10.10 - Extraits du message des évêques d'Afrique.
Après avoir présenté les circonstances de la publication
de ce message : la XIIème Assemblée Plénière du Symposium des épiscopats
d'Afrique et Madagascar, qui s'est tenue près de Rome, le message
aborde les points essentiels qui sont ceux de la situation actuelle
vécue et de l'avenir à construire dans l'espérance.
En voici le texte.
LES RAISONS DE SE REJOUIR
ET DE RENDRE GRACE
4. Sous l'inspiration du Saint Esprit et guidés par des experts de qualité,
nous avons accordé une attention priante à la situation générale de
l' Afrique. Nous notons avec plaisir que, depuis l'Assemblée Spéciale
pour l' Afrique du Synode des Evêques, l'Eglise a accompli des progrès
considérables dans beaucoup de secteurs : la ferveur apostolique de
ses membres, l'augmentation du nombre des diocèses, la croissance en
chiffre absolu et en proportion de ses membres : laïcs, prêtres et religieux,
voire son influence dans la société. Nous sommes réconfortés par la
paix relative dont jouissent certains de nos pays et par les efforts
que font certains autres pour instaurer la justice et l'harmonie. Que
Dieu soit loué pour tout cela.
LES RAISONS D'INQUIETUDE
5. Malgré ces efforts, il y a malheureusement encore de nombreuses aberrations
révoltantes et insupportables qui pèsent sur nos vies de citoyens et
de croyants. Elles appellent une condamnation sans ambages, parce qu'elles
constituent la négation de l'essence même du Royaume de Dieu. Nous condamnons
ces nombreux actes d'injustice, d'exploitation et de violence qui portent
atteinte à l'être humain créé à l'image et à la ressemblance de Dieu.
Les hostilités et les conflits à l'intérieur des clans ou entre les
tribus, les villages, les groupes ethniques, les nations et les religions
ont atteint un paroxysme d'horreur partout en Afrique. Le fait que ces
fléaux ne sont aucunement de nouveaux démons en Afrique rend le travail
de l'Eglise encore plus difficile et urgent.
UNE SITUATION POLITIQUE LAMENTABLE
6. Nous nous devons de déplorer en termes clairs la soif de pouvoir
et la folie de certains responsables africains dans des pays comme le
Soudan, l' Angola, la Sierra Leone, le Liberia, la région des Grands
Lacs, la République Démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, l'Erythrée
et tant d 'autres zones d'Afrique où des millions de personnes ont souffert
et continuent de souffrir. Nous condamnons les activités meurtrières
des groupes rebelles qui harcèlent constamment les gouvernements en
place et, dans le feu des combats, tuent des populations innocentes
et commettent des atrocités honteuses. Nous désapprouvons les orientations
politiques des régimes autoritaires et oppressifs qui privent leurs
citoyens de leur liberté personnelle et des droits humains fondamentaux,
spécialement de la liberté d'association et de toute expression politique,
ainsi que du droit de choisir leurs gouvernements par des élections
libres, honnêtes et pacifiques. De telles injustices politiques provoquent
des tensions qui, souvent, dégénèrent en conflits armés et en guerres
internes, causes de famines, d'épidémies, de destructions, de massacres,
sans oublier la tragédie scandaleuse des réfugiés.
7. Nous considérons que l'instabilité politique est intolérable, et
que le mensonge et l'intimidation qui règnent dans certaines parties
de l'Afrique constituent une situation humiliante. Plus regrettable
encore, certains pays africains, au lieu de travailler à la réduction
des conflits, prêtent leurs territoires à des fins de déstabilisation
des autres gouvernements. 8. Nous dénonçons la longue tradition de discrimination
dont sont victimes les Chrétiens et les adeptes de la religion traditionnelle
au Soudan. Cette situation équivaut à une persécution par les Musulmans.
De même, nous marquons notre opposition à l'imposition de la Loi Islamique
(la Charia) sur des non Musulmans dans certaines nations africaines
comme le Nigeria. Nous exprimons notre indignation pour les atteintes
à la liberté religieuse dans certaines nations africaines à prédominance
musulmane.
LE MEPRIS POUR LA VIE ET LA DIGNITE
HUMAINE
9. Nous condamnons l'utilisation des enfants et des jeunes, garçons
et filles, comme combattants dans les conflits armés en Afrique. C'est
une tragédie. Nous considérons qu'amputer les membres de citoyens innocents
et sans défense -souvent des enfants, même en bas âge, ou des adultes
malades-, ainsi que crever les yeux d'ennemis réels ou supposés sont
des gestes criminels qui crient vengeance vers le ciel. En effet, toute
forme de torture doit être perçue comme sauvage, inhumaine et déshumanisante.
