04.10 - France : Le procès d'un prêtre pédophile..
En présence des onze victimes
et de son évêque cité comme témoin, l'abbé
Bissey, prêtre du diocèse de Bayeux-Lisieux, comparaît
devant la cour d'assises du Calvados, en Normandie, pour les actes de
pédophilie qu'il a commis pendant des années.
Les audiences commencées le vendredi 29 septembre apportent des
témoignages impressionnants sur des agressions sexuelles qui,
depuis 1980 et pour certains cas durèrent plusieurs années
à l'égard d'un même jeune, entre 12 et 18 ans. Les
familles en parlèrent en 1996 aux responsables diocésains
et le P. René Bisset fut envoyé suivre une psychothérapie.
Deux ans après, Mgr Pican, l'ayant rencontré deux fois
l'estimant à l'abri d'une récidive, lui confiait un ministère
pastoral dans une paroisse de la banlieue de Caen et la charge de l'Action
Catholique des Jeunes.
Des associations bien décidées à en découdre
avec l'Eglise entraînèrent quatre familles à porter
plainte. Mgr Pican lui-même fut mis en cause et depuis le 24 janvier
est sous le coup d'une "mise en examen" pour non-dénonciation
de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs. Pour la première
fois en France, un évêque devra en répondre devant
le tribunal correctionnel.
Convoqué comme témoin devant la cour d'assises, le 4 octobre
Mgr Pican a éludé les questions qui lui étaient
posées en se référant au fait qu'il était
lui-même sous le coup d'une inculpation en correctionnelle. Le
silence pesant qui a conclu sa déposition trouble gravement l'opinion,
d'autant qu'un récent procès, dans l'Aveyron à
l'encontre d'un autre prêtre, l'abbé Maurel, s'était
conclu par une condamnation à dix ans de réclusion criminelle.
Le P. Bissey est passible d'au moins vingt ans de réclusion criminelle.
Il est difficile de dire actuellement ce que savait exactement Mgr Pican
du comportement du prêtre de son diocèse. Il ne se retranche
pas derrière le "secret de la confession", absolu et
reconnu comme tel par le droit français, puisqu'il n'a jamais
confessé le P. Bissey. Ce qui est en cause, c'est le "secret
professionnel" protégé au même titre pour les
prêtres, les médecins et les avocats. Le rompre peut même
les mettre en situation d'infraction pénale.
Sauf dans le cas d'agressions sexuelles sur des mineurs de moins de
15 ans, ce qui est le cas ici. Le prêtre et l'évêque
sont alors renvoyés à leur liberté de conscience.
La justice française devra trancher dans ce domaine du "devoir
de confidentialité."
Pour plus d'informations : Conférence
des évêques de France.
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