Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
Infocatho
CELAM 2007
Aparecida - 13 au 31 mai.
 

-
LA THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION
Brêve présentation

Elle se veut être une théologie au service des plus pauvres. Elle trouve sa source dans le renouveau amorcé par le concile de Vatican Il (1962-1965) et accentué par la seconde Conférence générale de Medellin en 1968.

Cette théologie cherche des solutions pour améliorer la situation des et des plus marginalisés - les indigènes, les femmes et les Noirs. Elle veut être relecture de la Bible en relation avec la réalité vécue par les pauvres, n'hésitant pas à faire usage des sciences sociales et du marxisme.

Marquée par le Concile et par la méconnaissance ecclésiale des marginaux, la réflexion des théologiens comme Leonardo Boff, Gustavo Gutiérrez, Gustavo Louvain, le frère Sobrino n'a pas seulement un but spirituel ; il s'agit de "conscientiser" les pauvres dans des communautés ecclésiales de base pour les aider à se libérer.

Parce qu'elle a souvent utilisé les schémas de la pensée marxiste, sans adopter d'ailleurs les conclusions qu'en tire le marxisme, cette théologie a été accusée d'être trop politisée.

Ce nouveau courant chrétien se développe marqué par une volonté de solidarité avec les pauvres, par des pratiques de conscientisation et d'émancipation, de participation dans les mouvements sociaux et les organisations populaires, et même, dans certains pays, dans les mouvements politiques d'obédience marxiste. L'idée que seulement un changement radical des structures politiques, économiques et sociales mené par les pauvres eux-mêmes pourrait venir à bout de la pauvreté fait son chemin.

La théologie de la libération voit le jour avec la publication par Gustavo Gutiérrez d'un livre encore controversé aujourd'hui. Ce livre réinterprète l'Évangile à la lumière de pans importants de la théorie marxiste. A la suite de quoi la plupart des théologiens de la libération voient dans le marxisme la seule théorie capable d'offrir une analyse systématique et précise sur les causes de la pauvreté de même qu'une proposition concrète et radicale pour l'abolir.

La lutte des classes devient un élément clé de cette nouvelle théologie. "  Nier l'existence de la lutte des classes c'est, en somme, prendre le parti des dominants. La neutralité sur ce point est impossible." (Gutiérrez 1971).

Cet engagement radical en amènera certains à se joindre aux différents mouvements de guérillas dans différents pays. À noter l'engagement du père Camilo Torres dans la guérilla en Colombie, plusieurs laïcs et religieux dans le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) au Nicaragua et dans le Front Farabundo Marti (FMLN) au Salvador. Plusieurs autres sont aussi devenus militants de partis socialistes.

Ces prises de position pour le moins radicales ne tarderont pas à soulever l'indignation des branches conservatrices de l'Église, à commencer par la curie romaine.

Le cardinal Ratzinger, responsable de la Doctrine de la foi, tentera d'abord de s'attaquer au raisonnement idéologique de la théologie. Constatant son échec, il changera de stratégie en 1984 et choisira plutôt de frapper un grand coup au niveau de la structure de pouvoir de l'Église latino-américaine.

Avec la collaboration de Jean-Paul II, tous les évêques moindrement progressistes seront remplacés à leur retraite par des collègues ultra-conservateurs. Le cas le plus éloquent est sans doute celui de Dom Helder Camara, l'archevêque de Recife au Brésil. Il fut remplacé par Mgr José Cardoso, un conservateur spécialiste du droit canon, qui ne tarda pas à congédier les agents de pastorale trop impliqués avec les pauvres.

Le théologien brésilien Leonardo Boff ne peut plus enseigner après la publication de son livre Église, charisme et pouvoir, qui critique l'autoritarisme de Rome et l'accuse d'ignorer les plus pauvres.

Mais progressivement, dans les années 1980, la réflexion et les recherches théologiques font perdre à cette théologie une partie de son influence.

Pour une étude plus approfondie : P. Simonnin OFM.- Spiritus. Septembre 1999


Retour au sommaire de CELAM 2007