ressuscité ! " (Luc 24. 34)

RESSUSCITES AVEC LE CHRIST

Au matin de Pâques, devant le tombeau vide, Pierre et Jean découvrent qu'il fallait que le Christ ressuscite d'entre les morts (Jean 20. 9) Au soir, à Emmaüs, les deux disciples désenchantés et lents à croire, entendent leur compagnon de route leur dire : " Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? " (Luc 24. 26)

Saint Jean Chrysostome dans son homélie de Pâques qui est lue à la fin de la liturgie de l'Eglise d'Orient rappelle que ceux-là seuls partagent la grâce de la Résurrection du Christ qui ont porté la croix et sont morts avec Lui.

Sans la croix, la gloire du Ressuscité ne peut devenir notre part. Dans le même temps, le Seigneur connaît notre lenteur et la faiblesse de notre foi. Pierre et les autres apôtres participeront à la Passion de leur maître, mais seulement après que la force de sa Résurrection leur aura été communiquée. Notre Seigneur agit de même avec nous.

Malgré tout ce dont avons souffert et supporté,ou supportons encore, nous sommes loin d'avoir aidé Jésus à porter sa croix. Nous avons dormi durant son agonie, nous l'avons abandonné, nous l'avons renié par nos péchés multiples.

Et cependant, si peu préparés, si impurs que nous soyons, Jésus nous invite à entrer dans la joie pascale. Le pardon et la vie ont jailli du sépulcre vide. Et le Christ ressuscité surmonte tous les obstacles qui s'interposent entre lui et nous.

Le soir de Pâques , il entre dans cette chambre haute dont les portes étaient fermées (Jean 20. 19). Il peut entrer dans les âmes qui jusqu'ici lui sont demeurées closes. Il nous y apporte son message de miséricorde : " Jésus vint, se tint au milieu d'eux et leur dit : La Paix soit avec vous. " (Jean 20. 19)

***

Après la Communion eucharistique, sacrement de la Pâque du Seigneur, la liturgie latine nous fait prier ainsi : " Dieu de toute bonté, ne cesse pas de veiller sur ton Eglise. Déjà les sacrements de la Pâque nous ont régénérés en nous obtenant ton pardon, en nous faisant communier à ta vie. Donne-nous d'entrer dans la lumière de la résurrection. " (Prière après la communion)


DIMANCHE 27 AVRIL 2003
DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES



Références bibliques : Lecture des Actes des Apôtres : 4. 32-35: "La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi, avaient un seul coeur et une seule âme. "
Psaume 117 : "Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et jour de joie !"
Première lettre de saint Jean 5. 1-6 : "Ses commandementsne sont pas un fardeau."
Evangile selon saint Jean. 20. 19 à 31 : "Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées."

***

Les Eglises orientales, catholiques et orthodoxes appellent ce dimanche, le dimanche de Thomas. Elles veulent ainsi souligner que l'attitude de l'apôtre incrédule mais profondément croyant est aussi la nôtre.

REUNIS AU CENACLE.

La journée que les apôtres viennent de vivre, a été faite de bouleversements depuis le matin. Des femmes sont venues leur dire que le tombeau est vide. Pierre l'a constaté et Jean croit déjà à la résurrection. Une discussion est née dans le groupe qui met à jour les divergences d'interprétation qui les divisent.

Le départ des deux disciples vers Emmaüs le prouve. Ceux-là n'ont pu accepter les dires de ces femmes. Ils ne croiront les dires de Pierre et de Jean que s'ils en font la preuve. Leur espérance est déçue. Ils s'enferment pour éviter les importuns, dont ils ont peur sans doute. Mais saint Jean souligne ce détail afin de montrer aussi que le Christ, qui les rejoint au soir du premier jour de la semaine, use désormais de son pouvoir d'une façon surnaturelle.

Durant les trois années de sa vie publique, il n'en a jamais usé ainsi avec eux, sauf au sommet du Thabor, pour quelques-uns et pour quelques instants. Ce soir, ils sont ensemble parce qu'ils ne peuvent se séparer après trois années partagées avec Jésus de Nazareth, trois années intenses.

Ils viennent aussi de vivre trois journées bouleversantes et ils ont besoin de reprendre les paroles de Jean, de Pierre et de Marie Madeleine pour les accorder avec tant et tant d'enseignements reçus sur les routes de Palestine. Ce ne sont peut-être pas seulement des rumeurs d'illusions.

