Commentaire dominical
Vous trouvez ici les homélies des dimanches et fêtes à venir,
si vous désirez en préparer les thèmes à l'avance.


Dimanche 4 avril : L'Entrée à Jérusalem
- Les Rameaux
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Dimanche 11 avril : La Résurrection du Seigneur
Le saint, lumineux et grand dimanche de Pâques
Dimanche 18 avril : Deuxième dimanche de Pâques
Le dimanche de la Divine Miséricorde.
Dimanche 25 avril : Troisième dimanche de Pâques


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N.B. Ces textes ne sont pas à prononcer tels qu'ils sont écrits.
Ils sont une réserve de "matériaux" pour permettre, selon le "charisme" de chacun, une ou plusieurs homélies en proposant diverses lignes de réflexion possibles à partir des textes de chaque dimanche.
C'est ce qui en fait, parfois, la difficulté pour en suivre la ligne rédactionnelle, d'autant que nous voulons aborder ces textes dans leur sens doctrinal, si possible, plénier.

DIMANCHE 4 AVRIL 2004
DIMANCHE DES RAMEAUX - L'ENTREE DE JESUS A JERUSALEM


Références bibliques :

La bénédiction des Rameaux : Evangile selon saint Luc : 19. 28 à 40 : "Ils se mirent à louer Dieu à pleine voix."

Liturgie de la Parole :
Livre d'Isaïe : 50. 4 à 7 : "Je sais que je ne serai pas confondu."
Psaume 21: "Tu m'as répondu. Je proclame ton nom devant mes frères."
Lettre de saint Paul aux Philippiens : 2. 6 à 11 : "Jésus-Christ est le Seigneur pour la gloire de Dieu le Père."
Passion selon saint Luc : 22. 14 à 23. 56 :" Que ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne."

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Ce ne sont que quelques suggestions plutôt que de commenter longuement ce mystère de la Passion qui, durant une semaine, va marquer la liturgie quotidienne jusqu'au jour de joie de la Résurrection de notre Sauveur et Seigneur Dieu, Jésus-Christ. Chacune de ces suggestions sont déjà, à elle seule, une homélie ou un temps de méditation.

L'ENTREE DANS JERUSALEM

Jésus la veut toute simple, tout en lui donnant toute sa signification messianique. Par contre, la foule qui vient de Galilée et de plus loin sans doute pour la fête de la Pâque, se réjouit avec exubérance. C'est bien une entrée messianique qui reprend les paroles du psaume qu'avaient entonné les anges dans la nuit de la Nativité :"Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté." (Luc 2. 14)

Les pharisiens, quelques-uns précise saint Luc, peuvent critiquer l'enthousiasme de la foule. Jésus, lui, accepte cet enthousiasme qui vient du coeur, même s'il est éphémère.

UN LANGAGE D'HOMME

Le passage d'Isaïe est le résumé de toute mission : écouter pour s'instruire, s'instruire pour annoncer :" La Parole me réveille pour que j'écoute, comme celui qui se laisse instruire ... Il m'a donné un langage d'homme afin que je sache à mon tour réconforter celui qui n'en peut plus."

C'est facile à dire, " Je ne suis pas atteint par les outrages. " Ce n'est facile à vivre ni pour le Christ ni pour nous-mêmes. Des oppositions parfois douloureuses arrêtent notre élan. Et pourtant je dois ne pas cesser d'écouter Dieu et les hommes, de m'instruire par Dieu et par les hommes, d'annoncer Dieu aux hommes mes frères.

IL N'A PAS REVENDIQUE

Puisqu'il était devenu " semblable aux homme et reconnu comme tel dans son comportement ", Jésus en accepte toute la réalité. Celle d'être traité par le vie, les événements et les hommes, comme tout homme est bousculé et meurtri. Celle de subir la souffrance inhérente à la condition humaine qui est une créature limitée dans le temps, limitée dans son bonheur.

Assumant toute l'humanité, "obéissant jusqu'à la mort", sauf le péché, il en assume aussi toute la gloire qui est de rejoindre Dieu. Et comme il est de la condition même de Dieu, il partage toute la gloire de l'homme et toute la gloire de Dieu.

AU DEPART DU CHEMIN DE CROIX

Il est caractéristique que, pour cette lecture de la Passion selon saint Luc, l'Eglise place l'Eucharistie du Jeudi-Saint comme point de départ de ce chemin de croix, et non pas le jardin des Oliviers. Car ce chemin est celui-là même du Royaume.

