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07.09 - 36 - Brésil : Une pastorale afroaméricaine.

Du 4 au 9 septembre, 500 délégués provenant de l'ensemble des pays latino-américains se sont retrouvés à Salvador de Bahia pour la 8ème rencontre continentale de Pastorale afroaméricaine, pour réfléchir ensemble sur les valeurs et les problèmes de la population noire présente sur ce continent.

Le thème de cette rencontre :"La Communauté afroaméricaine, les solidarités et les alternatives dans la conjoncture mondiale actuelle" devrait être abordé aussi bien au niveau des assemblées que des groupes. En effet, les afroaméricains ont accueilli le Christ et lui ont répondu selon leur unité culturelle et leur sensibilité, donnant naissance à des formes de religiosité parfois mal comprises. "Dans le respect du patrimoine culturel de leur ancêtres, l'Eglise entend manifester une plus grande solidarité avec la cause noire" a déclaré le représentant de "Nigrizia" du Salvador, le P. Savoia.

Pour cet expert de la pastorale afroaméricaine, "l'histoire nous enseigne que ces esclaves africains n'ont jamais accepté leur condition et qu'au cours des siècles, ils ont donné vie et forme à une lutte et à des communautés libres et autochtones... De cette communauté d'origine est née, en grande partie la culture afroaméricaine... Cela est particulèrement vrai pour le Brésil, le pays qui a importé le plus d'esclaves."

Dans une autre intervention, Paulo Paim avait relevé que la population afrobrésilienne représente actuellement 60 % des 170 millions des habitants du Brésil. Et malgré cela, ils sont peu de Noirs à avoir la possibilité de jouer un rôle significatif tant au parlement que dans l'Eglise. Le député brésilien remarque également que la législation interdisant la revente des terres possédées par les descendants des anciennes populations noires risque d'être abrogée en 2002. Ce qui peut mettre en péril la communauté afrobrésilienne .

Il estime également que la population afrobrésilienne doit appuyer un parti politique déjà existant et ouvert au dialogue. Créer un nouveau parti peut devenir le signe d'une marginalisation inopportune. S'insérer dans un parti attentif aux aspirations de la communauté afrobrésilienne et y conclure des alliances serait une insertion plus efficace dans la vie politique du Brésil.

Le P. Ettore Frisotti, missionnaire du Salvador, constate que les Africains sont soumis à un processus de "blanchiment". Aux Nations-Unies, les Noirs sont comme "invisibles" car ils ne sont pas considérés pour ce qu'ils sont, mais réduits à un rôle social qui est presque toujours marginal.

Parlant de cette rencontre, Mgr José Maria Pirez, archevêque émérite noir brésilien de Paraiba, a déclaré à l'agence missionnaire Misna :" Il nous faudra penser à un modèle d'Eglise plus ouverte, une Eglise fidèle à l'Evangile et fidèle aux diverses cultures, non seulement africaines mais aussi aux cultures indigènes. Ce serait tellement beau si tous ces peuples pouvaient adorer et louer le Seigneur dans leurs langues et dans leurs cultures, au Brésil comme dans le reste de toute l'Amérique."

Une discussion importante a mis en cause le plan "Colombia" lancé par le président Andres Pastrana, avec le soutien des Etats-Unis, officiellement pour lutter contre les narcotrafiquants. Il peut aussi devenir une nouvelle forme d'ingérence politique dans ces régions. "Il faut lutter contre la faim, la misère, l'ignorance, en d'autres termes, viser les causes des problèmes qui affligent la Colombie avant de s'en prendre aux cultures illégales de coca."

Cette rencontre se continue jusqu'au 9 septembre et devrait apporter d'autres ouvertures intéressantes et riches de promesses pour les communautés afroaméricaines.

Pour plus d'informations : Conférence des évêques du Brésil.

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