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27.10 - Pie XII et les événements de la Shoah.


Dans son édition du 26 octobre, le journal "Le Monde"sous la signature de son informateur religieux Henri Tincq, annonce un rapport "accablant" d'historiens juifs et catholiques sur l'attitude de l'Eglise pendant la Shoah. Les membres de la Commission internationale d'historiens juifs et catholiques, instituée il y a tout juste un an par le Vatican, sont plus nuancés.

Les six historiens, trois juifs et trois catholiques viennent effet de remettre leur rapport au cardinal Cassidy, président du Conseil pontifical pour le dialogue avec le judaïsme. "Le Vatican et l'Holocauste: un rapport préliminaire", document d'une vingtaine de pages. Peu satisfaits de l'attitude du Vatican, ils se disent surpris de la "faiblesse du travail" historique effectué par les jésuites.

Cette équipe d'historiens avait été chargée, le 19 octobre 1999, de passer à la loupe les "Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la seconde guerre mondiale", à savoir les onze volumes de l'édition anglaise de ces documents (douze volumes dans l'édition française), publiés par quatre historiens jésuites de 1965 à 1981 à la demande du pape Paul VI et censés représenter l'intégralité des archives du Vatican sur le sujet.

A la suite d'une session du Comité international de liaison entre juifs et catholiques tenue au Vatican du 23 au 26 mars 1998, et au lendemain de la publication du document du Saint-Siège intitulé "Nous nous souvenons: une réflexion sur la Shoah" (16 mars 1998), le cardinal Cassidy, soucieux d'affermir les relations entre juifs et catholiques, avait suggéré qu'une équipe mixte d'historiens catholiques et juifs soit mise en place pour examiner les volumes publiés par les historiens catholiques pour y relever les points qui exigeraient des recherches supplémentaires.

Le document, qui a été publié le jeudi 26 octobre, rapporte quarante faits, qui sont autant de questions précises et détaillées, demandant des consultations ultérieures dans les archives du Vatican, car beaucoup des documents repris par les Pères jésuites sont susceptibles d'interprétations divergentes.

Il est vrai que la seule classification des archives, puis leur consultation comparative, demandent plus de temps qu'on puisse le souhaiter. "Ce n'est pas que nous considérions que le Saint-Siège a voulu cacher des documents, souligne le P. Fogarty de l'Université de Virginie, rejoint par le professeur Michel Marrus de Toronto, historien juif, qui reconnaît "les difficultés auxquelles il a dû faire face, difficultés du travail des historiens qui se penchent sur cette question."

Par exemple, alors que Pie XII a été interpellé sur la "nuit de cristal" (9 novembre 1938), notamment par un rapport détaillé du nonce en Allemagne, "les archives du Vatican révèlent-elles des discussions parmi les responsables sur la réaction la plus appropriée à opposer à ce "progrom" ?" Les recherches au travers du très grand nombre de documents qui ne sont pas tous encore classés, rencontrent en effet beaucoup de difficultés.

Le professeur Bernard Suchecky, de Bruxelles et hisorien juif, précise ainsi la demande des six historiens, chargés par le cardinal Cassidy de poursuivre les travaux commencés :"Notre jugement ne vise qu'à demander un supplément de documents, à supposer qu'ils existent, pour nuancer au maximum les conclusions qui peuvent être tirées sur cette période. Je ne crois pas en effet que nous puissions découvrir des révélations bouleversantes ou des secrets compromettants."

Pour plus d'informations : Commission Pontificale pour les rapports avec le Judaïsme.

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