Jésus le précise à ses disciples : "Jusqu'à ce que vienne le règne de Dieu, le royaume de Dieu." Et pour le condamné sur la croix proche du Christ, l'avènement du Royaume est immédiat : "Quand tu viendras inaugurer ton Règne," dira le larron à qui Jésus répond :"Aujourd'hui même..."

L'Eucharistie réalise le sacrifice du Seigneur et nous en offre immédiatement les fruits. Nous le disons en chaque célébration "Regarde le sacrifice de ton Eglise et daigne y reconnaître le sacrifice de ton Fils qui nous as rétablis dans ton Alliance". (Prière eucharistique III) "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang" dit le Seigneur à ses apôtres.

GETHSEMANI

"Je suis venu pour faire Ta volonté" lui fait dire la lettre aux Hébreux (Héb. 10. 9 et 10) reprenant les paroles des psaumes. Mais elle poursuit et nous inclut dans cette offrande du Christ :"C'est dans cette volonté, c'est dans cette offrande du corps de Jésus, que nous avons été sauvés définitivement."

Il y a des moments où nos pas dérapent, où nos mains nues lâchent prise, s'écartent ou se referment. Il y a des moments où nos cœurs s'affolent dans les remous d'une vie qui a perdu son sens et des moments où notre esprit s'égare et divague désorienté, quand l'amour se désagrège. Le Christ connaît cela à Gethsémani. Quand il rejoint ses apôtres, il ne peut que constater sa propre solitude :"Pourquoi dormez-vous ? "

Mais cette solitude ne l'enferme pas sur lui-même. Elle le conduit à une offrande universelle. "Afin que toute langue proclame", écrit saint Paul aux Philippiens. Parce que vivre est plus fort, je dois sortir de moi et du filet qui m'enserre. Je dois jaillir hors de mes nuits et me tendre vers Dieu pour retrouver, malgré tout, sa lumière.

LE RENIEMENT

Pierre s'était cru fort avec son épée, avec ses propres forces et dans l'enthousiasme de son adhésion au Christ qu'il croyait totale. Et voilà qu'il se retrouve lui-même avec lui-même :"Je ne le connais pas, je ne vois pas ce que tu veux dire." Il sait très bien ce que veut dire son interlocuteur.

Et c'est un coq, petite bestiole qui ignore le rôle qu'il tient à ce moment, qui retourne Pierre vers Jésus, ce Pierre qui pendant plus d'une heure était resté avec son premier reniement et sa peur.

Le maître n'était plus là pour lui tendre la main comme au jour où il s'enfonçait dans la tempête en marchant sur le lac. Et voilà que le Christ se rappelle à lui, quand il passe, se retourne et pose son regard sur lui, non pas un regard furtif, mais " posé ". "Pierre se rappela la parole que Jésus lui avait dite.

Laissons le Christ poser son regard sur nous, dans l'authenticité de son amour miséricordieux qui dépasse toutes nos faiblesses.

C'EST TOI QUI LE DIS

Les chefs juifs interrogent Jésus qui les renvoie à leur propre responsabilité et à leur propre décision :"Si je vous le dis, vous ne me croirez pas. Si j'interroge, vous ne me répondrez pas." Il oblige Caïphe à poser lui-même l'affirmation sans qu'il puisse se dérober : "Tu es donc le Fils de Dieu ?" - Jésus n'a qu'à souligner "C'est toi qui le dis".

Saint Jean fait remarquer que c'est en tant que grand prêtre de l'année qu'il prononce cette affirmation. Selon la loi, une déclaration solennelle du grand-prêtre en exercice donnait valeur décisive à une affirmation religieuse.

Avec Pilate, nous quittons le registre religieux du " Fils de Dieu ", pour nous situer dans celui de la politique :"Es-tu le roi des Juifs ?" Mais Jésus reprend la même attitude et le même comportement :" C'est toi qui le dis." Les deux gouvernants de la région vont s'entendre : Pilate le gouverneur romain de la Judée et Hérode le roi de Galilée.

