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22.03 - Cameroun : De tragiques disparitions.

L'Action des Chrétiens contre la Torture, l'ACAT, rappelle que l'enlèvement et l'exécution sommaire de neuf jeunes, passés par les armes sans jugement, ainsi que le silence des autorités civiles sur ce fait, constituent une violation flagrante de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.

Le commandement opérationnel, une force gouvernementale composée de militaires, gendarmes et policiers, mise sur pied pour combattre la grande criminalité à Douala, multiplie les exactions. Récemment, elle a enlevé neuf jeunes garçons dans un quartier populaire de Douala, au petit matin du 23 janvier 2001.

Après leur arrestation, ils ont été conduits au quartier administratif Bonanjo, où se trouve le siège de la légion de gendarmerie du Littoral, puis au très sinistre Commandement Opérationnel situé à la deuxième région militaire, toujours au quartier Bonanjo, d'où ils n'en sont jamais revenus.

Détenus dans un lieu sinistre, appelé "Kosovo'', le couloir de la mort, ils ont été accusés, à tort, du vol d'une bouteille de gaz. En lieu et place des interrogatoires, ils n'ont eu droit qu'à des bastonnades et ont subi la torture. Les demandes des parents pour rencontrer leurs enfants se sont d'abord buttées au refus des geôliers. Finalement, elles apprennent que les jeunes gens ont été exécutés près d'Edéa (petite localité située à plus de 60 km de Douala), dans un endroit inaccessible, parce que hautement gardé par les militaires.

Les familles des victimes ont décidé de ne pas laisser tomber l'affaire. C'est ainsi qu'elles ont porté plainte contre le capitaine Jean-Jacques Aba, au tribunal militaire de Douala. L'Eglise catholique à travers le Cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, crie au scandale et interpelle le président du Cameroun, Paul Biya, qui a mis sur pied cette force pour combattre la grande criminalité. Dans les milieux militaires, on parle de "bandits de grand chemin" qui ont été arrêtés et passés aux armes pour ne plus nuire à la sécurité des populations.

Depuis Londres, Amnesty International somme le gouvernement camerounais de clarifier la situation des neuf disparus de Bépanda. L'ACAT affirme de sources diverses et concordantes provenant des services de sécurité à Douala, que les neuf jeunes gens ont été extraits du "Kosovo" au titre du dossier "affaire Souki-bouteille de gaz contre la bande de neuf" avec 41 autres personnes, puis déshabillés et ligotés avant d'être transportés à leur lieu d'exécution où ils auraient été froidement exécutés et leurs corps incinérés avec de l'acide.

Pour plus d'informations : A.C.A.T.

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