25.06 - L'espérance chrétienne
devant les nationalismes.
Il
existe un nationalisme pan-russe , qui a ses points forts dans la Grande
Russie de Moscou, dans la Petite Russie de Kiev, et dans la Russie Blanche
de Minsk. Il existe aussi un nationalisme ukrainien, qui identifie l'Ukraine,
en particulier l'Ukraine occidentale, plus avec l'Europe qu'avec les
frères orientaux.
Pour
l'agence vaticane Fides, le
P. Caprio, prêtre à Vladimir, analyse cette donnée
sous-jacente à certaines prises de positions et les concséquences
qui peuvent en découler.
Ces dix dernières années, les Pays russes issus de l'Union soviétique
se sont débattus dans une profonde crise idéologique, politique et économique.
En Ukraine précisément, on a vu se condenser toutes les questions ouvertes,
avec des suites longues et pesantes d'un drame historique fait de divisions
et d'oppositions.
Les deux nationalismes ne reposent pas sur opposition ethnique : Ukrainiens
et Russes font en effet partie d'un même peuple. La visite du pape en
Ukraine est en train de déchaîner les deux nationalismes. C'est pourquoi
les commentateurs russes les plus opposés à la visite du Pape Jean Paul
II, soulignent la participation, dans la délégation pontificale, de
M. Zbigniew Brzerzinsky, l'ancien Conseil d'Etat américain d'origine
polonaise. M. Brzerzinsky est parmi les protagonistes de l'écroulement
de l'empire russo-soviétique, et depuis toujours, partisan de la division
entre Russes et ukrainiens, comme objectif stratégique de la politique
de l'Occident.
En ce sens, les nationalistes pan-slaves voient le voyage du Pape comme
une nouvelle démonstration d'une convergence entre " les buts politiques
du Vatican " et ceux du grand adversaire que sont les Etats-Unis. L'écrasante
majorité de la population est plus tranquille et assez éloignée des
interprétations politiques malicieuses ou dramatiques de ces événements.
Mais il y a aussi une raison ecclésiastique, qui est la conséquence
de la longue histoire des divisions chrétiennes. L'Eglise russe est
la plus " jeune " des Eglises " anciennes ", et ne peut imposer son
propre modèle qu'en déclarant que toutes les Eglises plus anciennes
ont été " détournées " par l'hérésie. Dans ce sens, la rencontre d'hier
au " Centre National de Philharmonie de Kiev " représentait une occasion
à ne pas perdre : marquer sa propre séparation vis-à-vis des hiérarques
chrétiens de Rome, de Constantinople et de Kiev, et pouvoir se dresser,
aux yeux de ses propres fidèles, comme l'unique Eglise non corrompue.
La "troisième Rome" qui se prétend au-dessus
de la "deuxième Rome" (Constantinople) et de la "première
Rome" n'aurait-elle pas perdu à être absente...
L'Ukraine, sans renier ses racines, veut aussi son indépendance
et dans tous les domaines. L'Eglise orthodoxe est l'un d'eux. La population
ukrainienne, marquée par la crise économique et par l'effondrement moral,
ne parvient pas même à se retrouver au milieu des différentes théologies,
juridictions ecclésiastiques, des Patriarches, Cardinaux, Métropolites,
qu'ils appartiennent ou non à Moscou, à Rome, à Constantinople ou à
Kiev. Tous ces sièges ont en effet leur propre représentant dans le
Pays.
Les orthodoxes russes, pour défendre leurs raisons, et pour se défendre
du contact avec le Pape de Rome, se servent d'un vaste assortiment d'arguments
théologiques : de " l'autocéphalisme " et de l'uniatisme ", tous deux
refusés, au " patriarcalisme " et au panslavisme ", doctrines positives.
Mais ces élucubrations risquent d'oublier le " christianisme " simple
et pur.
La force de Jean Paul II , la seule, est de mettre tout le monde, gouvernants,
hiérarchie religieuse et gens du peuples face à une réalité simple et
puissante : il n'est possible de se rencontrer qu'au nom de l'Evangile,
en apportant une espérance immaculée à tous ceux qui, à l'Est comme
à l'Ouest, cherchent à construire un monde meilleur, un monde ouvert
pour accueillir l'imprévisible nouveauté de la Miséricorde divine.
Pour plus d'informations : Agence Fides.
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