06.10 - Philippines : La marche pour la paix.
Au lendemain de l'offensive massive
lancée par les forces gouvernementales dans le Sud, l'Eglise des Philippines
descend dans la rue en faveur de la paix. Le 1er octobre,dans tous les
diocèses du pays, des cortèges pacifiques se sont formés pour
dire non à la violence, et demander le dialogue et la réconciliation,
et tout spécialement à Mindanao.
Soutenu par l'opinion publique du pays, le 16 septembre au matin, M.
Estrada, Président des Philippines avait donné le feu vert pour une
attaque militaire massive contre les positions tenues par le groupe
Abu Sayyaf dans l'île de Jolo. L'armée régulière a imposé le blocus
de toutes les embarcations qui voulaient arriver dans l'île ou la quitter,
l'interruption des communications avec le monde extérieur, et le blocus
complet de toute information d'origine indépendante. Tout en reconnaissant
le consensus populaire pour cette attaque, Mgr Quevedo, président
de la Conférence épiscopale, a dit publiquement ses perplexités
sur la légitimité morale de l'expédition, au moment où s'annonçait
cette marche pour la paix.
" Pourquoi, se demande Mgr Quevedo, au nom de tous les évêques
des Philippines, n'a-t-on pas donné plus de place aux négociations,
au moment précisément où le travail du négociateur M. Robert Aventejado
semblait arriver à un succès ? l'opération militaire était-elle véritablement
une tentative pour délivrer les otages, ou plutôt un moyen pour éliminer
totalement Abu Sayyaf ? Le blocus complet de toutes les informations
ne sert-il pas à cacher les dégâts indirects infligés à la population
civile, qui s'y est trouvée mêlée malgré elle ?
Au cours d'un entretien avec l'agence vaticane Fides, il indique que
l'interruption des communications téléphoniques a empêché nécessaires
conversations entre Mgr Quevedo et Mgr Angelito Limpon, Vicaire Apostolique
de Jolo. "Je sais seulement que les gens sont désespérés et cherchent
à s'enfuir ". Mais, quitter l'île est impossible à cause du blocus imposé
par l'armée. " Il faut permettre aux organisations humanitaires de parvenir
dans les régions touchées, et d'aider les gens en fuite. Notre première
préoccupation doit être la sauvegarde des populations civiles … Je continue
à être en plein accord avec le cardinal Jaime Sin et avec le cardinal
Ricardo Vidal sur l'inutilité de la violence, et sur la nécessité des
négociations.
Mais relancer la voie du dialogue, toutefois, ne signifie pas tolérer
tous les crimes de Abu Sayyaf. Il a rappelé avec force la condamnation
de tous les actes criminels, et en particulier les enlèvements dans
le Sud des Philippines par le groupe Abu Sayyaf. " Les enlèvements sont
devenus une affaire, une véritable source de financement et une question
internationale terrible… L'attrait de l'argent facile est comme l'attrait
de l'abus et de la corruption "... " Que Abu Sayyaf soit traîné en justice
et réponde de ses crimes contre la personne, contre la vie et contre
la propriété ".
Mgr Quevedo rappelle en outre que l'Eglise ne paie aucune rançon aux
ravisseurs. Les prêtres, les religieux et les laïcs qui travaillent
dans les régions à risque sont conscients des dangers qu'ils encourent
en tant que missionnaires ; mais ils considèrent qu'ils font " partie
de leur vocation missionnaire."
Pour plus d'informations : Agence Fides
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