10. Parmi les nombreux actes de violence contre notre continent, nous
condamnons les programmes de contraception, de stérilisation et d'avortement
que certaines puissances mettent en oeuvre contre des populations appauvries,
sous prétexte d'aide sanitaire et de prétendue "santé reproductive ".
Le cynisme de ces programmes est tel que, souvent, les victimes en ignorent
même les conséquences.
LE SABOTAGE ECONOMIQUE
11. Les nombreux problèmes économiques de l'Afrique se compliquent encore
avec la malhonnêteté des responsables corrompus qui, agissant seuls
ou de connivence avec des intérêts privés locaux ou étrangers, détournent
d' immenses ressources nationales à leur seul profit et transfèrent
des fonds publics colossaux dans des banques privées à l'étranger. Ces
pratiques sont du vol pur et simple, quel qu'en soit le camouflage légal.
Elles constituent une trahison et un sabotage économiques de premier
ordre.
LA PERTE DE L'HERITAGE CULTUREL
12. L'Afrique est en train de perdre, graduellement mais sûrement, son
identité culturelle. Les valeurs, que nos ancêtres tenaient en honneur
et qui assuraient leur survie, s'érodent irréversiblement. Le respect
que nous avions de la vie est relégué au passé ; notre vénération des
personnes âgées, notre sens de l'autorité et du sacré se dissipent dans
l'irrespect, notre estime pour la vie communautaire disparaît dans l'individualisme
; notre esprit d'affabilité, d'hospitalité et d'attention à l'autre
est réduit à néant par la désintégration des traditions de notre vie
sociale et culturelle. Certes, la famille africaine elle-même perd très
rapidement toutes ces valeurs dans lesquelles le Synode africain avait
vu des pierres d 'attente pour l'enrichissement et la compréhension
du mystère de l'Eglise.
UN RESPECT PLUS GRAND POUR LES FEMMES
13. Le grand respect que nous avions pour les femmes a disparu. Certains
hommes ne les regardent plus que comme objets de plaisir. Nous déplorons
également cette évolution honteuse et dégradante, qui est une abomination
culturelle jusqu'ici ignorée en Afrique, et qui conduit aux abus sexuels
contre les enfants. Pire encore, certaines femmes, oubliant toute pudeur,
se sont livrées à la prostitution comme un moyen de survie économique.
Tout ceci va à l'encontre de l'égalité fondamentale et de la complémentarité
entre l'homme et la femme.
LA DESILLUSION
14. Nous nous sommes battus pour l'indépendance, dans l'espoir qu'elle
nous mettrait sur l'orbite de l'abondance, de la sécurité et du bonheur.
La vérité est aujourd'hui que l'Afrique de la post-indépendance est
plus misérable qu'à l'époque coloniale. Les Africains eux-mêmes sont
en partie responsables de cette régression socio-économique. Aux plus
forts moments de l'apartheid, nous nous sommes serré les coudes pour
condamner ce système inhumain. C'est une évolution tragique et un renversement
ironique des choses, de voir que le crime politique, condamné par toute
personne douée de raison, est maintenant remplacé par un crime social
d'une gravité plus grande et plus cruelle. Aujourd'hui, l'Afrique du
Sud arrive en tête des trois premiers pays les plus violents du continent.
LA CULPABILITE DES NATIONS RICHES
15. Cependant, une lourde culpabilité incombe aux anciens maîtres coloniaux
comme aux pays riches et industrialisés. Ils ont fait des Africains
une marchandise et les ont transportés au soi-disant "Nouveau Monde".
La traite négrière, " cet holocauste méconnu ", qui a imprimé une tâche
indélébile sur l'âme de l'Africain, se prolonge, malheureusement aujourd'hui
encore, sous des formes plus subtiles. 16. Nous invitons instamment
les nations riches à contrôler leur commerce des armes avec les nations
africaines. Elles devraient prendre des mesures nécessaires pour arrêter
ce commerce illégal où s'approvisionnent certains Africains habiles
à s'entretuer. L'Organisation Mondiale du Commerce mise en place par
les nations riches sous la pression des multinationales devrait réviser
les lois du commerce mondial en faveur des nations pauvres au lieu de
contribuer à l'enrichissement des multinationales et de leurs partenaires.
