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13.10 - Chine : Une bévue et un prétexte.


Pour Mgr Zen Ze-kiun, l'évêque-coadjuteur de Hong Kong, le choix du 1er octobre pour la canonisation des martyrs chinois est une "bévue". Et, chose exceptionnelle, le très officiel organe du Vatican "l'Osservatore romano" publie cette déclaration dans son édition du mercredi 11 octobre, reprenant in-extenso l'article paru à Hong Kong et signé de Mgr Zen Ze-kiun.

Mgr Zen Ze-kiun avait publié, quelques jours plus tôt, un article dans un quotidien de hong King sur cette canonisation. La "bévue" du Saint-Siège, ce fut d'avoir choisi la date du 1er octobre pour cette canonisation, parce que ce jour-là est celui de la fête commémorant la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949.

Cette coïncidence, "non intentionnelle"souligne bien Mgr Zen Ze-kiu, a été utilisée par le gouvernement communiste de Pékin pour dénncer la "provocation" que constituait, à ses yeux, ces canonisations et pour déclencher toute une campagne anti-chrétienne.

Le commentaire de l'Agence Fides qui définissait "la canonisation comme un défi courageux au gouvernement de Pékin" pouvait en effet prêter à une interprétation tendancieuse. "Nous pensions que des batailles de ce genre appartenaient à l'histoire du passé, déclarait Mgr Joseph Zen, qui explique la gravité de l'initiative gouvernementale, par suite de laquelle on enregistre beaucoup de souffrance parmi les chrétiens chinois.

"Tout d'abord, remarque Mgr Zen, il faut préciser que Fides n'est point l'agence officielle mais seulement officieuse du Vatican et ses commentaires ne représentent pas nécessairement le Vatican. Évidemment, même un commentateur officieux doit être responsable. Dans le passé, plus d'une fois je me suis trouvé en désaccord avec son point de vue. Mais cette fois, il a été accusé injustement. L'erreur vient de la traduction chinoise, car le texte original dit: "La canonisation est un défi au courage du gouvernement de Pékin", et le même texte de Fides dit plus loin que "c'est aussi un défi au courage de l'Église". Le commentateur n'entendait absolument pas dire que "le Saint-Siège lançait un défi au gouvernement de Pékin et incitait le peuple contre lui.

Il voulait dire, par contre, "A l'occasion de cette canonisation nous défions le gouvernement de Pékin à avoir le courage de faire quelque chose de nouveau, d'accepter le concept de liberté religieuse telle que l'entendent tous les états civilisés, de croire que les bons fidèles sont également de bons citoyens, de laisser l'Église s'administrer normalement et laisser que les fidèles aient l'opportunité de prendre part à la construction de l'avenir glorieux de la Patrie". Cette fois, conclut Mgr Zen, je peux qu'être d'accord avec le commentateur".

L'évêque de Hong-Kong réfute par ailleurs point par point, les arguments de Pékin. Par exemple celui selon lequel les missionnaires qui ont été canonisés auraient été "complices des impérialistes", c'est-à-dire les colonisateurs occidentaux. "Les impérialistes ont utilisé la mort de certains martyrs comme prétexte pour déclarer la guerre, mais ce ne fut certainement pas le désir de ces martyrs."

Mais Mgr Zen pose une question plus importante :"Pourquoi les autorités gouvernementales ont-elles déclenché cette soudaine tempête ?" Et il apporte cette réponse :"La cible de toute cette campagne est sans doute l'Eglise officielle." Cette Eglise contrôlée par le régime ne reconnaît pas, du moins en principe, l'autorité du Pape. "Depuis quelque temps, écrit l'évêque de Hong-Kong, les évêques et les prêtres de l'Eglise officielle se rapprochent de Rome, les uns après les autres."

..." Le gouvernement chinois doit avoir peur d'en perdre rapidement le contrôle. Une bonne occasion s'est présentée : en décrivant le Saint-Siège comme ennemi de la Chine, le gouvernement peut forcer évêques et prêtres à prendre parti. C'est une manoeuvre diabolique qui fait violence à la conscience des évêques et des prêtres. C'est le genre le plus cruel de persécution."

Les régimes communistes ont expérimenté cette méthode sous le régime soviétique, que ce soit dans l'ancienne URSS, ou dans d'autres républiques populaires. La franchise de l'évêque coadjuteur de Hong-Kong concernant la "bévue" donne d'autant plus de poids au reste de son article, paru rappelons-le, dans un quotidien de Hong-Kong.

Pour plus d'informations : Diocèse de Hong-Kong.

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