IL EST LA AU MILIEU D'EUX

Jésus se trouve soudain au milieu d'eux. Nous pouvons certes donner une signification mystique à cette venue, toutes portes closes. Ils ne l'attendaient pas. Ainsi pénètre-t-il dans nos vies, même si elles se ferment parfois à sa grâce. "Lorsque vous serez réunis, deux ou trois en mon nom, je serai au milieu de vous" (Matthieu 18. 20)

Ce soir, ce n'est pas une présence mystique, mais une réalité humaine et divine tout à la fois. Il a conservé sur son corps ressuscité la trace des blessures et, sans mettre en avant le mérite de ses souffrances, leur donne aux apôtres le témoignage de qui il est en plénitude. Il ne rappelle pas des souvenirs. La petite communauté apostolique l'a peut-être fait durant cette journée repliée sur elle-même au risque de ne plus vivre que d'espoirs déçus et de se disperser, comme cela vient de commencer avec Cléophas et son compagnon qui marchent vers Emmaüs.

S'il est là au milieu d'eux, c'est pour les entraîner à sa suite. Ils seront les témoins et les envoyés. Par cette deuxième transmission de sa paix, il leur confirme immédiatement qu'ils doivent aussi la transmettre aux autres.

Remettre les péchés, c'est donner la vie spirituelle à qui l'a perdue ou à qui l'a amoindrie. Et il a donné sa vie pour que les péchés des hommes soient remis.

RECEVEZ L'ESPRIT SAINT

Il leur en avait parlé, au soir du Jeudi-Saint. Trois jours après, en ce soir de Pâques, il insiste sur son action en eux et parmi les hommes. L'Esprit Saint est latent en eux et la Pentecôte rendra manifeste cette présence par sa venue.

De même pour nous. L'Esprit peut reposer en nous sans nous montrer sa force. Il nous faudra toujours renouveler la grâce de la Pentecôte. . En rappelant qu'il est le Christ souffrant, le Christ uni à son Père qui l'a envoyé, le Christ dont l'action sera poursuivie et amplifiée par l'Esprit, Jésus relie, dans la pensée et la foi de ses apôtres, tout ce qu'il leur avait dit et ce dont il a témoigné avec eux.

Ils ne reconnaissent pas seulement l'ami avec qui ils ont tant partagé, ils reconnaissent le Fils de Dieu, le Seigneur. Et c'est ainsi d'ailleurs qu'ils en témoigneront auprès de Thomas :"Nous avons vu le Seigneur." Avec toute la force qu'une telle appellation peut avoir dans la foi religieuse des vrais Juifs croyants.

THOMAS A BESOIN DE PREUVES

Mais Thomas a besoin de preuves qui s'appuient sur une expérience concrète. Ce n'est pas qu'il soit un homme récalcitrant. Il est un homme de bonne volonté et tout d'une pièce. C'est lui qui, lors de l'annonce de la montée à Jérusalem, avait bousculé les apôtres inquiets des événements qu'ils pressentaient. C'est lui qui les avait entraînés dans sa générosité (Jean 11. 16) :"Allons nous aussi et mourons avec lui."

Mais il juge les choses à sa façon. Il a toujours eu du mal à entrer dans la pensée de son Maître (Jean 14. 5) et aujourd'hui, encore, il veut des preuves, même s'il n'est pas question pour lui de quitter pour autant le groupe des apôtres.

Quand Jésus revient huit jours après, il salue ses amis et immédiatement s'adresse à Thomas. Il ne le blâme pas. D'ailleurs les autres disciples seraient aussi à blâmer, car, eux aussi, ils n'ont cru à la résurrection qu'après avoir vu le Ressuscité.

Jésus admet qu'un acte de foi soit précédé par l'adhésion de l'esprit humain à certains éléments qui entraînent la crédibilité. La foi, même si elle dépasse la raison, n'est pas irraisonnable. En ouvrant ses deux mains ("Vois mes mains."), il l'invite même à le toucher en une épreuve à laquelle Thomas avait dit attacher une grande importance.

Rien ne dit qu'il exécute le geste que Jésus lui propose de faire. Mais son mouvement va plus loin. Il reconnaît la divinité de Jésus. Non seulement il est Seigneur. Mais il est Dieu !

***

En nous faisant souvenir de la première communauté de Jérusalem, l'Eglise nous rappelle que nous pouvons servir tous ceux qui sont dans le besoin, la misère, la souffrance, la solitude. C'est désormais en eux que nous est donné la possibilité de rejoindre le Christ souffrant de la croix, solitaire du jardin de Gethsémani, abandonné, méprisé.

C'est ainsi qu'il nous ouvre ses mains : "Avance ton doigt ici."

"Augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés." (Prière d'ouverture de la liturgie de ce dimanche)

Retour à la page d'accueil