Il nous demande de répondre à la même question, celle-là même qu'il a posée à ses disciples : " Et pour vous qui suis-je ? "

IL N'A PAS REVENDIQUE

Désormais, Jésus assume son identité avec tant et tant d'hommes rejetés et méprisés. Il est livré au bon plaisir de ses ennemis, mis en marchandage avec un assassin, chargé de la croix douloureuse et infamante de l'esclave, homme humilié au point de n'être plus respecté, homme au corps dégradé, titubant, écrasé et sans force pour porter cette croix.

Il ne revendique rien pour lui, ni devant la brutalité des gardes, ni devant les pleureuses aux larmes inutiles, ni même devant Simon de Cyrène contraint de partager, sans en savoir le sens, ce portement de croix, ni envers ceux qui ricanent, ni en réponse aux soldats qui lui tendent l'éponge vinaigrée. D'ailleurs pourraient-ils comprendre ? Trois années de prédications, de miracles et de proximité avec les malades et les pauvres ne leur ont pas fait découvrir la personnalité de ce Jésus.

Comme à Gethsémani, il est seul avec son Père et ne revendique qu'une chose : que soit accordé le pardon à tous ceux qui l'entourent parce qu'il vient l'apporter à tous les hommes :"Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."

UN DIALOGUE INATTENDU

A côté de lui, ils sont deux, crucifiés dans la même honte, dans la même souffrance. Il entend leur dialogue où l'un d'eux ricane et l'autre reconnaît sa faute : "Nous avons ce que nous méritons", comme nous le disons au seuil de chaque Eucharistie :" Je reconnais devant mes frères que j'ai péché." - "Souviens-toi de moi... " dit le bon larron; et nous, nous demandons à nos frères "de prier pour moi, le Seigneur notre Dieu."

La réponse de Jésus est immédiate :"Tu seras avec moi dans le Paradis." Dans un moment où les mots sont difficiles à dire parce qu'il est brisé lui aussi par la torture, le bon larron avait proclamé à sa manière que Jésus était le Seigneur. "Afin que toute langue proclame que Jésus-Christ est le Seigneur", dit saint Paul dans la lettre aux Philippiens.

OBSCURITE ET DECHIRURE

"L'obscurité se fit jusqu'à trois heures... Le voile du Temple se déchira". Le Christ a remis son esprit entre les mains de son Père et chacun désormais, sans se douter qu'il est acteur dans l'attente de la Résurrection, accomplit ce qu'il est en mesure de donner en réponse à tant d'amour.

Le centurion rend gloire à Dieu. La foule sent le besoin de se faire pardonner et se frappe la poitrine en rentrant célébrer la Pâque. Joseph d'Arimathie décide de lui-même d'aller trouver Pilate et ensevelit le corps de celui dont il est le disciple. Les saintes femmes s'en retournent chez elles préparer les aromates pour le lendemain de la Pâque.

Les lumières de ce sabbat de Pâque commencent à briller. Mais c'est encore l'obscurité.

La gloire de Dieu sera lumière au matin de la Résurrection quand la pierre du tombeau s'écarte comme s'est déchiré le voile du Temple.

Au soir de la résurrection, il viendra parmi eux, partager le pain sur la route d'Emmaüs, partager un morceau de poisson grillé (Luc 24. 42). Il leur avait dit au soir du Jeudi-Saint :" J'ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle soit pleinement réalisée dans le Royaume de Dieu." Le Royaume est commencé.

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"Tu nous as fortifiés, Seigneur, dans cette communion à tes saints mystères. Et nous Te supplions encore. Toi qui nous as donné, dans la mort de ton Fils, l'espérance des biens auxquels nous croyons, donne-nous dans sa résurrection glorieuse, de parvenir au Royaume que nous attendons." (Prière après la communion)



DIMANCHE 11 AVRIL 2004
LA RESURRECTION DU SEIGNEUR
Saint, Lumineux et Grand Dimanche de Pâques.


En cette année 2004, nous avons la joie de pouvoir fêter au même jour et d'un même cœur la célébration pascale, puisque le déroulement du calendrier de l'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident les fait se rejoindre , ce qui n'arrive que quelques fois par siècles. C'est pourquoi nous mêlerons des textes des liturgies de l'Eglise latine à ceux des liturgies orientales, en particulier la liturgie de saint Jean Chrysostome.

AU JOUR DE PAQUES

Nous sommes aujourd'hui au cœur même du mystère chrétien : " Vous êtes ressuscités avec le Christ. " (Colossiens 3.1) Deux lectures évangéliques nous sont proposées par l'Eglise. L'une pour la liturgie du matin, la deuxième pour la liturgie en fin de ce dimanche.