17. Les nations riches doivent savoir qu'elles se rendent coupables
d'injustice lorsqu'elles fixent arbitrairement les prix des matières
premières africaines, aux taux qu'elles veulent, sans cesser, au même
moment, d' augmenter les prix de leurs exportations vers l'Afrique.
Elles se rendent aussi souvent coupables de soutenir certaines nations
africaines ou certaines factions contre d'autres dans le seul but d'avoir
accès aux matières premières. Elles devront répondre, devant le Seigneur,
de leur refus de proposer des prix stables et équitables pour nos matières
premières, ce qui rend impossible l'élaboration de budgets réalistes
dans les pays africains producteurs.
18. Le Saint Siège, l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), et d'autres
institutions concernées n'ont cessé d'en appeler aux nations riches
pour qu' elles annulent les dettes énormes qu'elles ont imposées aux
pays africains. Hélas ! Jusqu'à présent, ces demandes sont restées lettre
morte. Il est clair qu'exiger des nations africaines pauvres un service
régulier de ces dettes -qu'éventuellement elles payent- n'est ni charitable,
ni réaliste, ni juste, mais tout à fait immoral. Non seulement les nations
riches devraient annuler les dettes mais
elles devraient aussi consentir des réparations, à la fois pour la dette
et pour les torts qu'elles ont causés à l'Afrique. Les banques des nations
riches hébergent les grosses sommes d'argent de certains responsables
africains corrompus et sans scrupules. Ces nations riches doivent reconnaître
que ces sommes ont été acquises par le vol et qu'en refusant de les
renvoyer à leurs propriétaires légitimes, elles se rendent également
coupables d'un crime de vol, équivalent au sabotage économique et à
l'exploitation commis par les auteurs de ces détournements.
19. L'imposition de programmes d'ajustement structurel sur les pays
africains est, pour ne pas dire plus, une charge lourde, ainsi que l'offre
d'aides assorties de conditions. A ce sujet, nous regrettons
qu'une lettre des Evêques de l'Afrique de l'Ouest anglophone, à la fin
de leur Assemblée Plénière en 1998, et dans laquelle ils demandaient
l'annulation de la dette et l'arrêt de la vente des armes à l'Afrique,
lettre adressée à la Banque Mondiale, au Fonds Monétaire International
(FMI) et à l'Union Européenne (UE), n'ait jamais eu aucun accusé de
réception de la part de ces trois organismes.
20. Nous dénonçons avec force des complicités de nations riches avec
certaines nations africaines qui entraînent la destruction de notre
environnement. Ces nations, qui n'hésitent pas à traduire en justice
des citoyens pour avoir abattu des arbres sans permission dans leurs
propres pays, n'ont aucun scrupule à importer d'énormes quantités de
bois africain de la meilleure essence pour leur propre usage. 21. Les
anciens colonisateurs savent pertinemment que certains conflits internes
qui ensanglantent bon nombre de pays africains proviennent du tracé
arbitraire des frontières héritées des anciennes métropoles.
Dans certains cas, elles ont démembré des groupes ethniques d'un seul
trait de plume. 22. Par ailleurs, nous désapprouvons les expulsions
d'Africains de certaines régions de leurs propres pays ou d'autres pays,
sous prétexte qu'ils y sont étrangers. Nous dénonçons ces actes qui
naissent d'un excès de nationalisme.
LE MAL AUTOUR DE NOUS
23. En dernière analyse, la réalité de la situation en Afrique révèle
qu'il n'y a pas de paix. La maladie est omniprésente, surtout le SIDA.
En effet, selon les statistiques, le continent africain compte un des
plus hauts pourcentages de malades du SIDA dans le monde. C'est là une
situation très grave qui détruit la paix dans les familles et les nations.
Le coût exorbitant du traitement de cette maladie exclut le pauvre et
le condamne à une mort certaine. La pauvreté saute aux yeux et la famine
sévit impitoyablement. L'ignorance est en augmentation. L'éducation
qui, à tous les niveaux, garantit le développement et le progrès, -autres
noms de la paix-, est compromise. Le bilan est lourd !
L'ESPERANCE EN JESUS
24. Cependant, nous ne perdons pas espoir. Le Seigneur a toujours délivré
son peuple de situations semblables, voire pires encore. Jésus est le
Prince de la Paix, le Seigneur de l'Amour. Il nous a réconciliés avec
son Père et les uns avec les autres. Il nous a pardonné nos péchés.
