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21.11 - Sénégal : Une possible dérive religieuse.


Le projet de modifier la Constitution en supprimant l'article qui proclame le caractère neutre de l'Etat vis-à-vis des religions,a suscité une forte mobilisation au Sénégal. "Ce serait la voie ouverte à une dérive religieuse du pouvoir", lancent les adversaires de la suppression de cet article de la Constitution .

Depuis plusieurs jours, juristes spécialisés en droit constitutionnel, membres de la société civile, hommes politiques, diplomates, organisations de défense des droits de l'homme et simples citoyens se sont élevés contre ce projet, estimant qu'elle ouvrirait la voie à une dérive religieuse.

Le quotidien indépendant "l'Info 7" a estimé, dans un commentaire sur "la laïcité, cette âme de la Constitution", qu'ôter ce concept de la charte nationale pourrait conduire, à terme, la "République à tomber entre les mains de religieux à la recherche du pouvoir républicain". Or les fondamentalistes musulmans font pression pour que ce pays à 96% musulman abandonne son caractère laïc.

Après l'élection, le 19 mars dernier, d'Abdoulaye Wade comme nouveau président de la République, le pays veut se doter d'une nouvelle Constitution. Elle sera soumise au peuple, lors d'un référendum constitutionnel fixé au 7 janvier 2001. La commission technique chargée de la rédiger n'a pas jugé utile de maintenir le mot "laïc" dans le premier article de la nouvelle loi fondamentale. "La République du Sénégal, écrit la commission, est une démocratie politique, économique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans discrimination d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances".

Jusqu'à maintenant l'Eglise catholique est restée discrète dans ce débat. Seul chef chrétien d'un parti politique au Sénégal, Jean Paul Diaz a regretté cette suppression. "Si ce projet de nouvelle Constitution était maintenu en l'état, personne ne le voterait". A ses yeux "la laïcité est le ciment de l'unité nationale sénégalaise". Alioune Tine, secrétaire général de la RADDHO (Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme), une organisation de défense des droits de l'homme influente en Afrique, a déclaré, en des termes très critiques que la suppression du mot "laïc", un garde-fou, serait une "régression" pour le pays.

Face à toutes les critiques, le président Abdoulaye Wade est revenu en arrière. Dans une nouvelle version, l'article premier publié samedi 18 novembre, précise que le Sénégal est une République de "démocratie politique, économique et sociale. Elle est laïque (...) et assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans discrimination d'origine, de race, de sexe, de religion".

Pour plus d'informations : Agence Kipa

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