Au matin, la lecture nous emmène avec Marie-Madeleine : " Il fait encore sombre. " (Jean 20.1) En fin de journée, les disciples d'Emmaüs voient clair : " Leurs yeux s'ouvrirent ". L'Eglise qui se retrouve dans la chambre haute, celle partie sur le chemin, et celle restée à Jérusalem, toutes deux, réunies dans la foi et la lumière parle à l'unisson de sa joie : " C'est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! "

Leurs yeux et leur cœur se sont ouverts. Le mystère chrétien est essentiellement un mystère de lumière. Cette lumière, dont l'étoile de Bethléem indiquait la naissance, a brillé parmi nous avec une clarté croissante. Les ténèbres du Golgotha n'ont pu l'éteindre. Elle reparaît maintenant parmi nous.

Tous les cierges de la nuit pascale allumés durant la liturgie romaine en ont proclamé ce triomphe. " Jour unique et saint, roi et seigneur des jours, fête des fêtes, solennité des solennités ! " chante la liturgie de l'Eglise d'Orient. Quand le célébrant arrive, tenant un cierge allumé, le chœur chante ce mystère de la lumière divine : "Venez, prenez de la lumière à la lumière sans soir et glorifiez le Christ ressuscité des morts. "

C'est pour la même raison qu'au baptême, dans la liturgie romaine, le cierge, remis au nouveau baptisé, est allumé au cierge pascal, qui est le Christ.

JUSQU'AU JOUR SANS DECLIN DE SON ROYAUME

La résurrection physique de Jésus serait pour nous sans valeur si la lumière divine ne resplendissait pas en même temps parmi nous et au-dedans de nous. Nous ne pouvons dignement célébrer la résurrection du Christ que si, dans notre âme, la lumière apportée par le Sauveur, a complètement vaincu les ténèbres de nos péchés.

" Recherchez donc les réalités d'en haut. C'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre. " (Lecture de saint Paul aux Colossiens, dans la liturgie romaine).

L'Eglise en Orient fait entendre à ses fidèles le début de l'évangile selon saint Jean : " La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas connue. " Elles ont été impuissantes à maîtriser et à éteindre cette lumière dont nous voyons aujourd'hui le triomphe : " Nous avons vu sa gloire. " (Jean 1.14)

" O Pâque grande et très sainte, ô Christ, Sagesse, Verbe et Puissance de Dieu, donne-nous de communier à toi avec plus de vérité au jour sans déclin de ton Royaume. " Ce canon de Pâques, attribué à saint Jean Damascène, est alors chanté et c'est alors que les fidèles, comme les apôtres au soir de Pâques, se saluent en disant et répétant : " Le Christ est ressuscité ! En vérité, il est ressuscité ! " (Luc 24. 34)

RESSUSCITES AVEC LE CHRIST

Au matin de Pâques, devant le tombeau vide, Pierre et Jean découvrent qu'il fallait que le Christ ressuscite d'entre les morts (Jean 20. 9) Au soir, à Emmaüs, les deux disciples désenchantés et lents à croire, entendent leur compagnon de route leur dire : " Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? " (Luc 24. 26)

Saint Jean Chrysostome dans son homélie de Pâques qui est lue à la fin de la liturgie de l'Eglise d'Orient rappelle que ceux-là seuls partagent la grâce de la Résurrection du Christ qui ont porté la croix et sont morts avec Lui. Sans la croix, la gloire du Ressuscité ne peut devenir notre part.

Dans le même temps, le Seigneur connaît notre lenteur et la faiblesse de notre foi. Pierre et les autres apôtres participeront à la Passion de leur maître, mais seulement après que la force de sa Résurrection leur aura été communiquée. Notre Seigneur agit de même avec nous.

Malgré tout ce dont avons souffert et supporté, nous sommes loin d'avoir aidé Jésus à porter sa croix. Nous avons dormi durant son agonie, nous l'avons abandonné, nous l'avons renié par nos péchés multiples. Et cependant, si peu préparés, si impurs que nous soyons, Jésus nous invite à entrer dans la joie pascale. Le pardon et la vie ont jailli du sépulcre vide. Et le Christ ressuscité surmonte tous les obstacles qui s'interposent entre lui et nous.

