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04.10 - Indonésie : L'élimination des chrétiens.

La communauté chrétienne d'Ambon a lancé un appel au Conseil de Sécurité et à la Commission des droits de l'Homme de l'ONU pour solliciter leur intervention afin de régler le conflit qui ensanglante l'archipel depuis désormais vingt mois.

Les autorités catholiques craignent en effet que la totale élimination des chrétiens des Moluques soit proche. Le bilan de 31 morts a été communiqué à l'agence missionnaire Misna par la cellule de crise du diocèse catholique d'Ambon, qui a recueilli le témoignage de Hery Kastanya, un chrétien présent à Hative Besar lorsque le village a été incendié et que 2.000 habitants ont pris la fuite.

Les témoins ont pu constater de leurs propres yeux que les assaillants n'étaient pas des guérilleros musulmans, mais des militaires qui portaient la tenue blanche des islamistes louant la guerre sainte. Un autre chrétien, témoin de l'assaut du village de Suli (côte orientale de l'île d'Ambon) a déclaré à un quotidien local que des personnes provenant d'Afghanistan, d'Arabie Saoudite et des Philippines se trouveraient parmi les guérilleros musulmans.

Dans une lettre publiée vendredi 28 septembre, l'évêque auxiliaire d'Ambon, Mgr Jos Tethool, et le Père Ansis Homenara, président de la commission diocésaine "Justice et Paix", disent sentir que "la totale élimination des chrétiens des Moluques est proche ". Ils soulignent que sur la seule île d'Ambon, les guérilleros musulmans qui se battent au nom de la guerre sainte ont anéanti 75% de la communauté chrétienne et que les extrémistes se concentrent particulièrement sur cette zone. Le nord et le sud de l'île sont reliés par un couloir étroit où se trouve le village chrétien de Passo.

Selon les termes de l'agence Misna, le pressentiment de Mgr Tethool est vraiment dramatique: "Quand tout cela adviendra, beaucoup de chrétiens seront massacrés ou forcés à se convertir à l'Islam, comme l'ont déjà fait des milliers de personnes sur l'île de Ceram". Les chrétiens des Moluques continuent à demander de l'aide à la communauté internationale. Et six d'entre eux, cinq hommes et une femme, ont occupé le mercredi 29 septembre l'ambassade de Suisse à Djakarta en demandant l'asile politique, face à ce qu'ils considèrent comme une véritable "épuration ethnique". Ils déclarent avoir choisi l'ambassade de Suisse parce que la Commission des droits de l'homme de l'ONU a son siège à Genève.

En août dernier, la Commission nationale des droits de l'homme, une institution officielle respectée en Indonésie, a lancé un appel à Jakarta en faveur d'une intervention de l'ONU et l'envoi d'une force internationale de maintien de la paix pour faire cesser les massacres aux Moluques. La Commission, qui dépend directement du président indonésien Wahid, estime qu'une telle intervention est nécessaire parce que le gouvernement n'a pas été capable de faire cesser le bain de sang. Cet appel n'a trouvé aucun écho positif de la part du gouvernement. De son côté, en juillet, son évêque, Mgr Petrus Canisius Mandagi, s'était rendu à Genève pour demander l'intervention du Conseil de Sécurité et de la Commission des droits de l'Homme des Nations Unies. Il y a été reçu, mais rien n'a été décidé par ces deux instances internationales.

Nous avions déjà signalé, il y a quelques mois, que les chrétiens d'Ambon, ancienne colonie hollandaise, ont été évangélisés au début du 17e siècle. Le conflit sanglant qui oppose chrétiens et musulmans à Ambon aurait déjà fait près de 10.000 morts et plus de 350.000 réfugiés depuis janvier 1999.

Pour plus d'informations : Agence Misna

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