Nous nous en remettons à Lui et nous sommes sûrs de la victoire.
25. En dépit de la crise grave que traverse notre continent, nous devons,
en tout premier lieu, rendre grâce à Dieu pour le courage de tant d'hommes,
de femmes et de jeunes qui restent fidèles à l'appel des Béatitudes.
Dans les situations dramatiques créées par la guerre, les migrations
forcées et la destruction de leurs maisons, les femmes, en particulier,
maintiennent la cohésion de leurs familles et donnent à leurs enfants
des chances pour un meilleur avenir. Ainsi, dans les pires moments d'horreur,
la grâce de Dieu a fait naître des actes de générosité héroïques qui
ont gardé vivante la flamme de l'espérance. Nous avons encore tous en
mémoire le souvenir des efforts persévérants qui ont permis la fin de
l'apartheid et ceux qui ont conduit à une paix appréciable au Mozambique....
"
Le message aborde ensuite le rôle que doivent jouer les diverses
institutions africaines ou internationales : notre mandat comme pasteurs
et prêtres choisis par le Seigneur pour annoncer l'Evangile de
la Paix en Afrique le rôle des religieux et religieuses, des familles
et des jeunes. Puis il lance un appel aux responsables politiques :
APPEL
AUX RESPONSABLES
....32. Le pouvoir vous est
confié pour servir et non pour dominer ou chercher votre intérêt personnel.
Nous vous invitons donc, vous, nos chefs politiques, à ne pas vous laisser
séduire par la cupidité au point d'être injustes envers votre peuple.
Ayez pitié de vos compatriotes ! N'engagez pas de conflits et d'hostilités
fratricides. Faites disparaître toutes les causes structurelles de la
violence, qu'elles soient économiques, politiques ou culturelles. Là
où les conflits surgissent, recherchez la voie de la réconciliation
et renoncez à la vengeance. 33. Nous invitons les gouvernements africains
à promouvoir la culture de l' intégrité. En union avec le Synode africain,
nous leur demandons d'élaborer des politiques économiques appropriées
qui favorisent la croissance et des investissements générateurs de nouveaux
emplois. Ainsi sera réduit le taux galopant du chômage, qui entraîne
souvent dans son sillage la frustration source de criminalité. Il faut
pouvoir mettre un terme à la fuite des cerveaux qui prive les nations
africaines de ressources humaines si nécessaires. Par contre, les intellectuels
et les artistes africains doivent mettre leur compétence à la disposition
de leurs pays et ainsi, les aider ainsi à se développer.
34. Nous demandons avec insistance que les gouvernements africains acceptent
comme un devoir sacré de protéger le patrimoine commun de leurs nations
contre toutes formes de gaspillage et de détournement par des citoyens
indélicats ou par des étrangers peu scrupuleux. Nous prions ardemment
le Seigneur de la Paix, dont la naissance, il y a 2000 ans, a été annoncée
par les Anges aux Bergers avec un chant de paix, qu'Il nous donne, en
Afrique, des saints en politique, hommes et femmes, ainsi que des saints,
chefs d' Etats, qui aiment profondément leurs peuples en faisant passer
le bien commun avant leur profit personnel et qui conduisent leur gouvernement
à donner des salaires équitables aux travailleurs.
35. Nous devons rappeler ici qu'il existe en Afrique des
traditions culturelles de résolution des conflits. Nous les trouvons
dans chaque société où elles sont parfois institutionnalisées ou ritualisées.
En toutes circonstances, les responsables se souviendront qu'étant Africains,
ils doivent échapper à toute manipulation. Il faut qu'ils se rendent
disponibles pour être artisans de paix. Ils remercieront le Seigneur
quand la violence épargne certaines régions. Ils apprendront que la
guerre ne résout aucune dispute, mais qu'elle demeure un mal et ne produit
jamais de vainqueur. Les guerres n'engendrent qu'un surcroît de haine
et le désir de vengeance comme l'a démontré récemment suffisamment l'expérience
tragique du Rwanda et du Burundi. Cet épisode génocidaire, fruit des
pires haines ethniques, et qui a duré plus de 25 ans, n'est qu'une manifestation
du venin qui empoisonne tout le continent africain.
36. Nos chefs politiques doivent travailler à
l'unité de leurs pays. Ce faisant, ils pourront constituer pour
l'avenir une force avec laquelle on devra compter sur la scène internationale.