Le soir de Pâques , il entre dans cette chambre haute dont les portes étaient fermées (Jean 20. 19). Il peut entrer dans les âmes qui jusqu'ici lui sont demeurées closes. Il nous y apporte son message de miséricorde : " Jésus vint, se tint au milieu d'eux et leur dit : La Paix soit avec vous. " (Jean 20. 19)

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Après la Communion eucharistique, sacrement de la Pâque du Seigneur, la liturgie latine nous fait prier ainsi : " Dieu de toute bonté, ne cesse pas de veiller sur ton Eglise. Déjà les sacrements de la Pâque nous ont régénérés en nous obtenant ton pardon, en nous faisant communier à ta vie. Donne-nous d'entrer dans la lumière de la résurrection. " (Prière après la communion)


DIMANCHE 18 AVRIL 2004
DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES

Le dimanche de la Divine Miséricorde

Références bibliques :

Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 5. 12 à 16 : "Personne n'osait se joindre à eux... tout le peuple faisait leur éloge."
Psaume 117 : "Eternel est son amour."
Lecture de l'Apocalypse de saint Jean. 1. 9 à 19 : "Je suis le Vivant. J'étais mort mais me voici vivant pour les siècles des siècles."
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc. 20. 19 à 31 :"Afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom."

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Durant tout le temps pascal de cette année C, la première lecture est tirée du livre des Actes des Apôtres, la seconde du livre de l'Apocalypse, la troisième de l'Evangile selon saint Jean. Ce devrait être pour nous l'occasion de lire en son entier l'un ou l'autre de ces livres, durant les semaines qui suivent la célébration pascale.

Ils ne sont pas destinés à nous livrer des anecdotes ou à nous conter une histoire ancienne. Il nous parlent de l'existence chrétienne, qui est animée par la présence actuelle du Ressuscité, dans l'attente de son retour glorieux :"Ceux-ci ont été mis par écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom." (Jean 20. 31)

PAQUES, JOUR DE FETE

L'Apocalypse commence ainsi : "C'était le Jour du Seigneur, je fus inspiré par l'Esprit." (Apocalypse 1. 9) "Voici le Jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie." (Psaume 117)

Pâques, c'est " l'explosion de la résurrection ", selon l'expression de saint Macaire l'Egyptien (+ 390), l'explosion de la vie en notre humanité.

Pâques est jour de fête, parce que les limites de l'homme rejoignent en Jésus le rythme de la vie de Dieu. C'est l'irruption de la nouveauté. " Le Christ n'est pas redescendu parmi les hommes. Il a émigré, pourrait-on dire, en une toute autre région. Cette Pâque que nous célébrons signifie bien passage et non retour. " (Saint Bernard - sermon sur la Pâque)

Fêter ce jour que fit le Seigneur, c'est répéter que l'aujourd'hui n'est pas la dérive, d'un passé révolu et que l'avenir est déverrouillé pour l'éternité. Ce n'est pas survivre, c'est chanter qu'aujourd'hui est la Vie. Nous sommes conduits au-delà des réalités immédiates et, dans le même temps, Pâques nous en fait apparaître le sens ultime : "Le Christ est vraiment passé à la Vie nouvelle et nous invite à cette Vie nouvelle. " (Saint Bernard)

L'EGLISE COMME JESUS.

L'une des préoccupations de saint Luc, l'auteur du Livre des Actes, surtout dans les premiers chapitres, est de montrer la continuité entre Jésus et l'Eglise apostolique, l'Eglise qui est présence et transmission de Sa Vie parmi les hommes.

Par exemple, l'Evangile parle de l'enthousiasme et des oppositions dont Jésus est entouré dès le début de son ministère public :"Il enseignait dans les synagogues, tous disaient sa gloire." (Luc 4. 15) "Tous ceux qui avaient des malades de toutes sortes les lui amenaient." (Luc 4. 40) Et dans les Actes il en est de même pour les Apôtres : "Tous faisaient leur éloge... on allait jusqu'à sortir les malades sur les places." (Actes 5. 13 et 14)

Ce qui se réalise dès les premiers jours de la prédication des apôtres et dans les années qui suivent, vérifie la promesse de Jésus :"Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père. " (Jean 14. 12) et l'oeuvre de Jésus, c'est qu'ils aient la vie en abondance".

D'ABORD ENSEIGNER.

