02.09 - Canada : Le droit à
l'émigration.
Mgr James Weisgerber
a fait parvenir une lettre au ministre canadien des Affaires étrangères
et du Commerce international Lloyd Axworthy, dans laquelle il demande
au gouvernement du Canada de ratifier une entente concernant les migrants
et les membres de leurs familles.
"Nous nous associons à plusieurs coalitions œcuméniques, telles le Comité
inter-Eglises sur les réfugiés, le Groupe de travail Canada-Asie et
l'Initiative œcuménique canadienne pour le Jubilé, pour vous demander
de considérer avec la plus grande attention les conséquences positives
que pourrait avoir la ratification par le Canada de cet instrument international"
En voici quelques passages : " Monsieur
le ministre, Je vous écris à propos du dossier de la Convention internationale
sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leurs familles, document qui a été adopté et ouvert à la
signature, ratification et adhésion par l'Assemblée générale des Nations
unies, en décembre 1990. Jusqu'à présent, le Canada s'est abstenu de
signer et de ratifier cet instrument international, qui offrirait aux
quelque 75 à 80 millions de travailleurs migrants dispersés aujourd'hui
à travers le monde une protection dont ils ont grand besoin.
Il est de plus en plus fréquent que l'économie internationale, stimulée
par les politiques de libre-échange mises en place par des gouvernements
comme celui du Canada, fasse tomber les barrières entre les États afin
de mondialiser le commerce. La mondialisation accélérée du marché appelle
une réglementation, sinon il pourrait être facile de négliger les valeurs
humaines. L'histoire récente montre que c'est tout particulièrement
le cas pour les migrants, souvent contraints de travailler dans les
pires conditions prévalant dans le pays où ils arrivent.
Il faut aussi s'inquiéter des «réfugiés environnementaux», que certains
chercheurs et les porte-parole des Nations unies définissent comme suit
: «toute personne dont l'environnement est devenu hostile et insupportable
au point qu'elle ne peut plus demeurer chez elle, dans sa collectivité
ou son pays, et qui risque de ne pouvoir jamais y retourner». Selon
les définitions utilisées, on pourrait dénombrer plus de personnes déplacées
par des crises environnementales, des cataclysmes naturels ou d'origine
humaine qu'il n'y a de réfugiés pour cause de tensions politiques et
civiles.
Dans bien des cas, ces migrants malgré eux, obligés de s'installer ailleurs
sans l'avoir choisi, doivent endurer d'énormes souffrances. Déjà en
1971, le pape Paul VI avait reconnu ces dilemmes : «Il est urgent, écrivait-il,
que l'on sache dépasser à l'égard des travailleurs migrants une attitude
étroitement nationaliste pour leur créer un statut qui reconnaisse un
droit à l'émigration, favorise leur intégration, facilite leur promotion
professionnelle et leur permette l'accès à un logement décent, où puissent
les rejoindre, le cas échéant, leurs familles».
Si l'Église défend le droit humain à l'émigration, elle n'encourage
pas sa pratique... Il n'en reste pas moins d'une importance cruciale,
sur le plan moral, social et économique, de défendre et de renforcer
les droits des personnes qui se trouvent engagées dans le processus
migratoire. Nous croyons que la Convention internationale sur les droits
de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles améliore
certaines des protections existantes et mérite assurément l'appui résolu
du Canada."
Pour le texte intégarl : Conférence
des évêques du Canada
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