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15.01 - Espagne : Face au terrorisme basque.

Même si la portée de la médiation de l'Eglise au Pays Basque espagnol, est limitée, les interventions de l'Eglise ont un impact symbolique qui dépasse largement le poids réel de l'institution dans une société urbaine et déjà fortement sécularisée.

L'évêque de San Sebastian, Mgr Juan Maria Uriarte Golricelaya, n'hésite pas à dire que l'horizon est sombre."Le dialogue est nécessaire entre tous les partis pour parvenir à un consensus de base qui pourrait placer sur la voie de la solution un conflit ancien et passionné. Le désespoir provient précisément de l'absence de signes en ce sens." écrivait-il dans sa lettre de l'Avent, en décembre dernier.

Xabier Itçaina, de l'Université de Pau, fait remarquer qu'au moment du passage à un régime démocratique et autonomique, à la fin du franquisme, l'Eglise s'est efforcée de ne pas adopter de position partisane sur une scène politique désormais autonome, où sont apparues et mises en place les spécificités de la Catalogne, de la Galice, du Pays Basque.

Mais le grand changement vient sans doute de la sécularisation rapide de la société basque, en particulier. Si elle n'a pas fait disparaître l'influence de l'Eglise dans la société, elle a certainement fait reculer la parole d'autorité émanant de l'institution.

Le clergé reste lui-même divisé. Il souhaite la paix et la concorde civile. Mais il est comme toute la population, marqué par certains clivages sur la question nationaliste. Sur cette thématique sensible, l'Eglise ne peut pas s'imposer comme si elle était un acteur collectif parlant d'une seule voix. Cependant l'appel aux personnalités épiscopales et l'impact médiatique de chaque intervention de l'Eglise restent le signe du poids réel qu'elle a conservé dans cette société où la situation politique basque n'est pas normalisée.

La preuve en a été faite le samedi 13 janvier. L'Eglise catholique au Pays Basque, qui s'est engagée contre la violence, a réussi son pari. Elle a mobilisé samedi près de 50.000 personnes pour une impressionnante "prière pour la paix". Le "lehendakari" Juan José Ibarretxe, chef de l'exécutif autonome basque, a participé à la manifestation près de la basilique d'Armentia, non loin de Vitoria, capitale administrative basque. Participant "à titre privé", il était accompagné de conseillers de son gouvernement et de dirigeants du parti nationaliste basque modéré PNV.

Cette prière collective contre les actes terroristes perpétrés par l'organisation séparatiste basque ETA fait suite à une longue mobilisation de la société civile contre la violence.

Pour plus d'informations : Conférence des évêques d'Espagne





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