Dès les débuts de l'Evangile, enseignement et guérison sont étroitement associés : c'est la même Parole qui dissipe les ténèbres de l'incroyance et donne déjà quelques signes du salut plénier à venir. Au matin de la Pentecôte, les apôtres enseignent. La première guérison qu'ils opèrent est aussi l'occasion d'un enseignement devant tout le peuple. (Actes 3)

Juste après le passage que nous lisons ce dimanche, les apôtres nous sont montrés enseignant dans le Temple. En cela, ils agissent comme leur Maître. "Tenez-vous dans le Temple et, là, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie." (Actes 5. 20)

UN GROUPE DE TEMOINS

La première communauté n'est pas formée de gens extatiques ou fanatiques comme les auditeurs du matin de la Pentecôte croyaient les percevoir.

Les disciples du Christ, au matin comme au soir de Pâques sont des réalistes, habités comme nous de doutes et d'incertitudes. Mais dès que leur foi fut confirmée par les faits, ils témoignent de ce qu'ils ont vu, entendu et touché.

Les disciples d'Emmaüs, dès qu'ils ont reconnu le Seigneur, retournent à Jérusalem. Ils vont trouver les "Onze et leurs compagnons". (Luc 24. 33) et leur apportent leur témoignage. Les apôtres les confirment :"Le Seigneur s'est réveillé, Simon l'a vu." Sans l'appui du témoignage apostolique, la vision des deux anonymes ne serait qu'une expérience personnelle, sans autre force que leur conviction. Les premiers chapitres sont ainsi tout centrés sur les apôtres et plus particulièrement sur Simon-Pierre. Notre témoignage, si enthousiaste soit-il, ne prend toute sa valeur et toute sa dimension que s'il est vécu dans une communauté unanime.

UN GROUPE DE FRERES

L'Eglise est le peuple de Dieu, le Corps du Christ. Si elle est appelée ainsi, c'est parce qu'elle est dotée de fonctions diverses, la première étant celle des apôtres, les "Douze". Leur place est décisive. Car il ne faut pas isoler les apôtres. Ils se trouvent au milieu de ceux que les Actes aiment appeler "les frères". Nous les voyons intervenir dans l'élection de Mathias (Actes 1. 16) participer à l'événement de la Pentecôte (Actes 2. 22), prier après la persécution endurée par les apôtres (Actes 4. 23).

Le chapitre 2 dresse un tableau schématique de cette communauté en qui l'Esprit-Saint opère les oeuvres de Dieu. C'est un groupe typé auquel on adhère par la conversion et le baptême (Actes 2. 41). D'où la notation d'un engagement qui fait hésiter certains :"Personne d'autre n'osait se joindre à eux." (Actes 5. 13)

Ce groupe ne vit pas dans la clandestinité, il est connu, repéré, suscite l'admiration comme ce fut pour le Seigneur Jésus :"Ils étaient frappés de son enseignement." (Luc 4. 32). Et si certains hésitent à le rejoindre, ils se sentent attirer par la communion et l'amour dont vivent les apôtres et la première communauté. L'Eglise d'aujourd'hui, notre Eglise, doit être ainsi : elle ne peut et ne doit être qu'une communion d'amour.

IDENTIFIE JUSQU'A LA PERSECUTION.

Comme pour Jésus, croissance et persécution vont de pair. Le passage biblique de ce dimanche est situé entre deux arrestations des apôtres. Ainsi, dans la communauté apostolique, le Seigneur continue de vivre et, par elle, il continue de témoigner de ce qu'il a vécu au milieu d'eux :"Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. S'ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre." (Jean 15. 20)

L'Apocalypse ne dit rien d'autre :"Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l'endurance avec Jésus, je me trouvais dans l'île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus" (Apocalypse 1. 9).

Jean, sans doute assigné à résidence au large d'Ephèse, à Patmos, célèbre le Jour du Seigneur et c'est à ce moment qu'il est inspiré par l'Esprit-Saint et entend la voix du Vivant. Ce n'est pas une notation secondaire. Le "Jour du Seigneur", dès le début de l'Eglise, est mémorial de la Résurrection.

LE VIVANT QUI DONNE LA VIE

Sa vision n'est ni un délire ni une auto-suggestion.

