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25.02 - France : Un évêque devant les tribunaux.

Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux-Lisieux, en Normandie vient d'être envoyé devant le tribunal correctionnel "pour non-dénonciation d'atteintes sexuelles et de mauvais traitements sur mineurs de 15 ans."

Supérieur hiérarchique de l'abbé Bissey, qui vient d'être condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle en octobre pour des actes de pédophilie, Mgr Pican est mis en cause par quatre familles des victimes de l'abbé Bissey. Elles estiment qu'en tant que supérieur hiérarchique, il connaissait les agissements du prêtre et n'a jamais cherché à les faire cesser. "L'évêque est coupable d'avoir couvert des faits dont il avait connaissance", estime l'avocat de la partie civile.

Selon Maître Thierry Massis, l'avocat de Mgr Pican :"Depuis le premier entretien entre Mgr Pican et l'abbé Bissey, ce dernier n'a plus commis d'actes de pédophiles... L'évêque n'est pas resté passif et a pris un certain nombre de mesures." Cependant, après une retraite de plusieurs mois, l'abbé Bissey avait été nommé dans une paroisse.

En s'appuyant sur une jurispriudence remontant à 1891, l'avocat de l'évêque met également en avant le respect d'un secret professionnel à propos des confidences que l'évêque a reçues : "Quand un évêque reçoit une confidence dans le cadre de son ministère, il est pris dans la contradiction entre la loi qui protège le secret professionnel et celle qui demande de dénoncer des faits criminels."

Tout en évoquant les liens particuliers existant entre un prêtre et son évêque "une relation de confiance, d'engagements communs au service de l'évangélisation, pour tout dire un lien de nature filiale", le texte du renvoi en correctionnelle estime "qu'à aucun moment la situation des victimes n'a été prise en compte. Seul le devenir du père Bissey était au centre des préoccupations du père Pican... Il a préféré donner du temps au temps, ne pas appréhender la réalité pour ne pas avoir à y faire face et a uniquement agi pour prévenir un scandale."

Et là commence la difficulté. Un arrêt de la Cour de cassation française, en 1891, stipule qu'il "n'y a pas lieu de distinguer au pénal si le ministre du culte a eu connaissance des faits par la voie de la confession oiu en dehors de ce sacrement." Désormais le "principe de précaution" devient un impératif catégorique en France, et c'est pour l'avoir méconnu que Mgr Pican est renvoyé devant les juges.

Le tribunal de Caen n'aura donc pas à juger seulement un homme et son secret, mais aussi à décider d'une évolution dans la jurisprudence, tant la pédophilie pèse lourdement désormais sur l'opinion. Les évêques de France l'ont indiqué avec netteté lors de leur Assemblée plénière, en novembre :"L'évêque ne peut ni ne veut rester passif, ni encore moions couvrir des actes délictueux... Les prêtres qui se sont rendus coupables d'actes à caractère pédophile doivent répondre de ces actes devant la justice."

Le porte-parole de l'épiscopat, le P. Stanislas Lalanne avait ainsi commenté cette situation en novembre 2000 : "Quand un évêque reçoit une confidence dans le cadre de son ministère, il est pris dans la contradiction entre la loi qui protège le secret professionnel et celle qui demande de dénoncer des faits criminels... Le critère de décision, c'est sa consciencei. En tout état de cause, ce n'est pas une raison pour rester passif. On est appelé à renvoyer la personne devant ses responsabilités, à se dénoncer".

Pour plus d'informations : Conférence des évêques de France

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