Mieux encore, cette union leur permettra de tirer profit des ressources
naturelles de leurs pays, de soulager la misère de leurs populations
et de bâtir un avenir meilleur pour leurs enfants. Nous en appelons
aux organisations africaines telles que l' OUA, et aux regroupements
socio-économiques régionaux comme la CEDEAO, le COMESA, la SADCC et
la CEEAC à être plus efficaces dans la promotion de la paix et de la
réconciliation.
38. Sans réserve, nous désavouons
toutes formes d'intolérance religieuse pratiquées surtout par
des fanatiques, militants et fondamentalistes, qui souvent conduisent
à la violence et aux conflits. De plus, nous signalons le danger du
satanisme et des cultes sataniques qui montrent désormais leurs visages
hideux, ça et là en Afrique, et dont les premières cibles sont les croyants
en Dieu.
LE ROLE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
39. Nous lançons un appel à la Communauté internationale pour qu'elle
ne regarde pas en spectatrice les conflits qui ruinent l'Afrique, comme
si elle n'était point concernée. L'ONU et L'OUA ont le devoir d'intervenir
dans les situations de conflits en Afrique et de ne pas s'abriter sous
le manteau de la " non-ingérence dans les affaires internes des Etats
souverains ". Ces organisations doivent se montrer concernées, sortir
de leur indifférence et s'engager avec des approches originales lorsque
c'est nécessaire, ne fût-ce que pour sauvegarder leur crédibilité.
40. Les nations riches ne se replieront pas sur elles-mêmes, elles doivent
plutôt s'ouvrir aux nations du Tiers-monde. Qu'elles sachent que la
différence des chances économiques existant entre le Nord et le Sud
est un scandale. 41. Nous demandons que, suivant l'exemple du Pape Jean
Paul II, pendant sa visite pastorale au Sénégal, en 1992, les anciens
pays esclavagistes demandent pardon à l'Afrique. Les pays où l'esclavage
subsistent doivent prendre des mesures adéquates pour y mettre fin.
De la même manière, les puissances coloniales doivent reconnaître les
méfaits de la colonisation, en dépit de ses aspects positifs et accepter
le devoir de réparation. D'autres pays du Nord ont, à des titres divers,
contribué à la paupérisation de l' Afrique, c'est pourquoi nous recommandons
la mise sur pied d'un programme sous les auspices des Nations Unies
en vue de l'éradication de la pauvreté.
LES EGLISES DE L'HEMISPHERE NORD
42. Nous sommes reconnaissants à nos frères et soeurs des Eglises du
Nord pour leur solidarité et assistance qui contribuent à alléger la
misère et les souffrances dues aux conflits et aux désastres naturels
que vivent leurs frères et soeurs en Afrique. Nous en appelons encore
à elles pour nous aider par des groupes de pression sur leurs gouvernements,
au nom de l'Afrique, afin que cessent l'exploitation et la domination
par les nations riches dont nous avons fait mention plus haut. Néanmoins,
au nom de l'Eglise-Famille de Dieu, nous voulons, une fois de plus,
attirer leur attention sur la situation de leurs frères et soeurs dans
l'hémisphère sud pour que la chaîne de solidarité ne se rompe pas.
NOTRE ROLE
43. Quant à nous, nous sommes conscients que nous devons faire davantage
pour que nos Eglises locales deviennent de meilleurs exemples de justice
conduisant à la paix. Des comportements ethnocentriques sont parfois
visibles à tous les niveaux de l'administration de l'Eglise, y compris
dans les Conférences épiscopales....
45. Nous voudrions avoir une parole plus significative sur le continent
africain. Nous promettons donc, de poursuivre, avec le secours de Jésus,
notre Paix, les efforts que nous ne cessons de déployer pour la promotion
de la dignité humaine en Afrique. Nous faisons promesse de promouvoir
plus de justice au sein de l'Eglise. Nous prenons la résolution d'élever
la voix sur les questions touchant les privations des droits de la personne
humaine. Nous reconnaissons la nécessité d'une collaboration oecuménique
dans la recherche de la paix. Dans certains cas, lorsque cela apparaît
possible, une approche interreligieuse à la résolution des conflits
nous semble nécessaire. "
Le message se termine par un acte de confiance : "Que l'EspritSaint
soit toujours avec vous !"
Pour le texte complet : Agence Fides
Retour
|