Elle est consolidée par l'affirmation d'un Vivant :"Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant. J'étais mort mais me voici vivant pour les siècles des siècles." (Apocalypse 1. 17 et 18)

Les apôtres et les frères ont fait cette expérience, dès le jour même de la Résurrection du Seigneur quand il leur transmet son souffle, c'est-à-dire sa vie. Il a vaincu la mort. Il leur en témoigne non seulement par sa présence, mais aussi par ses mains et son côté qui ont été marqués par cette mort sur la croix. Il leur transmet le pouvoir de vaincre ce pourquoi il a offert sa vie, ce qui l'a conduit à la mort, et ce qu'il a vaincu, c'est-à-dire le péché.

Lorsqu'il était avec eux, il leur disait :"Venez et voyez." Désormais, à eux qui l'ont suivi et à tous ceux qui le suivent, il demande une autre attitude : "Croyez". Saint Thomas ne se souvient pas de ce qu'il avait entendu quatre jours avant la Résurrection de la bouche même du Seigneur :"Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi." (Jean 17. 20)

*** "Heureux ceux qui croient sans avoir vu... " La réponse de Thomas doit être aussi la nôtre : " Mon Seigneur et mon Dieu !" Et ce n'est pas une simple connaissance qui nous est demandée, c'est une vie qui nous est donnée :"afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et afin que par votre foi vous ayez la vie en son nom." (Jean 20. 31)

"Je suis le Vivant" dit-il dans l'Apocalypse. La liturgie nous le fait dire : "Augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés. (prière d'ouverture de la messe) ... "Que le mystère pascal accueilli dans cette communion ne cesse jamais d'agir en nos coeurs." (prière après la communion)


DIMANCHE 25 AVRIL 2004
TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES


Références bibliques :

Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 5. 27 à 41: "C'est lui que Dieu, par sa puissance, a élévé en faisant de lui l'initiateur et le Sauveur."
Psaume 29 : "Que mon coeur ne se taise pas ! qu'il soit en fête pour toi !"
Lecture de l'Apocalypse de saint Jean. 5. 11 à 14 : "Il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction !"
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 21. 1 à 19 :"C'est le Seigneur !"

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LA VERITABLE SIGNIFICATION

Comme durant tout le temps pascal de cette année, la deuxième lecture est empruntée au livre de "l'Apocalypse" dont le titre n'est autre que le premier mot de ce livre qui clôt la révélation du Nouveau Testament.

Ce terme ne signifie pas "catastrophe", selon l'expression usuelle quand on parle d'une inondation, d'un krach boursier ou d'une explosion nucléaire. Le terme grec, volontairement employé par l'auteur, veut dire "révélation". Ce qui était " couvert " est découvert, ce qui était caché devient manifeste. Selon une autre expression grecque toute proche :"le crypté" est percée à jour. Les mots qui suivent l'indiquent d'ailleurs "Apocalypse de Jésus-Christ."

Le langage courant a " dévoyé " ce message. La révélation du Christ porte essentiellement sur la victoire du Ressuscité, aujourd'hui encore attaqué par les forces du mal et dont le triomphe ultime s'accompagnera de la disparition du vieux monde, tout entaché de péché. S'il y a catastrophe, c'est pour le mal et non pas pour le bien suprême que Dieu nous apporte en Jésus-Christ.

Cette disparition est parfois violente, car le mal s'acharne et s'agrippe. Ainsi, au moment de la Pâque du Seigneur et pour contraindre Pharaon de laisser partir le peuple d'Israël vers la liberté, il fallut dix plaies. Pour l'Apocalypse, il s'agit de dire par quels tourments passera le monde avant que s'instaure la Jérusalem céleste, le royaume même de la liberté.

LA CERTITUDE DE L'ESPERANCE

Le livre ne serait pas une "bonne nouvelle" s'il ne provoquait que l'angoisse devant ce qui reste à vivre dans l'avenir. Son but est de donner espérance et assurance, de montrer à la communauté chrétienne persécutée et plongée dans un monde qui ne cesse pas d'être dur et violent, que l'issue ne fait pas de doute.

Nous l'avons entendu dimanche dernier :"Sois sans crainte. Je suis le premier et le dernier, je suis le vivant. J'étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles. Je détiens les clés de la mort." (Apocalypse 1. 9)

Dès aujourd'hui, nous sommes au-delà du moment décisif de l'histoire.

Le Christ est ressuscité. La résurrection de Jésus est le triomphe de l'Innocent sur les ténèbres, la victoire du Vivant à la poursuite duquel les forces du Mal s'épuisent en vain.

LES SCENES INTERMEDIAIRES.

"Courage, j'ai vaincu le monde !" a dit le Christ à ses apôtres au moment même où il paraissait devoir être vaincu (Jean 16. 33), à la veille de sa Passion. Nous aussi nous vivons notre existence dans une réalité qui nous est difficile, parce qu'elle se situe entre la résurrection et l'accomplissement définitif de cette résurrection. Saint Paul le répétait aux premiers chrétiens : " Il s'agit de devenir semblable à lui dans sa mort avec l'espoir que moi aussi je parvienne à la résurrection d'entre les morts " (Philippiens 3.10-11).

Dans un langage codé, étincelant d'images, superbement épique, l'Apocalypse évoque les combats entre le monde nouveau déjà instauré par le Christ et le vieux monde, condamné, blessé, mais encore cruel.

Les combats décrits dans cette révélation sont à la fois ceux d'aujourd'hui et ceux qui achèveront l'histoire en la conduisant à son terme, cette Apocalypse veut déjouer nos inquiétudes et jouer un rôle d'exorcisme pour les fidèles que nous sommes, affrontés au Mal tant en nous-mêmes (nous ne sommes pas à l'abri de la faiblesse) que de la part des ennemis de la foi. C'est ainsi qu'il nous faut lire les messages aux Eglises.

L'Apocalypse nous dit qu'il en sera ainsi jusqu'au dernier jour, celui de notre vie personnelle, celui de ce monde dans lequel nous vivons, un monde qui a ses misères, ses richesses et ses émerveillements, même si les hommes parfois les dévient du but qui est la Jérusalem céleste. La victoire ne sera définitive que dans le Royaume et non pas dans ce monde. D'une certaine manière, cette révélation se veut réaliste et non pas d'un rêve irréaliste au quotidien.

LES VISIONS INAUGURALES

"J'ai vaincu le monde !" C'est ce qu'illustrent les premières visions.

Quelques précisions nous aideront à mieux entrer dans leur signification.
- Le trône, présenté au chapitre 4, est celui de Dieu le Père.
- Les quatre vivants portant la ressemblance du lion, du taureau, de l'homme et de l'aigle, sont empruntés, comme beaucoup d'éléments de l'Apocalypse, à un autre prophète visionnaire, Ezéchiel (chapitre 1). Ils symbolisent les forces de l'univers associés au culte divin - L'extension aux auteurs des Evangiles n'est pas celle de l'auteur, mais celle de la tradition de l'Eglise.
- Les vingt-quatre anciens ont certainement un lien avec le Peuple choisi tant de l'ancienne que de la nouvelle Alliance, les douze tribus et les douze Apôtres qui leur correspondent.
- L'Agneau immolé, c'est le Christ, l'agneau de Dieu. Cette expression est particulièrement importante chez saint Jean qui la souligne dès le début de l'Evangile sur les rives du Jourdain (voir Jean 1. 19 - 1. 36 - 19. 36).

Il a été mis à mort comme l'agneau pascal. Mais aujourd'hui il est ressuscité.

LE SENS VRAI DE L'HISTOIRE

"Tu es digne de recevoir le livre, d'en rompre les sceaux." (Apocalypse 5. 9) Le Christ par sa victoire déroule le livre de la Parole de Dieu et le déploie, comme dans la liturgie de la synagogue, pour la révélation de l'Alliance. L'Apocalypse est révélation du sens vrai de l'histoire, de cette Alliance définitive en Jésus-Christ.

Sur terre, sous terre et sur la mer, la création toute entière y est associée parce qu'elle est concernée. (voir saint Paul aux Philippiens 2. 10) Le salut du Christ est oeuvre de réconciliation complète et sans faille. (Colossiens 1. 16 à 20)

L'ensemble de l'Apocalypse forme donc une véritable liturgie. La première révélation avait été reçue "le Jour du Seigneur", le dimanche (Apocalypse 1. 10) Nous y voyons un rassemblement de foule, des acclamations, une gestuelle (se prosterner), une attitude spirituelle (l'adoration). Et comme dans la célébration eucharistique, les vivants répondent : "Amen".

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"Accueille, Seigneur, les dons de ton Eglise en fête. Tu es à l'origine d'un si grand bonheur, qu'il s'épanouisse en joie éternelle !" (Prière sur les offrandes)


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